Les amoureux de la danse pourront renouer avec une pièce mythique, Cantata, un hommage exubérant à l’Italie du Sud, dans le programme mixte que présentent Les Grands Ballets canadiens cette semaine. Mais ils pourront aussi faire connaissance avec les œuvres de jeunes chorégraphes, et notamment d’Étienne Delorme, qui en est à sa première chorégraphie pour une grande compagnie de ballet.

« Je ne veux pas sonner quétaine ou cheesy, mais c’est quand même un rêve qui se réalise », déclare le jeune homme, fébrile, à quelques jours de la première.

C’est après avoir vu deux solos chorégraphiés par Étienne Delorme, dans le cadre d’un atelier chorégraphique des Grands Ballets canadiens, que le directeur artistique de l’institution, Ivan Cavallari, lui a demandé s’il voulait monter un ballet pour la compagnie.

« J’étais sous le choc, j’ai passé beaucoup de temps à penser à ce que je voulais faire, raconte Étienne Delorme. J’ai changé d’idée de pièce à trois ou quatre reprises. »

C’est ce stress, cette pression, ce désir de performer qui a finalement inspiré sa pièce, Podium. Le chorégraphe établit notamment un parallèle entre la course contre la montre, le désir de réussir et la course automobile.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Étienne Delorme

Je voulais parler de la course vers nos objectifs. C’était vraiment à propos de l’ambition, de l’ego, des objectifs professionnels. Mais avec les répétitions, je trouve que la pièce a évolué. Ça s’est développé vers la nécessité de laisser aller.

Le chorégraphe Étienne Delorme, à propos de Podium

Natif d’Ottawa, Étienne Delorme a commencé à danser vers l’âge de 8 ans. À 10 ou 11 ans, il s’amusait à créer de petites chorégraphies dans le sous-sol de la maison familiale. C’est un stage de trois semaines avec les Ballets Jazz de Montréal, à l’âge de 16 ans, qui l’a incité à devenir danseur professionnel. Il a étudié à l’École supérieure de Ballet du Québec avant de devenir danseur pigiste, puis de se joindre à une compagnie allemande, le Mainfranken Theater de Würzburg.

« C’était très loin du ballet classique, c’était davantage de la danse-théâtre, se rappelle-t-il. Étant quelqu’un de très introverti, très basé sur le mouvement, ça m’a poussé hors de ma zone de confort, à utiliser ma voix, à faire du acting. C’était très enrichissant. »

Un nouveau défi

Étienne Delorme a rejoint Les Grands Ballets canadiens en tant que danseur du corps de ballet en 2019. « Ça me permettait de revenir à la maison, d’être près de ma famille. »

Il avait toutefois un grand désir de créer et il a trouvé l’atelier chorégraphique des Grands Ballets particulièrement enrichissant.

« Apprendre du répertoire, c’est vraiment intéressant, mais ça fait du bien d’avoir nous-même le contrôle, de faire ce qu’on aime, d’exprimer nos voix uniques. »

Podium est une pièce contemporaine, mais sur pointes.

« J’avais envie de me lancer un nouveau défi. Je suis habitué à créer des morceaux plus contemporains, pieds nus ou en chaussettes, de faire du travail au sol. Mais je trouve que le talent aux Grands Ballets demeure la technique classique, le travail de pointe, les danseuses sont archifortes là-dedans », confie-t-il.

J’étais intéressé de voir si je pouvais combiner mon style de mouvement personnel avec le travail technique [des Grands Ballets].

Le chorégraphe Étienne Delorme, à propos de Podium

Podium ouvrira le programme. Elle sera suivie de In Honour of, de Bridget Breiner, une courte pièce inspirée de la musique de Georgs Pelecis en hommage à Henry Purcell, puis de Nebe, une création de Jérémy Galdeano et Vera Kvarcakova, deux anciens danseurs des Grands Ballets.

PHOTO FOURNIE PAR LES GRANDS BALLETS CANADIENS

Emma Garau dans In Honour Of, une chorégraphie de Bridget Breiner

On nous promet « un voyage céleste sur une musique aux sons délicats ».

Cantata pour la fin

Le programme se terminera avec Cantata. La pièce de Mauro Bigonzetti fait notamment appel à une musique traditionnelle du sud de l’Italie, avec des chanteuses qui évoluent sur scène avec tambours, tambourins et accordéon diatonique.

« Je savais que c’était une pièce extrêmement lousse, nu-pieds, humaine, raw, raconte Étienne Delorme. J’ai regardé comment insérer dans le programme quelque chose qui déclenche un peu une progression vers Cantata. J’ai l’impression d’avoir peut-être la pièce la plus rigide et d’une pièce à l’autre, je trouve que ça devient de plus en plus lousse dans la progression du programme, tout en restant dans quelque chose de contemporain. »

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Angel Vizcaino dans Cantata, de Mauro Bigonzetti

Étienne Delorme aura l’occasion de danser dans Cantata.

« Je vais présenter Podium en premier, puis pendant l’entracte, je vais me préparer pour faire de la danse dans le relâchement. Je pense que ça va faire du bien, ça va défouler après tout ça. »

Du 14 au 16 mars 2024 au théâtre Maisonneuve de la Place des Arts

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