La prestigieuse troupe australienne Gravity & Other Myths est de retour à Montréal pour la quatrième fois, traînant dans ses bagages une poésie du corps et une maîtrise acrobatique comme il s’en fait peu.

La preuve en est faite une fois encore avec le spectacle The Mirror, ballet circassien résolument contemporain présenté à la Tohu. Huit acrobates joignent leurs efforts à ceux d’une envoûtante et sensuelle chanteuse (Megan Drury) qui occupe une place centrale dans la proposition du metteur en scène Darcy Grant.

Sur une scène souvent plongée dans la pénombre, les artistes multiplient les figures acrobatiques, les numéros dansés et les postures d’équilibre dans une chorégraphie minutieusement rodée.

Ici, le public ne s’extasie pas tant devant l’extrême dangerosité des figures. Il se rassasie de beauté tout en admirant la précision des gestes. Ce qui ailleurs suinterait l’effort semble ici d’une étonnante facilité. C’est à peine si les corps tremblent lorsqu’ils s’empilent les uns sur les autres pour former des tours humaines solides et droites comme un i.

Ces prouesses physiques se déploient dans un environnement très sobre dominé par les lumières DEL, les projections en direct et les néons. Une façon de critiquer, dit-on, l’omniprésence des caméras, des égoportraits et des écrans dans nos vies… Un propos (pas très original, disons-le) qui aurait mérité d’être mieux creusé.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

La chanteuse Megan Drury vient ajouter une touche de sensualité à l’ensemble.

Au micro, la chanteuse use de sa voix chaude pour enfiler des extraits de chansons populaires savamment déconstruites. On reconnaît les mots de Michael Jackson, Queen, Bill Withers ou David Bowie lancés à la ronde sans qu’on puisse identifier le fil rouge qui les tient ensemble. Un exercice hypnotisant, mais qui finit par perdre de son effet de surprise.

C’est d’ailleurs là un des problèmes de The Mirror. La proposition tourne un peu en rond.

Les formes acrobatiques se répètent, les rideaux se ferment et s’ouvrent inlassablement, les acrobates font et défont les mêmes gestes dans des tableaux qui se démultiplient à l’infini et qui s’étirent souvent indûment. Un peu comme si on regardait le spectacle par la lorgnette d’un kaléidoscope… Ça bouge dans tous les coins et c’est fort joli, mais à la fin, rien ne retient véritablement notre attention.

Résultat : après 80 minutes de spectacle, on ressort de la TOHU admiratif devant le ballet maîtrisé auquel on vient d’assister. Mais sans avoir eu le cœur chaviré.

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The Mirror

The Mirror

Par la compagne Gravity & Other Myths

La Tohu, Jusqu’au 3 mars

6,5/10