La conceptrice et directrice de création Geneviève Dupéré, collaboratrice de longue date de la compagnie Finzi Pasca, a convié les Montréalais au parc du Fort de Pointe-aux-Trembles jeudi soir pour leur présenter l’extrait d’un spectacle à venir centré sur le fleuve. Raconté au moyen d’un appareil acrobatique maritime qu’elle a conçu.

L’immense structure circulaire éclairée par des feux, d’abord déposée à plat dans l’herbe, est hissée à la verticale par une grue, à quelques mètres du fleuve. Dans son centre, on reconnaît une roue allemande – une roue à deux anneaux – fixée au reste de la structure qui pèse plus de 680 kg !

Deux artistes de cirque grimpent à l’intérieur de la structure en forme de O, qui se remet à plat et qui s’envole au son des vagues, des mouettes et des klaxons de bateaux. À quelque 60 pieds dans les airs, ils feront plusieurs figures acrobatiques, que ce soit au moyen de cordes, de sangles ou même d’un trapèze.

Au cours de leur prestation d’une quinzaine de minutes, on entendra le témoignage de pêcheurs, des extraits de communications de la Garde côtière canadienne, ou encore la voix d’un pilote du Montréal Express, qui transporte… la roue allemande (au cœur de la structure) vers le port de Montréal !

Au total, la conceptrice a enregistré 30 000 heures de bruits maritimes, de voix et de témoignages.

Ce projet artistique inhabituel, réalisé à titre de chercheuse, Geneviève Dupéré y travaille depuis cinq ans, motivée par sa passion pour la beauté et la complexité du fleuve, qu’elle a sillonné de long en large au cours des dernières années. À bord de navires marchands, de recherche, de pêche, de remorques, mais aussi de barques et de barges.

L’appareil acrobatique maritime en question, construit au chantier naval du Groupe Océan à Rimouski, a été conçu parallèlement à ses voyages et à ses rencontres.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Geneviève Dupéré

L’anneau représente un appareil scientifique qu’on appelle une rosette, qui est un carrousel de bouteilles dont on se sert pour échantillonner l’eau du Saint-Laurent, mais il évoque aussi une hélice de navire, une roue de commandant, un caisson de décompression en plongée, un laboratoire scientifique, une cage à crabe des neiges…

Geneviève Dupéré, conceptrice

Les manœuvres acrobatiques maritimes réalisées par les deux artistes de cirque sont très semblables à ce que font les équipages sur un pont de navire, nous dit encore l’artiste-chercheuse. « On déploie des instruments scientifiques, on envoie des gens à l’extérieur des coques, on fait le gréage, on descend dans de petites salles de machines, on grimpe sur une échelle, c’est ça qu’on reproduit. »

Du cirque documentaire

Le spectacle complet, qui sera présenté au parc du Fort de Pointe-aux-Trembles l’an prochain, racontera l’histoire du fleuve en plusieurs chapitres : le pilotage des navires, la pêche au crabe, la pêche à la crevette, le cycle de l’eau dans nos villes, etc. On pourrait presque parler de cirque documentaire. Il fera ensuite une tournée des villes côtières du Québec.

L’appareil est vraiment un prétexte pour parler du fleuve. Pour raconter aux gens l’omniprésence de cet écosystème dans nos vies.

Geneviève Dupéré, conceptrice

Le projet scientifique de Geneviève Dupéré et de son équipage, comme elle l’appelle, a été financé par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada et par le Conseil des arts du Canada à travers son fonds d’innovation sociale. « Je n’ai pas conçu un appareil de cirque, insiste-t-elle, mais un appareil acrobatique maritime qui nous permet de rejoindre les gens en passant du fleuve à la scène. »

Une scène aérienne qui se déplace librement dans les airs grâce aux manœuvres d’un grutier, qui tire l’appareil dans tous les sens et même jusqu’au-dessus du fleuve.

  • L’immense structure circulaire éclairée par des feux, d’abord déposée à plat dans l’herbe, est hissée à la verticale par une grue, à quelques mètres du fleuve.

    PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

    L’immense structure circulaire éclairée par des feux, d’abord déposée à plat dans l’herbe, est hissée à la verticale par une grue, à quelques mètres du fleuve.

  • Dans son centre, on reconnaît une roue allemande – une roue à deux anneaux – fixée au reste de la structure qui pèse plus de 680 kg !

    PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

    Dans son centre, on reconnaît une roue allemande – une roue à deux anneaux – fixée au reste de la structure qui pèse plus de 680 kg !

  • Deux artistes de cirque grimpent à l’intérieur de la structure en forme de O, qui se remet à plat et qui s’envole au son des vagues, des mouettes et des klaxons de bateaux.

    PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

    Deux artistes de cirque grimpent à l’intérieur de la structure en forme de O, qui se remet à plat et qui s’envole au son des vagues, des mouettes et des klaxons de bateaux.

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Geneviève Dupéré, qui est chercheuse au centre de recherche de l’École nationale de cirque de Montréal, s’était immergée pour la première fois dans l’univers maritime dans la création Avudo, mise en scène par Daniele Finzi Pasca. Un spectacle multimédia créé en 2017, qui racontait l’histoire de Montréal à travers son fleuve.

Ce projet, dont elle était responsable du contenu historique et artistique, a confirmé sa passion pour le fleuve.

« C’est sûr qu’avec ce projet, j’ai passé trois ans à étudier le Saint-Laurent historique. Ça m’a donné envie d’approfondir le sujet, nous dit-elle. Il y a tellement de connaissances et de savoir-faire sur l’eau que je veux transmettre. On parle d’environ 300 collaborateurs au projet écH2osystème. Des gens qui m’aident à mettre en valeur la démesure du Saint-Laurent. »

Ce projet au confluent des arts et de la science, Geneviève Dupéré l’envisage vraiment du point de vue du Saint-Laurent. « C’est un spectacle écrit et mis en scène par le fleuve », conclut-elle.