Le Cirque du Soleil a rendu un vibrant hommage à Guy Lafleur dans le cadre de sa série estivale inaugurée à l’amphithéâtre Cogeco de Trois-Rivières mercredi soir. Une pièce acrobatique qui retrace les grands moments de la carrière du célèbre numéro 10.

Avec son organiste perché sur une plateforme, ces immenses bâtons de hockey illuminés placés de part et d’autre de la scène, l’apparition de plates-bandes et d’un tableau de pointage suspendu au plafond, on se serait cru dans l’ancien Forum de Montréal.

Le spectacle a d’ailleurs commencé avec le jingle de La soirée du hockey, interprété à l’orgue. Les artistes de cirque faisant leur entrée sur scène avec des patins à roues alignées.

Quand le metteur en scène Fernand Rainville disait vouloir recréer « l’ambiance d’un match et l’énergie du jeu », il ne rigolait pas. C’est exactement ce que Guy ! Guy ! Guy ! fait, tout en titillant le sentiment de nostalgie des spectateurs ayant suivi les matchs du Canadien à l’époque où ils gagnaient…

PHOTO OLIVIER CROTEAU, LE NOUVELLISTE

C’est à travers le regard d’un petit garçon qui joue au hockey que les grands moments de la carrière de Guy Lafleur sont dévoilés.

Pendant un peu plus de 90 minutes, le Cirque a retracé les grands moments de la carrière de Guy Lafleur, avec plusieurs extraits audio et vidéo en appui, qui nous ont notamment permis de revoir plusieurs très beaux buts du démon blond. Des citations de proches sont également projetées sur un écran.

Les performances des artistes de cirque font écho à celles du célèbre hockeyeur, mais Lafleur reste LA vedette du spectacle. C’est comme s’ils avaient eu le souci de ne pas éclipser les prouesses de notre Guy. Mis à part trois ou quatre numéros, toute l’attention est mise sur The Flower.

C’est à travers les yeux d’un petit garçon qui joue lui-même au hockey que l’on découvre — ou redécouvre — l’homme et l’hockeyeur originaire de Thurso. Ses années à Montréal, mais aussi à New York et Québec.

Disons-le franchement, il y avait un risque énorme dans la conception de ce spectacle-hommage. Risque de flagornerie et de débordement de bons sentiments envers une de nos plus grandes vedettes sportives. Risque aussi de tomber dans le gnangnan du petit garçon qui rêve d’être comme son idole…

Or, l’équipe de création parvient à éviter ces deux pièges. D’abord, la présence du garçon est plutôt discrète, et sert de prétexte à la découverte des pans de la vie de Lafleur — que les plus jeunes ne connaissent pas. Et puis même s’il y a beaucoup de bons sentiments vis-à-vis du joueur-vedette, l'incursion dans la vie de Lafleur est faite avec goût et même par moments avec humour.

Parlons quand même un peu de cirque... Il y a, comme nous le mentionnions plus tôt, beaucoup de figuration dans Guy! Guy! Guy! question de laisser toute la place au joueur étoile.

PHOTO OLIVIER CROTEAU, LE NOUVELLISTE

Le numéro de tissu aérien avec un filet de gardien a été un moment fort du spectacle.

N'empêche, le Cirque a marqué des points avec son numéro à quatre aux anneaux chinois, où les artistes multiplient les figures acrobatiques. Autres moments forts : les acrobaties sur patins avec trois rampes placées à l'avant-scène. Mais aussi un numéro de tissu aérien (avec un filet de gardien), sur la pièce That's Life, interprétée par France Castel, après l'annonce de la retraite du numéro 10 du Canadien.

Enfin, on a eu droit à un beau moment de grâce —et des éclairages orangés magnifiques (signés Yves Aucoin) — avec ce numéro d'équilibre, qui faisait un lien avec les poèmes que Lafleur écrivait dans sa chambre d'hôtel. Voilà quelque chose qu'on ne savait pas... Tout cela sur une pièce composée par Philippe Brault.

Le musicien, arrangeur et directeur musical du spectacle a d'ailleurs composé plusieurs autres pièces, tout en puisant dans le répertoire des années 1970 et 1980 pour rythmer les différents tableaux de Guy! Guy! Guy! On a ainsi pu entendre Wow, d'André Gagnon, Aimes-tu la vie? de Boule Noire, Je suis cool, de Gilles Valiquette ou encore J'voulais pas y aller de Robert Charlebois.

Un mot sur le comédien de la soirée, Sébastien Tardif, qui a animé la soirée avec beaucoup d'humour. D'abord en repêchant un spectateur prénommé Guy, dont il s'est gentiment payé la tête pendant toute la représentation, puis en faisant le pitre comme arbitre, notamment.

PHOTO MARIEANDREE LEMIRE, FOURNIE PAR LE CIRQUE DU SOLEIL

Un tableau magnifique avec ce fil-de-fériste traversant la scène de haut...

Le spectacle aurait pu se terminer avec le très beau tableau de ce fil-de-fériste marchant dans la pénombre sur la pièce Toujours vivant, de Gerry Boulet. Mais le Cirque a ici péché par excès, comme il sait si bien faire... Préférant poursuivre le spectacle avec un numéro de voltige, qui n'avait plus rien à voir avec le propos. Dommage.

Heureusement, le spectacle s'est terminé sur une note plus solennelle, en hissant le chandail numéro 10. Un moment émouvant qui a clos Guy! Guy! Guy! comme il se doit. Avec cet extrait audio de Lafleur, lors de son intronisation au Temple de la renommée, qui parle de fierté et de passion, et qui conclut avec cette perle: «Jouer au hockey n'est pas un travail, dit-il, c'est un jeu... où il faut gagner le plus souvent possible.»

Guy! Guy! Guy!

Guy! Guy! Guy!

Cirque du Soleil. Mise en scène : Fernand Rainville

Amphithéâtre Cogeco de Trois-Rivières, Jusqu'au 19 août

7,5/10