C’était la première de deux soirées à Montréal pour Angèle. Un concert où la performance vocale de la chanteuse n’avait d’égale que la qualité de la mise en scène. La Belge et son public québécois ont partagé un moment de pur plaisir.

La tournée Nonante-cinq d’Angèle s’était arrêtée les deux week-ends précédents dans le désert californien pour des performances au fameux festival Coachella. C’est dire à quel point la chanteuse belge fait sa marque, par-delà la francophonie, mais pas seulement. En tournée nord-américaine depuis quelques semaines, elle rencontre au fil de ses arrêts son public anglophone, aux États-Unis et au Canada.

Mais ce week-end, au Québec, Angèle se retrouve en territoire connu. Avec un public qu’elle a rencontré à ses débuts et qu’elle revient voir régulièrement. « Vous ne pouvez pas savoir comme je suis contente d’être de retour ce soir, vous m’avez tellement manqué », a-t-elle lancé aux spectateurs du Centre Bell en tout début de soirée. Il fallait entendre la foule l’acclamer, réagir à chacun de ses mots, chacun de ses pas de danse.

Une semaine après Coachella, la princesse de la pop francophone amène donc à Montréal son plus grand spectacle à ce jour, durant lequel elle présente des titres de ses deux albums, Nonante-cinq et Brol (son premier).

Après un tour en montagnes russes (une thématique visuelle de l’album) sur l’écran géant au fond de la scène, qui nous mène dans un univers aussi coloré que la pop d’Angèle, cette dernière fait son apparition sur les accords de Plus de sens. Devant nos yeux, une simple plateforme haute de trois marches lumineuses et, de chaque côté, les quatre musiciens de la chanteuse. Sans être excessive, la mise en scène est à la hauteur des ambitions d’Angèle, qui nous disait en entrevue quelques jours plus tôt vouloir présenter un spectacle qui en jette.

  • Angèle retrouvait son public montréalais, samedi soir, au Centre Bell à Montréal.

    PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

    Angèle retrouvait son public montréalais, samedi soir, au Centre Bell à Montréal.

  • En tournée nord-américaine depuis quelques semaines, elle rencontre au fil de ses arrêts son public anglophone, aux États-Unis et au Canada.

    PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

    En tournée nord-américaine depuis quelques semaines, elle rencontre au fil de ses arrêts son public anglophone, aux États-Unis et au Canada.

  • Des danseurs ont accompagné la star belge souvent pendant le spectacle.

    PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

    Des danseurs ont accompagné la star belge souvent pendant le spectacle.

  • Les fans étaient ravis et l’ont acclamée comme une reine.

    PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

    Les fans étaient ravis et l’ont acclamée comme une reine.

  • Angèle est des plus généreuses durant ce concert, offrant une vingtaine de chansons, enchaînées sans presse.

    PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

    Angèle est des plus généreuses durant ce concert, offrant une vingtaine de chansons, enchaînées sans presse.

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Dans une jupe noire scintillante, un haut rose et des chaussures blanches, toujours élégante, elle ouvre son spectacle seule, ses longs cheveux blonds virevoltant alors qu’elle enchaîne quelques pas de danse. Puis, des danseurs, qui seront présents souvent durant la soirée, la rejoignent. Les chorégraphies sont superbement exécutées, ajoutant une grande plus-value à la mise en scène. Si elle a cherché à amener la danse dans ses prestations depuis qu’elle présente ses spectacles dans de plus grandes salles, on sent que ce concert est plus léché, plus « pop » que jamais, pour le plaisir de tous.

La plupart du temps, Angèle se joint à ses danseurs pour ces moments qui galvanisent la foule. Comme pour introduire Pensées positives, alors qu’elle et six des danseurs bougent à l’unisson. Et lorsqu’elle commence à chanter, elle ne cesse pas de bouger en rythme, se déplace avec intention sur la scène, sans manquer un pas. Il est impressionnant de la voir maîtriser si bien la l’exécution de ses chansons, sa jolie voix toujours juste et claire, alors qu’elle ne cesse presque jamais de se déhancher.

Un succès mérité

Nous le disions, il y a un lien tout particulier entre Angèle et ses admirateurs québécois. C’était une soirée de retrouvailles samedi. Il y a un peu plus de trois ans, Angèle remplissait son premier Centre Bell. C’était juste avant la pandémie, on ne l’avait plus revue de ce côté de l’Atlantique depuis. Elle a toutefois eu le temps de concocter un très joli second album, Nonante-cinq, qui proposait une ravissante suite au populaire Brol, celui qui l’a lancée.

Sur la chanson Oui ou non, tirée de ce premier disque, toute la salle a semblé chanter chaque mot à l’unisson. Pareil pour la suivante, Tout oublier. Et cette fois, pour ceux qui ne connaissaient pas les paroles, Angèle a prévu le coup : elle a fait défiler les paroles de la chanson sur l’écran derrière. Le Centre Bell a alors hébergé le plus grand karaoké que nous ayons jamais vu, quelque 11 000 personnes chantant avec entrain avec la Belge.

Vous ne pouvez pas savoir à quel point ça me fait kiffer d’être là. Je n’arrive même pas à croire que j’ai commencé en faisant une première partie au Club Soda il y a environ cinq ans. Et là, on fait deux Centre Bell !

Angèle

L’artiste est bien consciente de l’ampleur de la chose. Elle-même semble incrédule lorsqu’elle raconte le chemin parcouru. Mais à voir tout le travail qu’elle a mis dans le spectacle qu’elle présente ce week-end, on comprend tout à fait comment elle en est arrivée là. Tout est réfléchi sur ce spectacle, tout est fait pour ravir la foule, pour s’assurer qu’elle quittera la salle avec le sentiment que l’artiste lui a donné le plus qu’elle pouvait lui donner.

Après Promets-moi, elle présente Ta reine, qu’elle dit avoir écrite de façon « spontanée », qui a commencé comme une chanson d’amour, mais surtout « une chanson d’amour lesbienne ». Le drapeau de la fierté lesbienne sur les épaules, elle crée un moment très fort, autant par les mots qu’elle interprète que par la justesse de son interprétation – quelle voix ! Les excellents musiciens autour d’elle permettent de donner aux chansons de la Belge une dimension supplémentaire, un impact décuplé.

Parlant d’impact, la mise en scène a permis de créer souvent des moments de surprise, pour que jamais on ne s’ennuie. Après s’être éclipsée un instant, elle réapparaît par exemple sur une plateforme surélevée pour chanter Perdus. Les matins, Je veux tes yeux (après laquelle les danseurs ont eu leur moment rien qu’à eux pour nous jeter par terre avec leurs enchaînements), Amour, haine et danger, Le temps fera les choses (une de ses plus belles dernières parutions) suivent.

La fête et l’intime

Angèle est des plus généreuses durant ce concert, offrant une vingtaine de chansons, enchaînées sans presse, laissant le temps au public de se délecter de chaque moment.

Avant d’être auteure-compositrice-interprète, Angèle était surtout pianiste. Un moment piano-voix est donc un incontournable de ses performances. Derrière son clavier, elle chante ainsi la magnifique Taxi, « pour continuer avec les chansons tristes ».

Elle enchaîne avec Solo. Lorsque ce n’est qu’Angèle et son public, l’interaction est la meilleure. On est dans la plus grande salle du Québec et, pourtant, l’intimité règne.

Un écran diaphane déployé à l’avant-scène sur lequel des images sont projetées permet de changer la scénographie, ajoutant un effet visuel grandiose, au moment où l’artiste interprète la puissante Tempête. Puis viennent Mauvais rêves, Libre (après un changement de costume !), Flou. Pour la populaire Fever, la Britannique Dua Lipa l’accompagne virtuellement, son visage diffusé sur le grand écran.

La super-populaire Balance ton quoi, celle qui a lancé la carrière d’Angèle et qui fait encore le plus réagir la foule, conclut les festivités avant le rappel, durant lequel elle chante Démons (en duo avec Damso, sur l’écran géant) et, finalement, son hymne à l’amour pour sa ville, Bruxelles je t’aime.

Angèle est une artiste complète. Assister à ce concert nous l’a prouvé de nouveau. Elle est aussi confiante et déterminée qu’elle semble humble. Elle est aussi talentueuse qu’elle est généreuse. Elle présente une musique pop qui n’est pas dénuée de la profondeur qui permet de toucher les cœurs, mais qui sait aussi faire danser et s’amuser, tout simplement.

Angèle sera de nouveau en prestation au Centre Bell ce dimanche soir.