Personnage mythique du folklore québécois, Alexis le Trotteur, l’homme qui courait plus vite que les chevaux, continue d’inspirer. Alors que l’année prochaine marquera le 100anniversaire de sa mort, la compagnie Ample Man Danse fait revivre sa légende sur scène dans Alexis, spectacle de danse contemporaine créé pour les adolescents… et grâce à eux.

Quatre danseurs-chevaux galopent dans le studio de répétition. S’ils n’ont évidemment pas le même physique que l’animal, ils lui empruntent sa démarche, sa force, sa prestance, voire son coup de sabot et son hennissement. Au centre de la pièce, habillé à la manière des paysans du début du XXe siècle, le chorégraphe Simon Ampleman clame les exploits d’Alexis Lapointe, dit le Trotteur, avant que ses camarades ne s’élancent dans une série de mouvements rappelant tantôt l’énergie surhumaine, tantôt la beauté de l’athlète qui dépassait même les trains.

  • Les quatre interprètes : Liane Thériault, Juan Sebastian H. Correa, Valmont Harnois et Gabrielle Simard

    PHOTO PASCAL RATTHÉ, COLLABORATION SPÉCIALE

    Les quatre interprètes : Liane Thériault, Juan Sebastian H. Correa, Valmont Harnois et Gabrielle Simard

  • Certains mouvements rappellent la prestance de l’animal…

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    Certains mouvements rappellent la prestance de l’animal…

  • … d’autres, sa force.

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    … d’autres, sa force.

  • Une partie du spectacle est improvisée, dont celle-ci lors de laquelle il est question de superpouvoirs.

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    Une partie du spectacle est improvisée, dont celle-ci lors de laquelle il est question de superpouvoirs.

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Du sur mesure pour les ados

Pour bâtir ce spectacle qui sera présenté en première à la Maison des arts de Laval lundi prochain dans le cadre du festival Rencontre Théâtre Ados, la troupe a pu s’appuyer sur l’imposant travail de recherche effectué par la dramaturge Mélanie Viau. « On s’est basé sur des centaines de témoignages de gens qui l’ont vu », explique Simon Ampleman.

Mais au-delà du matériel historique, c’est surtout à partir d’échanges avec des groupes d’adolescents que s’est construite cette « création chorégraphique pluridisciplinaire » destinée à un public de 12 ans et plus.

Au début du projet qui s’est étiré sur 20 mois, le directeur artistique d’Ample Man Danse s’est rendu dans des écoles secondaires pour rencontrer des élèves. « Je leur ai conté l’histoire d’Alexis et je leur ai demandé : “Qu’est-ce que vous retenez ? Qu’est-ce qui vous dérange ? Qu’est-ce qui vient vous chercher ?” Et là, les thèmes ont émergé d’eux. »

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Simon Ampleman, directeur artistique de la troupe Ample Man Danse

L’habillement en est un exemple. « Alexis était très fier parce qu’il pensait qu’il allait développer des liens sociaux en étant bien habillé. [...] Il se disait : “Grâce à mes vêtements, les gens vont m’aimer” », raconte Simon Ampleman.

Le chorégraphe rappelle qu’Alexis Lapointe était un curieux personnage qui avait de la difficulté à se faire accepter par la société et, surtout, par sa famille, l’un des autres thèmes explorés.

Les relations familiales, quand tu parles de ça avec les ados, ça génère beaucoup d’éléments.

Simon Ampleman, chorégraphe

Des gestes, repris dans le spectacle, sont aussi nés de ces quelque deux semaines passées avec des jeunes d’horizons variés.

Des artistes-médiateurs à l’école

Et même lorsqu’Alexis prendra vie sur scène, les adolescents qui assisteront, en famille ou avec leur école, aux représentations continueront d’influencer l’œuvre. Comment ? En se prononçant, par exemple, sur les superpouvoirs à accorder aux danseurs-chevaux ou encore en choisissant la trame sonore de l’un des tableaux.

Cet aspect interactif contribue à créer un lien entre le public et les artistes, croit Simon Ampleman.

Pour les jeunes qui verront le spectacle dans le cadre d’une sortie scolaire, cette relation a déjà commencé à s’établir : dans le cadre du festival Rencontre Théâtre Ados, les écoles ne sont pas seulement conviées en salle, elles ont également la chance d’accueillir des artistes-médiateurs quelque temps avant la représentation.

PHOTO PASCAL RATTHÉ, COLLABORATION SPÉCIALE

Sylvie Lessard, directrice générale et artistique de la Rencontre Théâtre Ados

« C’est important que les jeunes aient des clés pour comprendre la pièce, parce que ce n’est pas facile, aller au théâtre. Ce n’est pas comme aller au cinéma. Il y a un décorum au niveau du théâtre que je trouve bien important d’amener quand on fait des projets de médiation », explique Sylvie Lessard, directrice générale et artistique de la Rencontre Théâtre Ados, dont le festival, qui se déroule jusqu’au 29 avril, en est à sa 27édition.

Et à quoi ressemble un atelier de médiation culturelle ? « En classe, on jase, on se rencontre, on se découvre », répond Simon Ampleman, dont la troupe anime régulièrement de telles séances pour des publics variés, allant des tout-petits aux aînés. « La médiation est là pour créer un lien avec l’artiste. Le voir sur scène, ça le met sur un piédestal. De le rencontrer en tant qu’humain, ça développe une proximité, une confiance. Quand la confiance est mise en place, c’est là que l’ouverture se fait et que le partage sincère existe. »

Alexis est présenté dans le cadre du festival Rencontre Théâtre Ados lundi, à 19 h 30, à la Maison des arts de Laval. Le spectacle sera ensuite en tournée dans différentes villes de la province.

Consultez le site de Rencontre Théâtre Ados Consultez le site d’Ample Man Danse