Il aura fallu l’attendre, l’espérer, pendant des mois, pendant des années. Le Requiem, une œuvre du chorégraphe américano-montréalais Andrew Skeels, devait connaître sa grande première mondiale en février 2021 à Montréal, aux Grands Ballets Canadiens. La pandémie en a décidé autrement.

Les Grands Ballets Canadiens ont fait une nouvelle tentative en février 2022, sans plus de succès. Omicron régnait alors en maître.

Cette fois-ci devrait être la bonne : les Grands Ballets Canadiens présenteront Requiem à la Place des Arts ce jeudi 23 mars, jusqu’au dimanche 26 mars, avant de se déplacer au Centre culturel de l’Université de Sherbrooke, le 28 mars.

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Le chorégraphe Andrew Skeels

Je suis tellement heureux de pouvoir le présenter sur scène. Les danseurs sont incroyables, ils sont très dévoués, notamment ceux qui travaillent sur le projet depuis deux ans et demi. Ils ont investi énormément de temps et ils ont injecté leur propre voix pour voir le projet prendre vie.

Andrew Skeels, chorégraphe

Au début du travail de création, en juin 2020, il fallait respecter des protocoles sanitaires très stricts.

« Il fallait que les danseurs demeurent à plus de six pieds les uns des autres et qu’ils ne se touchent pas. Nous devions tous porter des lunettes de protection et des masques. Avec le temps, nous avons pu ajouter des contacts. »

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Le maître de ballet Hervé Courtain et le chorégraphe Andrew Skeels échangent pendant les répétitions.

Seulement la moitié de la distribution présente au début du projet sera de la grande première de cette semaine.

« Il y a tellement de gens qui ont travaillé sur cette création au tout début et qui n’auront pas la chance de la présenter devant un public, se désole M. Skeels. Les danseurs sont des créatures nomades, ils bougent constamment à la recherche de travail, d’occasions. »

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Répétition en vue de la présentation de Requiem

La douleur de la perte

Andrew Skeels a choisi le Requiem allemand, de Johannes Brahms, pour sa création. Le compositeur allemand a créé cette pièce pour chœur et orchestre après la mort de son ami et mentor, Robert Schumann, et de sa mère.

« Au début de la pandémie, en avril 2020, j’ai perdu un ami très important, qui a été mon mentor pendant 25 ans, raconte Andrew Skeels. Ç’a été un grand choc. J’avais besoin d’un projet qui me permet de parler de la perte de quelqu’un, du deuil d’une personne qui vous est très importante. Il y avait là une connexion avec Brahms, avec la raison pour laquelle il a écrit ce requiem. Et c’est une musique qui est absolument magnifique. »

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La danse contemporaine permet d’exprimer une vaste gamme de sentiments.

La chorégraphie, résolument contemporaine, illustre la douleur de la perte, mais aussi la douceur du souvenir.

« La danse contemporaine m’attire entre autres parce que vous pouvez vous inspirer de vos émotions les plus profondes », souligne M. Skeels.

Près d’une quarantaine de danseurs donnent vie à sa vision.

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Près d’une quarantaine de danseurs prendront part au Requiem.

« C’est un véritable défi de travailler avec un grand groupe, mais l’effet que vous obtenez est très différent. Un mouvement est amplifié lorsque 35 corps l’exécutent, c’est quelque chose que vous ne pouvez pas obtenir avec un petit ensemble. Un grand groupe agit comme un seul et unique organisme. Ce ne sont plus simplement des individus, c’est une véritable force. »

Du ballet au Cirque

Andrew Skeels verra une autre de ses créations prendre forme prochainement à Montréal : c’est lui qui chorégraphie le spectacle Echo, du Cirque du Soleil.

« Ce ne sont pas nécessairement des danseurs, alors il faut être capable de voir ce qui va les faire briller sur scène. Il y a donc beaucoup d’essais et d’erreurs. »

Il y a aussi de belles surprises, comme ce jongleur issu de l’École nationale du cirque de Montréal qui bouge de façon extraordinaire.

« C’est un talent naturel, mais c’est aussi une question de formation, affirme M. Skeels. L’école met l’accent sur une approche très large, multidisciplinaire. Il y a du ballet dans le cursus, de la danse contemporaine. Lorsqu’ils sortent de l’école, ils ont déjà énormément de bagage. »

Andrew Skeels avait fait d’autres projets avec le Cirque du Soleil, notamment le spectacle Drawn to Life à Orlando et Joyà au Mexique. Echo constituera cependant sa première incursion sous le grand chapiteau.

Aux Grands Ballets Canadiens du 23 au 26 mars, Requiem sera précédé d’une autre œuvre importante, Jeunehome, une pièce du chorégraphe Uwe Scholz sur la musique de Mozart.

Consultez le site des Grands Ballets Canadiens