Après Selfie et l’immense succès de J’aime Hydro, le metteur en scène Philippe Cyr retrouve la comédienne Christine Beaulieu au théâtre. Cette fois, le directeur artistique lui ouvre les portes de la compagnie qu’il dirige depuis un an, le Prospero, pour le rôle de Monica dans Insoutenables longues étreintes, d’Ivan Viripaev, un des dramaturges russes les plus joués dans le monde.

Ils sont quatre personnages en quête de sens et d’excès dans une existence en cul-de-sac. Deux hommes et deux femmes dans la trentaine qui se cherchent sur deux continents, dans deux villes, New York et Berlin. Sur fond de drogue, de sexe et de violence autodestructrice, ils témoignent d’un mal de vivre que peut ressentir leur génération ; une génération sans Dieu ni maître.

Insoutenables longues étreintes est une œuvre assez radicale, signée Ivan Viripaev, figure majeure du « Nouveau drame russe ». L’auteur, aujourd’hui exilé en Pologne, est l’un des dramaturges russes les plus joués dans le monde. Et il fait l’objet d’une quatrième pièce présentée au Prospero, après les productions d’Illusions, d’Oxygène et des Enivrés.

« C’est une écriture déstabilisante, et c’est un très beau défi. Le texte fait beaucoup appel à la créativité des interprètes. C’est un véritable show d’acteurs », explique le metteur en scène, en soulignant le talent et la polyvalence de Christine Beaulieu et des autres membres de la distribution : Marc Beaupré, Joanie Guérin et Simon Lacroix.

Les personnages essaient de s’accrocher à un être, un amour, une maison, une ville. Ils sont comme perdus en orbite : ils n’ont pas de force de gravité et tentent de s’agripper à quelque chose au passage. Hélas, ce monde est toujours en changement.

Philippe Cyr, metteur en scène

Une vie en plastique

« Ils veulent se sentir vivants. Et il y a une différence entre être vivant et se sentir vivant », ajoute Beaulieu. Selon les deux complices, les personnages veulent réinventer le monde, et tentent d’imaginer autre chose que ce que la société capitaliste et individualiste leur propose. Pour citer l’un des personnages au début de la pièce : « Autre chose que cette putain de vie en plastique de merde, sans perspective spirituelle » !

Pour Philippe Cyr, qui a eu envie de se frotter au répertoire international pour sa première saison à la barre du Prospero, « le théâtre contemporain peut être à la fois radical et populaire ». La pièce est aussi lumineuse, malgré la puissante autodestruction qui y est dépeinte. « Le spectacle va être drôle, scintillant, pétillant, avec le travail des concepteurs : la musique, le décor, les costumes et la magnifique lumière de Cédric Delorme-Bouchard ; c’est du talent brut ! », renchérit la comédienne de J’aime Hydro, emballée par le fait de travailler pour la première fois au Prospero.

J’aime Hydro, la suite ?

On ne pouvait pas les réunir dans la même salle sans leur demander un bilan de l’immense succès de la pièce de théâtre documentaire signée par Christine Beaulieu, et qu’ils ont créée ensemble, il y a huit ans déjà. « Le succès nous a donné confiance au pouvoir de l’art théâtral, dit Cyr. J’aime Hydro n’était pas une recette gagnante au départ : la prémisse était un peu pointue ; les questions soulevées par l’enquête de Christine, complexes ; et la durée de la représentation [près de quatre heures], pas conventionnelle… Mais le public a été très réceptif. »

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Christine Beaulieu et Philippe Cyr

« Il ne faut pas sous-estimer les spectateurs dans nos propositions, poursuit Cyr. Le plus dur, c’est de les convaincre d’acheter un billet et venir s’asseoir dans une salle de théâtre. Une fois à l’intérieur, le public est ouvert et curieux. »

Et la suite ? Est-ce que les créateurs ajouteront un épisode ? « On est en réflexion, répond Christine Beaulieu. L’actualité au niveau énergétique est en constante transformation. Les données changent rapidement. Il y a des limites à remodeler une histoire durant des années. Je ne veux pas que J’aime Hydro devienne le Broue du théâtre documentaire. »

Insoutenables longues étreintes

D’Ivan Viripaev. Mise en scène : Philippe Cyr.

Théâtre Prospero, Du 28 mars au 15 avril

Consultez le site du Prospero

Aussi à l’affiche

Mountains are Mountains

PHOTO YANNICK GRANDMONT, FOURNIE PAR ANIMALS OF DISTINCTION

La nouvelle création de la chorégraphe Dana Gingras s’intitule Mountains are Mountains.

La chorégraphe montréalaise Dana Gingras propose une toute nouvelle œuvre dansée intitulée Mountains are Mountains. Ici, deux duos d’interprètes se lancent dans une ascension obsessive d’une montagne métaphysique. Leur objectif : poursuivre l’avenir. Les danseurs sont accompagnés sur scène par le batteur australien Jim White, mais aussi par les projections vidéo poétiques de l’artiste Erin Weisgerber. Avec cette expérience empreinte de pureté, la chorégraphe soulève une question essentielle : et si le but de la vie reposait non pas dans une quête insensée, mais à l’intérieur de nous ?

Les 22 et 23 mars, à l’Agora de la danse

Stéphanie Morin, La Presse

Consultez le site de l’Agora de la danse

Old Orchard

PHOTO MÉLISSA CAMPEAU, FOURNIE PAR LA LICORNE

La distribution de la pièce Old Orchard. De gauche à droite : François-Simon Poirier, Milène Leclerc, Myriam Debonville et Jean-René Moisan.

Éric et Philippe, deux trentenaires célibataires, font la rencontre de Marie-Pascale et Annie lors d’un week-end à Old Orchard. Entre les quatre comparses, le courant passe immédiatement. Les discussions animées se multiplient, soulevant au passage plusieurs questions sur l’amour, le désir et les peurs qui nous hantent, mais aussi sur notre quête perpétuelle de la perfection. Or, cette chimie parfaite survivra-t-elle loin de la mer ? Thomas Gionet-Lavigne signe le texte et la mise en scène de cette pièce pour quatre acteurs, présentée pour la toute première fois sur les planches d’un théâtre.

Du 21 mars au 8 avril, à la Licorne

Stéphanie Morin, La Presse

Consultez le site de la Licorne

Redbone Coonhound

PHOTO CYLLA VON TIEDEMANN, FOURNIE PAR LE THÉÂTRE DENISE-PELLETIER

Chala Hunter et Christopher Allen dans la pièce Redbone Coonhound

Lors d’une promenade tout ce qu’il y a de plus banale, Mike et Marissa, qui forment un couple interracial, croisent deux joggeurs et leur chien John. Ce dernier est un Redbone Coonhound, race jadis utilisée pour chasser les esclaves en fuite. Pour Mike et Marissa, cette rencontre va provoquer plusieurs réflexions sur leurs relations avec les autres, mais aussi entre eux. Ce spectacle à tableaux, qui rassemble une distribution de sept interprètes, est offert en langue anglaise avec surtitres en français.

Du 21 mars au 1er avril, à la salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier

Stéphanie Morin, La Presse

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TOQAQ MECIMI PUWIHT/Delphine rêve toujours

PHOTO MARIANNE DUVAL, FOURNIE PAR LA MAISON THÉÂTRE

Les enfants sont conviés à un étonnant voyage dans le monde des esprits de la forêt à la Maison Théâtre.

La Maison Théâtre propose aux enfants de 5 à 8 ans une incursion dans l’univers mythologique et esthétique de la nation wolastoqiyik avec cette pièce écrite par le Québécois Dave Jenniss. Delphine, jeune fille rêveuse et déterminée, a décidé de retrouver coûte que coûte le tambour perdu de son défunt muhsum (grand-père). Sa quête va la mener dans le monde des esprits de la forêt, où elle rencontrera des animaux étonnants, dont un porc-épic qui sent le marécage et une chouette chanteuse d’opéra.

Du 28 mars au 9 avril, à la Maison Théâtre

Stéphanie Morin, La Presse

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King Dave

PHOTO DANNY TAILLON, FOURNIE PAR LE CENTAUR

Patrick Emmanuel Abellard dans King Dave

King Dave débarque au Théâtre Centaur pour être présentée en première mondiale dans la langue de Shakespeare. Écrite par Alexandre Goyette puis adaptée pour mieux coller à la réalité de la communauté québéco-haïtienne, la pièce raconte l’histoire d’un jeune homme qui se cherche… et qui, de mauvaises décisions en mauvais coups du sort, va finir par se perdre. Le comédien Patrick Emmanuel Abellard, qui portait sur ses épaules ce rôle titanesque lors de la tournée francophone, est de retour pour la version anglophone. C’est aussi lui qui s’est chargé de la traduction de ce solo créé pour la première fois en 2005.

Du 28 mars au 16 avril, au Théâtre Centaur

Stéphanie Morin, La Presse

Consultez le site du Centaur (en anglais)