Montréal adore le cirque, on le sait. Le public est amateur. Mieux, le public est connaisseur. Il a vu grandir des compagnies qui rayonnent à l’international, fréquente assidûment le festival de cirque et s’enorgueillit de voir des étudiants du monde entier formés ici.

Sachant cela, on peut s’étonner de voir que la Tohu a ouvert ses portes à un spectacle aussi pâle qu’Esencial, de la troupe Vaiven Circo. Arrivée d’Espagne et installée dans la salle montréalaise pour 10 jours, la troupe propose ici plusieurs variations autour d’un jouet pour enfants, l’arc-en-ciel de Waldorf.

Composé d’arches et de piliers qui se déconstruisent et se reconstruisent au gré de l’imagination de ceux qui le manipulent, ce jouet a été recréé en format géant pour servir de gréements aux acrobates. L’idée semblait géniale et les possibilités scéniques, quasi infinies.

Or, cette magnifique structure de bois représente l’élément le plus réussi de ce spectacle peu inspiré et acrobatiquement peu relevé.

Sur scène, cinq artistes s’animent sans direction claire pendant ce spectacle d’une heure qui semble s’étirer bien au-delà. Ils tournent autour des morceaux de bois et d’acier de leur jouet géant, les déplacent d’un bord ou de l’autre de la scène, effectuent quelques pirouettes enfantines puis repartent pour une autre ronde.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Le déplacement des divers morceaux de l’arc-en-ciel de Waldorf géant occupe beaucoup de temps dans le spectacle.

Inutile de chercher une quelconque trame narrative à laquelle se raccrocher ou d’attendre un crescendo qui tarderait à arriver… C’est à se demander si la troupe a fait appel à un metteur en scène pour la diriger (la réponse est oui, on a vérifié !).

Certes, la danse – notamment le flamenco – vient parfois pointer le bout de son nez entre deux tours de main à main chancelants, mais rien de très emballant n’est proposé. L’ensemble manque de rythme et le cabotinage de certains artistes tombe souvent à plat.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Heureusement qu’il y a eu un peu de jonglerie pour sauver la mise.

D’un point de vue acrobatique, seuls les numéros d’équilibre sur barre russe et de jonglerie arrivent à soulever quelques applaudissements. Mais soyons honnêtes : on a vu beaucoup mieux dans des spectacles de finissants ou lors de prestations extérieures gratuites à Montréal Complètement cirque. Certains numéros sont quasiment gênants tant ils sont peu relevés : c’est le cas de l’interminable numéro de danse à la barre verticale où rien ne se passe…

Bref, un public aussi connaisseur que celui de Montréal – et du Québec en entier – mérite quelque chose de plus grand que ce spectacle ennuyeux et sans relief.

Esencial

Esencial

Par la troupe Vaiven Circo

À la Tohu, Jusqu’au 18 mars

4/10

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