La réputée compagnie australienne Circa est de retour à Montréal avec Humans 2.0, un spectacle envoûtant qui repose en totalité sur la force – et la vulnérabilité – du corps de ses interprètes.

Pour la dixième fois depuis 2004, la TOHU ouvre ses portes à cette troupe chouchou du public québécois. Cette relation d’amour s’accentuera sans doute avec la présentation du tour de force que représente Humans 2.0.

Ici, point de décors, d’accessoires ou de costumes flamboyants. La piste de la TOHU se limite à une simple scène blanche sur laquelle joue la lumière des projecteurs. Pas non plus de trame narrative ou de fil rouge pour servir de liens entre les numéros. Chez Circa, les corps des dix acrobates sont le papyrus sur lequel tout s’écrit.

Pendant 70 minutes, ces corps roulent et se déroulent, se recroquevillent pour mieux se déployer, explosent dans une pulsion soudaine avant de retomber au sol, haletants. Ces corps qui tremblent sous l’effort, mais ne rompent pas, enchaînent les mouvements d’une précision exemplaire, s’imbriquant les uns dans les autres dans une chorégraphie inventive et audacieuse qui emprunte par moments au vocabulaire de la danse contemporaine.

En de rares occasions, les artistes se servent d’agrès pour leurs numéros : des sangles, une corde lisse, un trapèze. Mais ces derniers servent davantage de partenaires de danse que d’accessoires pour grimper dans les hauteurs de la TOHU. Le numéro de sangle, où une interprète multiplie les gestes syncopés à un mètre du plancher, est particulièrement saisissant.

  • Les numéros de groupe comptent parmi les plus envoûtants du spectacle.

    PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

    Les numéros de groupe comptent parmi les plus envoûtants du spectacle.

  • Les tours humaines sont ici parfaitement maîtrisées.

    PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

    Les tours humaines sont ici parfaitement maîtrisées.

  • Chez Circa, le ballet des corps suffit à créer des tableaux magnifiques.

    PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

    Chez Circa, le ballet des corps suffit à créer des tableaux magnifiques.

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La beauté de ce spectacle vient aussi en grande partie de la cohésion du groupe, notamment dans les numéros de voltige et d’équilibre. Chez Circa peut-être plus qu’ailleurs, les acrobates ont besoin les uns des autres pour s’élever, pour tomber sans se blesser, pour provoquer chez les spectateurs ce frisson d’inquiétude et d’admiration. Sur une musique électronique enveloppante (signée Ori Lichtik), ils nous hypnotisent en enchaînant sans aucun temps mort des mouvements parfaitement maîtrisés, parfois dans une lenteur cruelle qui exige d’eux une force physique inimaginable.

Dans ce contexte si particulier où chaque artiste tient entre ses mains la vie de ses acolytes, il a toutefois fallu du temps pour sentir une réelle complicité dans les regards, dans les sourires. Seule exception : une porteuse à la force herculéenne dont le sourire radieux et constant détonnait par rapport aux visages fermés de ses compagnons. De tous les artistes, c’est assurément elle qui a conquis le cœur du plus grand nombre de spectateurs. Pour le reste, le rapport des interprètes avec le public reste d’ailleurs assez froid, comme si l’aspect très formel de la proposition empêchait un peu le courant de passer entre la scène et la salle.

Mais malgré ce bémol, Humans 2.0 reste un spectacle saisissant de beauté, une véritable ode à la puissance gracieuse du corps humain.

Humans 2.0

de Circa

Jusqu’au 19 février à la TOHU

8/10

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