À quelques semaines seulement de la grande première, les artistes du Cirque du Soleil s’affairent à peaufiner les derniers détails de sa plus récente offrande, Echo, qui sera finalement présentée ce printemps après trois ans d’attente.

La version initiale du spectacle, appelée Sous un même ciel, devait être présentée en 2020, mais la pandémie en a voulu autrement, rappelle Chantal Tremblay, directrice de création, lors d’une journée portes ouvertes aux médias qui a révélé les entrailles du Cirque.

Cette pause forcée de trois ans a permis à l’équipe derrière le spectacle de revoir l’ensemble de l’œuvre, dans les cartons du Cirque depuis 2017.

Ce faisant, près de la moitié du spectacle conçu par Es Devlin a été retravaillée, notamment avec l’arrivée d’un nouveau metteur en scène, Mukhtar Omar Sharif Mukhtar.

Alors que des acrobates éthiopiens s’élancent et s’envolent en arrière-plan, le metteur en scène admet d’emblée que la pandémie a amené l’équipe de conception à revoir, voire à renforcer, le message du spectacle. Un message qui se doit d’être actuel aujourd’hui, mais qui sera toujours pertinent dans dix ans, précise-t-il.

« Depuis deux ans, on a été divisés, rappelle M. Mukhtar, lui-même un ancien artiste du cirque. On a eu envie de créer un show autour de la collaboration, de la connexion, de parler du désir de construire un monde dans lequel on veut vivre, avec une emphase particulière sur les jeunes. »

Repousser les limites de son art

Qu’ils œuvrent avec leur voix, leurs corps, du tissu ou un pinceau, tous les artistes du Cirque du Soleil rencontrés mardi ont la profonde conviction de repousser les limites de leur art grâce à Echo.

Déjà qu’elles pourraient passer pour des sœurs, Charlotte O’Sullivan et Penelope Scheidler vivront la symbiose et la symétrie dans un numéro de haute voltige qui, même si elles ne peuvent en dévoiler les détails, se veut assez innovateur.

En effet, les deux acrobates professionnelles, spécialisées dans les numéros aériens, seront suspendues à la crinière l’une de l’autre ou bien par les dents. « Ça s’est rarement vu à deux, souligne Mme O’Sullivan. Ça vient ajouter une autre dimension à cette discipline. »

À l’étage, musiciens et chanteurs peaufinent les hymnes qui berceront les saltimbanques. Une prestation impromptue pour les journalistes venus à leur rencontre témoigne de l’harmonie qui unit ce petit groupe qui répète deux fois par jour pendant trois heures.

Thierry Angers, assistant des compositeurs, consultant musique et arrangements musicaux, parle d’un « son assez unique », pour ne pas dire jamais entendu. « C’est un mélange de pop et de classique, mais c’est imbriqué d’une façon que je n’ai pas vue souvent, confie-t-il. C’est surtout grâce à la particularité des voix ; la façon dont elles sont utilisées, c’est plus comme un instrument de musique. »

Un peu plus loin, Julio Cesar Da Silveira s’affaire à maquiller Louana Seclet, qui prête ses traits à la protagoniste du spectacle, Future. Un essai filmé et documenté sur papier afin de permettre à l’artiste de reproduire elle-même cette allure sans trop de difficulté pendant la tournée.

La dernière étape de la visite se déroule à l’atelier de couture. Au bout du costumier, où regorgent couleurs et souvenirs, se trouve la salle de conception et d’essayage. C’est là que prennent naissance les costumes qui donneront du caractère aux personnages.

« Pour en arriver là [au produit final], il faut beaucoup de tests, d’essais et d’erreurs », explique Tania Camiré, assistante au concepteur de costumes.

Elle indique que l’équipe doit d’ailleurs créer ses propres matières pour en arriver au résultat souhaité, c’est-à-dire d’incarner la vision du concepteur tout en permettant la fluidité du mouvement des acrobates.

Alors que le Cirque du Soleil nous a habitués à des costumes hauts en couleur et riches en détail, Echo mise plutôt sur la sobriété, indique Mme Camiré.

« Les costumes dans Echo sont différents de la majeure partie des spectacles qu’on a au Cirque. D’habitude, il y a beaucoup de détails dans nos costumes, mais là, c’est quelque chose de très épuré. On a des costumes qui sont tous blancs, auxquels on ajoute une couleur “punchée” et un effet froissé, détaille l’assistante. On n’est pas dans le bling bling : on est complètement ailleurs. »

D’abord Montréal, ensuite le monde

Près de 50 artistes multidisciplinaires, originaires de plus d’une vingtaine de pays dans le monde, mettront ainsi leurs talents au service d’Echo, dont la trame narrative s’articule autour du pouvoir de soi sur son environnement.

Dans deux semaines, le spectacle à grand déploiement migrera vers le chapiteau du Vieux-Port de Montréal pour entreprendre une série de représentations qui se dérouleront du 20 avril au 20 août, après quoi la troupe, qui compte 120 personnes, entamera une tournée internationale.

Cette dépêche a été rédigée avec l’aide financière de la Bourse de Meta et de La Presse Canadienne pour les nouvelles.