Pour les amateurs de sport, c’était la soirée de Patrick Mahomes, peut-être celle de Jalen Hurts. Pour les amateurs de musique pop, c’était « Riri Day », la journée de Rihanna. Plus qu’un spectacle de mi-temps du Super Bowl, le numéro de dimanche soir marquait les très attendues retrouvailles entre la chanteuse et son public.

Une attente qui en valait la peine

Cela faisait un bon bout de temps qu’on n’avait pas vu Rihanna sur scène. Pour son retour, elle n’a pas lésiné sur la grandeur de ladite scène, s’offrant la mi-temps du Super Bowl, rien de moins. Sa performance, bien que très réussie, a été plutôt… statique et minimaliste. On est habitués durant ces numéros de la mi-temps du Super Bowl à une tonne de mouvements, à un feu roulant qui ne nous laisse pas un moment de répit. Rihanna a plutôt opté pour une intéressante sobriété. Bien sûr, il s’agit de l’un des moments de musique les plus regardés de l’année, on ne pouvait échapper à une scénographie somme toute percutante. Et, suprise, sans trop en faire de cas, l’artiste a dévoilé un ventre rebondi, mis en évidence par son manteau (sa deuxième grossesse a ensuite été confirmée par l’un de ses représentants). Toute de rouge vêtue, sur une plateforme suspendue très haut dans les airs, elle a annoncé ses couleurs dès les premières secondes. Sa prestance a fait son effet, son regard perçant et son sourire provocateur nous happant instantanément. Le choix de chansons a été efficace aussi. Au moyen de quelques pas de danse, d’une belle performance vocale et d’une interprétation de ses grands succès, Rihanna a mis en scène un retour tout à fait réussi.

Un défi relevé

Un peu de contexte maintenant : en 2019, Rihanna déclinait l’invitation de performer durant le spectacle de la mi-temps du Super Bowl, en signe de protestation face au traitement des questions raciales par la NFL. Quatre ans plus tard, l’artiste a fait volte-face. Cette décision ne survient pas alors que sa carrière va bon train, mais plutôt près de sept ans après la sortie de son dernier album, en 2016. Nul doute, pour bien des amateurs de musique, la mi-temps de ce Super Bowl LVII, autrement appelé « le retour de Rihanna », importait bien plus que l’heure de jeu qui a mené au triomphe des Chiefs de Kansas City. Bonne nouvelle : la pression était élevée, mais l’interprète de SOS a été en plein contrôle de ses moyens, ne laissant jamais paraître que tant d’années s’étaient écoulées depuis sa dernière grande performance. Moins bonne nouvelle : Rihanna pourrait bien disparaître de nouveau. Elle n’a donné aucun indice que ce « retour » en est un qui durera au-delà du moment offert dimanche. Espérons que ce numéro marque le début d’une nouvelle ère musicale pour la chanteuse. Mais si ce n’est pas le cas, elle nous a au moins donné dimanche une bonne raison de continuer à attendre.

La célébration d’un vaste répertoire

Rihanna, dont la carrière a débuté il y a 17 ans maintenant, avait une longue liste de titres dans laquelle piocher. On a eu droit à plusieurs de ses succès, enchaînés rapidement, mais permettant chaque fois un nostalgique retour dans le passé. L’artiste de 34 ans, majestueuse sur sa plateforme, a commencé avec Bitch Better Have My Money, tandis que des danseurs au sol, tous habillés en blanc, l’accompagnaient. Elle s’est ensuite lancée sur Where Have You Been, puis Only Girl (In the World), We Found Love, Rude Boy et Work. La performance s’est déroulée dans une espèce de crescendo, le moment devenant toujours plus intense. L’interaction entre Rihanna et ses danseurs en a fait beaucoup dans la mise en scène, autrement très simple. Ce choix l’a finalement bien servie : on était surtout concentrés sur sa voix et son attitude, toujours captivantes. Tout est allé très vite : Wild Thoughts a commencé, puis Rihanna est allée s’asseoir et a interprété Pour It Up, avant que les trompettes d’All of the Lights ne résonnent et que d’autres danseurs ne débarquent sur la pelouse. Pour Run This Town, un groupe de musiciens l’attendait sur la plateforme centrale. Et, en un clin d’œil, on en était déjà à la finale, qui a été lancée avec Umbrella, tandis que la chanteuse s’envolait de nouveau sur sa plateforme suspendue. Diamonds lui a permis de terminer en force, vocalement surtout. Rayonnante, visiblement fière et à peine essoufflée, Rihanna était tout sourire.

L’hymne national signé Chris Stapleton

Il a donné une superbe performance durant la soirée des prix Grammy la semaine précédente. Cette fois, il a tiré des larmes aux joueurs des Chiefs et des Eagles lors de son interprétation de l’hymne national, quelques minutes avant le coup d’envoi du match. Une mention spéciale doit être attribuée au chanteur country Chris Stapleton, qui avait l’importante tâche de commencer la soirée avec le Star-Spangled Banner. Ces quelques minutes solennelles sont souvent un très bon moment de musique. Lady Gaga, Beyoncé, Cher, Mariah Carey et (surtout) Whitney Houston ont toutes offert leurs magnifiques versions au fil des Super Bowl. Chris Stapleton, dimanche soir, n’a pas failli à l’immense tâche. Sa guitare électrique Fender à la main, ses lunettes fumées cachant ses yeux, le gagnant de huit prix Grammy a été impeccable lui aussi, avec une interprétation épurée de l’hymne étasunien. Sa voix soul de ténor, puissante et touchante, était à couper le souffle. Les gros plans de la caméra sur certains joueurs, émus aux larmes par l’interprétation du musicien (et, probablement, par le fait de se trouver au Super Bowl), ont permis de constater l’immensité du talent de Chris Stapleton.