La romancière britannique J. K. Rowling n’a pas l’intention de « pardonner » aux acteurs Daniel Radcliffe et Emma Watson – vedettes des films Harry Potter – d’avoir pris la défense du mouvement trans. Ces célébrités « peuvent garder leurs excuses » pour d’autres, a écrit J. K. Rowling sur X, cette semaine. Retour en cinq temps sur ce feuilleton qui dure depuis quatre ans.

Rapport

Mercredi, sur le réseau social X, l’autrice de la série Harry Potter a publié une série de gazouillis pour commenter la publication d’un nouveau rapport portant sur les services offerts aux mineurs qui se questionnent sur leur identité de genre. Commandé par l’agence de santé publique britannique (NHS), le rapport conclut que la preuve qui soutient le bien-fondé de l’administration de bloqueurs d’hormones chez les mineurs est « faible ». En raison de la « controverse », des cliniciens ont « peur » de travailler avec cette clientèle, même si elle présente un profil « semblable » à celui de plusieurs jeunes, écrit l’auteure, la pédiatre Hilary Cass. Selon elle, ces mineurs devraient d’abord faire l’objet d’une « évaluation holistique », incluant un dépistage des troubles du spectre de l’autisme et une évaluation de la santé mentale.

Colère

« Aujourd’hui, ce n’est pas un triomphe, c’est la mise à nu d’une tragédie », a écrit J. K. Rowling sur X, s’avouant « très en colère ». « Des enfants ont subi des dommages irréversibles et des milliers de personnes en sont complices – pas seulement des médecins, mais aussi les célébrités qui se sont faites porte-parole, les médias qui n’ont rien contesté et les entreprises cyniques », ajoute-t-elle. Un internaute lui a écrit qu’il attendait les excuses publiques de Daniel Radcliffe et d’Emma Watson, sachant qu’elle leur pardonnerait. Ce à quoi J. K. Rowling a répondu par la négative. « Je crains que non », a-t-elle écrit, invitant ces « célébrités » à « garder leurs excuses pour les détransitionneurs traumatisés et les femmes vulnérables dépendantes des espaces non mixtes ».

« Personnes qui ont leurs règles »

Le feuilleton a débuté au début du mois de juin 2020, lorsque J. K. Rowling a commenté, sur Twitter (aujourd’hui devenu X), un texte d’opinion évoquant « les personnes qui ont leurs règles ». « Les personnes qui ont leurs règles. Je suis certaine qu’il y a déjà eu un mot pour désigner ces gens. Quelqu’un peut m’aider ? », a-t-elle écrit, ironique. Cible de nombreuses critiques, l’écrivaine – très active sur les réseaux sociaux – a poursuivi ainsi sa réflexion : « Je connais et j’aime des personnes trans, mais effacer le concept de sexe enlève à beaucoup la capacité de discuter de manière significative de leur vie. » Elle a aussi exprimé ses craintes envers ce qu’elle qualifie de « nouvel activisme trans ». De nombreux admirateurs transgenres se sont sentis blessés et discriminés par ses propos, arguant que les femmes trans n’enlevaient rien aux autres femmes.

Les célébrités s’en mêlent

PHOTO ANDY KROPA, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Daniel Radcliffe

L’interprète d’Harry Potter, Daniel Radcliffe, a été le premier à se distancier des propos de l’écrivaine qui a propulsé sa carrière. Dans une déclaration publiée sur le site web du Trevor Project, en juin 2020, l’acteur a écrit qu’affirmer que les femmes transgenres ne sont pas des femmes « efface l’identité et la dignité des personnes transgenres ». Emma Watson, l’interprète d’Hermione Granger, ainsi que Rupert Grint et Bonnie Wright (Ron et Ginny Wesley) ont aussi exprimé leur soutien à la communauté trans. Même Stephen King s’en est mêlé : « Oui, les femmes trans sont des femmes », a-t-il écrit sur Twitter.

Carrière prolifique

Cet été-là, J. K. Rowling a abondamment utilisé sa tribune sur Twitter pour remettre en question le recours aux traitements médicaux (hormones et chirurgie), soutenant que la transition n’était pas la solution pour tous les jeunes. La publication de son livre Trouble Blood, en septembre, a mis de l’huile sur le feu, parce que l’un de ses personnages, Dennis Creed, est un tueur en série qui se déguise en femme… pour tuer des femmes. Son roman The Ink Black Hearth, publié en 2022, suivait un bédéiste accusé d’être raciste et transphobe. Malgré la controverse, J. K. Rowling se classe toujours parmi les écrivains les mieux payés au monde et travaille actuellement sur la production d’une nouvelle série Harry Potter développée par HBO.