«On s'en va un peu à la Mecque du théâtre!» Au bout du fil, Dominique Leclerc ne tente pas de modérer son enthousiasme.

Elle a eu la confirmation la semaine dernière que Post Humains, pièce de théâtre documentaire qu'elle reprend présentement à l'Espace Libre, sera présentée au mois d'avril sur les planches de la prestigieuse Schaubühne, à Berlin, dans le cadre du Festival international New Drama.

Jusqu'ici, les seules créations québécoises jouées à la Schaubühne étaient Temps et Soeurs, de Wajdi Mouawad.

Le théâtre berlinois est dirigé depuis 2000 par Thomas Ostermeier, metteur en scène plusieurs fois primé à l'international. Il a notamment été promu commandeur de l'ordre des Arts et des Lettres en France en 2015 et a reçu, en 2011, un Lion d'or à la Biennale de Venise pour l'ensemble de son oeuvre.

Post Humains raconte l'incursion de son auteure et principale interprète, Dominique Leclerc, chez les cyborgs et des transhumanistes, communauté qui cherche à «améliorer» les êtres humains grâce à la technologie.

La pièce, présentée pour la première fois à l'automne 2017, lui a valu d'être finaliste au prix Michel-Tremblay qui récompense chaque année le meilleur texte porté à la scène.

C'est pendant une formation à l'école d'été du Centre des auteurs dramatiques (CEAD) que la comédienne a fait la connaissance d'un dramaturge de la Schaubühne. Celui-ci lui a demandé une captation vidéo du spectacle.

«On en avait jasé juste comme ça, je pensais qu'il voulait le voir juste par intérêt personnel. J'ai donc été surprise quand j'ai reçu un courriel me disant qu'il avait tripé sur le show et qu'il nous invitait là-bas!», raconte Mme Leclerc.

«Ce qui est super, c'est que je n'ai rien demandé : ça m'est tombé dessus, et ça tombe merveilleusement bien», ajoute-t-elle.

Version originale

Comme le festival berlinois n'a lieu que dans deux mois, et qu'entre-temps Post Humains sera présenté dans quelques villes au Québec, le temps manquait à Dominique Leclerc et son équipe pour adapter la pièce pour le public allemand.

Le spectacle sera donc présenté dans sa version originale, en français, avec des surtitres. La distribution restera également la même, avec les comédiens Didier Lucien et Édith Paquet, ainsi que le journaliste Dennis Kastrup, conjoint de Dominique Leclerc. Il n'est pas exclu que M. Kastrup, lui-même allemand, traduise pour le public certains segments, alors qu'il joue un rôle un peu plus limité à l'heure actuelle.

Sans parler d'un retour aux sources, Post Humains retrouvera en Allemagne un pays où a été effectuée une large partie de la recherche qui a mené au spectacle final. On y suit notamment Dominique Leclerc à Düsseldorf, où elle a assisté à une convention internationale de cyborgs.

«Le show a une connexion avec Berlin, alors c'est vraiment le fun d'aller jouer la pièce là-bas. Je pense qu'on va aller chercher beaucoup de monde.»

Bien qu'elle ne croie pas que les Allemands soient spécialement sensibilisés à la question du transhumanisme, elle signale que le mouvement est particulièrement actif dans ce pays d'Europe, où un parti politique reprenant ces idées a même été fondé. Les transhumanistes tentent notamment de trouver des solutions technologiques pour allonger la vie humaine.

«On a systématiquement le réflexe d'exporter nos créations en France, mais je pense que notre théâtre a peut-être plus de choses en commun avec l'Allemagne qu'on pourrait le penser», estime Dominique Leclerc.

«Et aller jouer à Berlin, c'est quand même sexy comme carte de visite pour la suite des choses!», s'esclaffe-t-elle.

Post Humains sera présenté jusqu'à samedi à l'Espace Libre. Le spectacle se déplacera ensuite à Laval, Saint-Jérôme et Alma au cours des semaines suivantes.