Tous les mardis, La Presse présente les actualités de la semaine dans le monde du théâtre à Montréal et au Québec. Premières, coups de coeur, spectacles en tournée et pièces à voir. La scène se passe ici et maintenant.

Sophie Cadieux et Félix-Antoine Boutin: Sur les traces de Fanny et Alexandre

Bien avant de se connaître, adolescents, Sophie Cadieux et Félix-Antoine Boutin ont regardé à Télé-Québec, un soir de Noël, Fanny et Alexandre. Sans le savoir, ce film allait chambouler le destin de ces deux futurs complices de la scène. «Ça nous a aussi inspirés dans nos choix futurs, dit Sophie Cadieux. Ce film montre comment la découverte de la fable et de l'imaginaire peut changer les êtres à jamais.»

Dans ce magnifique film d'Ingmar Bergman, on suit donc Alexandre (alter ego du cinéaste), sa soeur Fanny et leur famille aisée. L'histoire se déroule en Suède au début du XXe siècle. Les parents font du théâtre et sont heureux ensemble, jusqu'à la mort subite du père et l'arrivée du futur beau-père d'Alexandre. Dès lors, la vision d'Alexandre sur le monde de son enfance contribuera à lui forger une âme d'artiste.

Selon Félix-Antoine Boutin, Fanny et Alexandre a un «côté très théâtral». «C'est une oeuvre qui montre l'invisible. À travers ses visions et son imaginaire, Alexandre fait ressurgir les sensations de l'enfance, entre mensonges et vérité, pour tracer son propre chemin dans la vie.»

Fruit d'un long processus (plus d'un an d'écriture et d'adaptation, à partir du roman, paru après le film réalisé en 1982), la pièce prend l'affiche du Théâtre Denise-Pelletier demain. Cadieux et Boutin cosignent la mise en scène et dirigent neuf comédiens, dont l'excellent Gabriel Szabo dans le rôle du jeune Alexandre. «Dans notre adaptation, ajoute Sophie Cadieux, nous avons gardé l'essence du film et sa vision du monde des adultes, mais nous avons aussi apporté un souffle personnel. Le spectacle est une ode au théâtre.»

Au Théâtre Denise-Pelletier, du 30 janvier au 23 février.

À l'affiche: Une pièce de Denis Bouchard

Denis Bouchard a créé une comédie dramatique «entre la vie et la mort», intitulée Le dernier sacrement, dans laquelle le comédien et metteur en scène aborde les thèmes de la croyance, du doute et des soins palliatifs. Il s'inspire entre autres de ses voyages et de ses rencontres avec des religieux au Moyen-Orient. Cette pièce «hors du commun», publiée chez VLB, a d'abord été jouée pour la première fois dans une chambre d'hôpital du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM).

Au Théâtre Outremont, les 31 janvier, 1er et 2 février. Puis, elle sera en tournée dans 25 villes au Québec en 2019.

On a vu...: ColoniséEs

On aurait tant aimé embarquer avec Annick Lefebvre dans sa grande marche théâtrale pour célébrer le Québec et son histoire récente. Hélas, malgré un sujet d'actualité et le talent des artistes impliqués, ColoniséEs n'arrive pas vraiment à décoller. Trop de (longs) monologues, trop de dates, d'événements et de références historiques condensés dans une représentation de 1 heure 45 minutes. Comme si ce torrent de mots faisait barrage au sens, aux enjeux dramatiques, et que l'auteure digérait encore la multitude d'informations qu'elle a colligées...

Certes, les admirateurs d'Annick Lefebvre vont retrouver la sensibilité, l'acuité et la logorrhée de l'auteure de J'accuse. Avec ColoniséEs, on renoue avec son écriture riche, son long souffle et son sens de l'observation. Hélas, la production du CTD'A dirigée par René Richard Cyr nous a laissé sur notre faim. Le passage entre le présent et le passé, entre les scènes avec le personnage principal et celles avec Pauline Julien et Gérald Godin, ne se fait pas sans heurts. Bien qu'ici et là les émotions surgissent, grâce au jeu solide des Myriam Fournier, Macha Limonchik et Charles-Aubey Houde, entre autres, ColoniséEs fait un bon survol de l'histoire moderne du Québec... mais passe à côté de sa propre histoire. Pas sûr que cette production lourde dans son exécution soit la meilleure façon de s'initier au théâtre d'Annick Lefebvre.

Au Centre du Théâtre d'Aujourd'hui, jusqu'au 16 février

Photos Valérie Remise, fournie par le Centre du Théâtre d'aujourd'hui

Myriam Fournier, Macha Limonchik et Zoé Tremblay-Bianco dans ColoniséEs

Le chiffre de la semaine: 25 000

Nombre de spectateurs qui se sont procuré des billets de Coriolan, mise en scène par Robert Lepage au TNM. La production ajoute une ultime supplémentaire le 18 février à 19 h 30.

À Ottawa: Programme triple au CNA

Dans le cadre des 50 ans du Ballet national du Canada, la compagnie présente un programme triple dans la capitale nationale : Paz de la Jolla, Apollo et The Dream à la salle Southam du Centre national des arts (CNA). Le jeudi 31 janvier, puis le 1er et le 2 février. 

Aussi à l'affiche

- Aalaapi | ᐋᓛᐱ. Collectif. Mise en scène de Laurence Dauphinais. À la salle Jean-Claude Germain du CTD'A, jusqu'au 16 février.

- Les Coleman-Millaire-Fortin-Campbell, de Claudio Tolcachir. Mise en scène de Louis-Karl Tremblay. À la salle Fred-Barry, jusqu'au 9 février.

- Électre, de Sophocle. Texte français d'Evelyne de la Chenelière. Mise en scène de Serge Denoncourt. À Espace Go, jusqu'au 17 février.

- Noir. Mise en scène de Jérémie Niel. Au Théâtre de Quat'Sous, jusqu'au 9 février.

- Le songe d'une nuit d'été, de Shakespeare. Mise en scène d'Olivier Normand. À la TOHU, du 30 janvier au 10 février.

- Le clone est triste. Du Théâtre du Futur. Aux Écuries, jusqu'au 16 février. 

- Fanny et Alexandre. Au Théâtre Denise-Pelletier, du 30 janvier au 23 février.

- Figurec, de Jacinthe Parenteau et Klervi Thienpon (d'après le roman de Fabrice Caro). Mise en scène d'Olivier Normand (public cible : de 14 à 17 ans). À la Maison Théâtre, du 30 janvier au 3 février.

PHOTO FOURNIE PAR LE THÉÂTRE DU NOUVEAU MONDE

Anne-Marie Cadieux et Alexandre Goyette dans Coriolan