Chaque semaine, La Presse présente les actualités de la semaine dans le monde du théâtre à Montréal et au Québec. Premières, coups de coeur, spectacles en tournée et pièces à voir. La scène se passe ici et maintenant.

Isabelle Vincent: Manifeste de la jeune fille

Les tournées théâtrales se font rares depuis des années. Encore plus dans le cas d'un spectacle comptant une distribution de sept personnages, dont cinq interprètes fraîchement débarqués dans le projet. La pièce d'Olivier Choinière, Manifeste de la jeune fille, profite de cette chance. La comédienne Isabelle Vincent nous parle de cette nouvelle mouture.

«Le spectacle est toujours basé sur les acteurs et nos 110 costumes. Le sujet, c'est le principe de consommer-jeter pour parler d'obsolescence. Même la révolution fait partie du système, dit-elle. J'étais presque choquée quand je l'ai vue à Espace GO. On a tous prononcé les répliques de la pièce à un moment donné et c'est un signe d'aliénation, selon moi.»

Olivier Choinière s'attaque dans son Manifeste au modèle pernicieux de la fille-objet vendable et vendue. À un système économique capitaliste qui déshumanise.

«C'est d'actualité avec les élections, croit Isabelle Vincent. On sait qu'il y a nécessité de changer de paradigme, mais on ne sait plus comment y arriver. Mais la pièce n'est pas que noire, l'espoir réside dans le fait que ces personnages, malgré tout, essaient toujours de vouloir transformer la société. Il y a un espace dans l'interprétation où on va un peu plus loin, je crois, qu'à la création. C'est assez jouissif, très drôle.»

Manifeste de la jeune fille est présentée au Théâtre Outremont le 5 octobre, du 9 au 20 au Périscope à Québec, puis en tournée dans 10 villes d'ici la fin novembre.



Première: Je suis mixte

Mathieu Quesnel ne fait plus tout à fait partie de la relève théâtrale, mais il s'agit de son premier texte «long» écrit en solo qui est monté pour une vraie série de représentations. Il a aussi écrit une dizaine de courtes pièces et coécrit la forme courte L'amour est un dumpling présenté en formule 5 à 7 l'an dernier. Il a aussi signé la mise en scène de Coco en 2016. Cette fois, il met donc en scène son propre texte avec les interprètes Yves Jacques, Benoit Mauffette et Navet confit.

Je suis mixte est présenté à la Petite Licorne jusqu'au 19 octobre.

Présence autochtone: Okinum

Artiste en résidence au Théâtre d'Aujourd'hui, Émilie Monnet présente Okinum («barrage» en anishnabemowin), une pièce qui allie théâtre, son et vidéo. «C'est une autofiction qui part d'un rêve récurrent que j'ai fait à propos d'un castor géant. J'essaie de déchiffrer ce rêve en réfléchissant à l'héritage des femmes de ma famille. Je remonte à l'époque de mon arrière-arrière-grand-mère quand la Loi sur les Indiens et les réserves ont été créées et où on est passé d'un mode de vie nomade à sédentaire. À chaque génération, des choses nous ont été arrachées», nous a-t-elle décrit en entrevue.

Okinum est présentée à la salle Jean-Claude Germain du CTDA jusqu'au 20 octobre.

Photo Mathieu Quesnel, fournie par la production

Je suis mixte 

Diversité: Omi Mouna

On a pu voir Mohsen El Gharbi ces dernières années, notamment, dans L'orangeraie au Théâtre Denise-Pelletier et dans Trois de Mani Soleymanlou. Il a réalisé en 2016 un premier court métrage, Le secret d'Omi Mouna, qui a été vu dans plusieurs festivals. Il revisite la thématique familiale avec Omi Mouna (ou ma rencontre fantastique avec mon arrière-grand-mère), une pièce tragi-comique qu'il improvise chaque soir à partir de faits vécus. Elle a été présentée en avant-première au M.A.I. à Montréal en octobre 2017.

Omi Mouna (ou ma rencontre fantastique avec mon arrière-grand-mère), texte et mise en scène de Mohsen El Gharbi. À la salle intime du Prospero jusqu'au 20 octobre.

5 à 7: Une pièce, une collation, une bière

Les nouveaux directeurs de Duceppe, Jean-Simon Traversy et David Laurin, importent une formule qu'ils avaient mise en place à La Licorne il y a deux ans. Inspiré du concept écossais A Play, A Pie and A Pint, les 5 à 7 Duceppe présenteront dans les coulisses de la salle de courtes pièces à prix modique, 20 $. Les deux complices reprennent, du 30 octobre au 16 novembre, la pièce de Duncan Macmillan Toutes les choses parfaites, traduite par Jean-Simon Traversy et mise en scène par Frédéric Blanchette. Les billets sont déjà en vente.

Aussi à l'affiche

> Les prouesses et épouvantables digestions du redouté Pantagruel, de Gabriel Plante, d'après Rabelais, mise en scène de Philippe Cyr. Au Théâtre Denise-Pelletier jusqu'au 20 octobre.

> Neuf (titre provisoire), texte et mise en scène de Mani Soleymanlou. Au Théâtre d'Aujourd'hui jusqu'au 20 octobre.

> Once, comédie musicale d'Enda Walsh d'après le film éponyme, mise en scène de John Carney. Au Centre Segal du 7 au 28 octobre.

> Les fées ont soif de Denise Boucher, mise en scène de Sophie Clément. Au Rideau Vert jusqu'au 10 novembre.

> Oslo de J.T. Rogers, traduction de David Laurin, mise en scène d'Édith Patenaude. Chez Duceppe jusqu'au 13 octobre.

> Le reste vous le connaissez par le cinéma de Martin Crimp, adaptation et mise en scène de Christian Lapointe. À Espace Go jusqu'au 6 octobre.

> Candide ou l'optimisme de Pierre-Yves Lemieux, d'après Voltaire, mise en scène d'Alice Ronfard. Au TNM jusqu'au 6 octobre.

Photo Alex Paillon, fournie par la production

Omi Mouna