Un invité de La Presse prend position sur des sujets qui marquent son actualité. Cette semaine: Mathieu Quesnel.

Sorti du Conservatoire en 2006, cet acteur est très actif et polyvalent. Il joue au théâtre, au cinéma (De père en flic 2, Le règne de la beauté, Paul à Québec), à la télévision (SNL Québec, Le nouveau show), en plus d'écrire, produire et diriger ses propres projets pour les planches. Cet été, on le retrouve comme directeur artistique du volet théâtral du Zoofest. Il fait également partie de la distribution de la comédie Edmond, mise en scène par Serge Denoncourt, à compter du 26 juillet au Théâtre du Nouveau Monde.

La critique dans les émissions culturelles à la télévision?

Pour

On devrait proposer plus d'émissions où la critique et les artistes sont sur le même plateau, comme on le voit dans l'émission de Laurent Ruquier en France [On n'est pas couché]. Cette formule est propice aux échanges, à la circulation des idées, aux arguments. On dirait qu'au Québec, on a peur des débats. La majorité des émissions artistiques sont consensuelles. On sent qu'on ne veut rien voir dépasser... On n'aime pas la chicane. On reste avec des gens qui pensent comme nous. Je rêve d'une émission culturelle qui rallie le grand public et l'underground. 

Porter plusieurs chapeaux?

Pour

Je ne peux pas être contre... je serais contre moi-même [rires]! J'aime porter plusieurs chapeaux. J'ai envie de tout: jouer, écrire, diriger, faire du stand-up et de la musique, etc. Moi, je suis contre les barrières et les cloisons. Si une personne n'a jamais étudié ou joué au théâtre et décide d'auditionner pour un rôle, je suis d'accord avec ça. Si tu es le meilleur, c'est juste normal que tu décroches le rôle. Peu importe ton parcours. J'aime les personnes qui foncent et défoncent les cloisons. Avant de faire du théâtre, je faisais de la musique; et je compte bien m'y remettre un jour. 

Donner (tous) les premiers rôles au cinéma sans audition?

Contre

Je suis contre la tendance de donner les premiers rôles, sans audition. Je pense qu'on devrait faire des auditions pour TOUS les personnages dans un film. C'est comme si, dans le sport, on ne faisait pas de repêchage. À moins d'écrire un scénario pour un interprète précis, c'est différent. Or, souvent au Québec, les premiers rôles des films sont choisis d'avance. Mais à la quantité d'interprètes qu'on a, c'est fort possible qu'un acteur moins populaire soit très bon en audition... et meilleur que le gros nom qui fait résonner les caisses. Et au bout du compte, le film sera meilleur aussi. Bien sûr, le public aime voir ses vedettes. Mais il aime avant tout se laisser prendre par une bonne histoire.

La nudité à l'écran?

Pour

Je suis pour, mais il faut que la nudité apporte quelque chose de plus à une oeuvre. Elle ne doit pas être là pour compenser une absence de propos. Elle devrait être là pour appuyer le réalisme, nous faire entrer dans l'intimité d'un personnage. Dans les dernières saisons de Lance et compte, ça devenait évident qu'on mettait des scènes de nudité pour racoler le téléspectateur. Pour combler un manque de matière dans le scénario. Un autre exemple, le film La vie d'Adèle. Il y a beaucoup trop de nudité. C'est presque une surdose de nudité!

La multiplication de l'offre culturelle et des festivals?

Pour

Le fait de multiplier, ça fait que chaque spectateur au Québec peut mieux trouver son compte. Ça donne aussi une tribune à la relève. On doit renouveler l'offre culturelle en été. Par exemple, avec le temps, les humoristes ont pris l'espace libéré par la diminution des productions théâtrales estivales. Il faut désormais trouver une dramaturgie qui parle plus aux générations plus jeunes, avec de bonnes pièces comiques et intelligentes, des spectacles concepts.

Les acteurs qui deviennent humoristes; et vice versa?

Pour

Comme je disais dans la question plus haut, tout m'intéresse. Outre la musique, je me suis intéressé à la danse contemporaine à 20 ans, et j'ai fait les auditions pour l'École nationale de l'humour. Je me cherchais beaucoup [rires]. D'ailleurs, j'aime l'ironie et les artistes qui exposent leurs failles. Je suis pour les artistes qui prennent des risques.