Il y a 17 ans, l'auteure et comédienne Evelyne de la Chenelière écrivait la pièce Des fraises en janvier, depuis jouée à de nombreuses reprises et même traduite en anglais et en allemand.

Pour la première fois, le texte sera présenté en version théâtre musical dans une mise en scène de Frédéric Bélanger et mettant en vedette Stéphane Archambault, Isabelle Blais, Jean-Philippe Perras et Laurence Dauphinais.

Evelyne de la Chenelière a donné carte blanche au metteur en scène et se concentre actuellement sur les répétitions de la prochaine création de Brigitte Haentjens à Espace Go (où elle est en résidence), une adaptation de Jean Marc Dalpé du roman-journal Une femme à Berlin de Marta Hillers.

Des fraises en janvier, jusqu'au 3 septembre au Centre culturel de Joliette

Les choix d'Evelyne de la Chenelière

> Théâtre: Ma(g)ma. Une création de Castel Blast, mise en scène et chorégraphie de Léo Loisel et d'Olivia Sofia

«Je suis vraiment curieuse de découvrir cette création qui met en scène 30 artistes, tous finissants de disciplines différentes (théâtre, danse, chant et vidéo). Je trouve l'ambition de ce spectacle très belle. Je suis excitée de découvrir ces artistes que je ne connais pas. Je guette la rentrée théâtrale pour cette création. Même si le côté multidisciplinaire n'est pas nouveau, je trouve que Ma(g)ma a l'air ancré dans une vraie prise de position.

À Espace libre du 31 août au 10 septembre.

> Livre: Écrits sur l'art: Claude Gauvreau, Éditions de L'Homme.

«Je connaissais la poésie et la fiction de Gauvreau. Mais dans cet ouvrage, on a regroupé tous ses articles théoriques et réflexifs sur l'art publiés dans différentes revues. J'ai souvent besoin de retourner à des réflexions sur l'art. Ça réaffirme mon désir de liberté, me solidarise avec tous ceux qui ont cette exigence-là pour eux-mêmes. On perd souvent le lien entre l'art et le politique: ce qu'exige l'art comme sensibilité pour être reçu fait en sorte que les gens changent et ainsi, la politique aussi. On perd de vue ces fils-là et Gauvreau les nomme à de nombreuses reprises.»

> Documentaire: I'm Your Man, réalisé par Lian Lunson

«Je retourne souvent vers ce documentaire sur Leonard Cohen, un concert hommage où plein d'artistes merveilleux chantent ses chansons, mais qui est aussi entrecoupé d'entrevues avec lui. Il fait partie des artistes qui me donnent envie d'être rigoureuse, courageuse, de travailler, dans le sens le plus exigent et noble. On est voué à cela chaque jour de sa vie quand on est artiste. Quand je deviens étourdie par notre époque et que je perds le sens de ce que je fais, j'aime me reconnecter à des paroles comme les siennes.»

> Documentaire: Louise Bourgeois: l'araignée, la maîtresse et la mandarine

«Louise Bourgeois est une artiste qui m'éblouit de liberté. C'est encore plus complexe pour les femmes de vivre leur art. Ce documentaire me donne le goût du dépassement et renouvelle ma conviction que cela a un sens de donner sa vie à l'art. On est tellement dans une ère où le commentaire est abondant et régulier que parfois, seul avec soi et son geste, on peut être piégé à penser que ça n'a plus de portée ou d'importance. Le parcours et la durée de cette artiste me donnent de la force.»

> Livre: Une femme à Berlin de Martha Hillers

«Ce livre a été une véritable découverte pour moi. Il y a ce témoignage terrible de ce qui s'est passé sous l'Allemagne vaincue, en particulier pour les femmes. Mais aussi une réflexion sur l'écriture. Tout ce geste de cette femme qui a tenu un journal, une parole presque objectivant le réel pour essayer de le traverser me bouleverse, m'éblouit. C'est encore un exemple de l'importance de la langue, de la parole et du choix d'écrire.»