Jeanine C. Beaubien, fondatrice et directrice du Théâtre La Poudrière, est décédée jeudi matin à Montréal. Elle avait 96 ans. Mme Beaubien a joué un rôle déterminant pour le renouveau du théâtre montréalais, avant et après la Révolution tranquille.

Membre des Compagnons de Saint-Laurent, la jeune femme attrape la piqûre de la scène au sein de la troupe du père Legault. En 1957, la comédienne fonde La Poudrière. Une compagnie nichée dans une ancienne poudrière sous le pont Jacques-Cartier, qu'elle dirigera d'une main de fer jusqu'à sa fermeture en 1982.

Une décennie avant l'Exposition universelle de 67, la directrice donne une mission internationale et multiculturelle à son théâtre. Elle présente des pièces en français et en anglais, mais aussi en allemand et en espagnol, touchant à tous les répertoires et plusieurs disciplines.

À l'époque, tous les acteurs connus passent par La Poudrière. Les Gilles et Denise Pelletier, Monique Lepage, Louise Marleau, Paul Hébert, Jacques Languirand et Danielle Ouimet ont tous travaillé dans le lieu historique de l'île Sainte-Hélène.

«C'était une grande dame, avec beaucoup de classe, qui portait de beaux chapeaux et s'habillait en Chanel, se souvient Danielle Ouimet. Elle adorait les interprètes classiques, mais elle a quand même pris le risque de me confier un rôle sur les planches, même si j'avais peu d'expérience au théâtre.»

C'était en 1978 dans la comédie Tout est sous contrôle de Jean-Baptiste Quiot et Alexis Verdier. Danielle Ouimet jouait aux côtés des Pierre Thériault et Roger Garand. La directrice passe par-dessus le metteur en scène, Septimiu Sever, pour donner des notes de jeu à la vedette de Valérie.

À la fin de sa carrière, Mme Beaubien prend ses distances avec le milieu théâtral. Elle a été juge à la Cour de la citoyenneté, membre du conseil d'administration de Téléfilm Canada, juge administratif de la Régie du cinéma du Québec et s'est occupée de plusieurs oeuvre caritatives et d'accumuler les honneurs.