Patrice Robitaille a eu l'impression «de sortir d'un long tunnel», en septembre dernier, au bout des 34 représentations de Cyrano de Bergerac au TNM. Après plusieurs mois de travail, d'anxiété et de l'isolement nécessaire pour interpréter l'éloquent et immortel personnage, le jeune papa retrouvait enfin une vie normale. Pour lui rendre hommage, voici un texte en vers inspiré de la célèbre tirade du nez de Cyrano.

Ah bon! «Un long tunnel», vous dites, c'est un peu court.

Creusez davantage, la lumière jaillira au détour.

En variant le ton, tenez, par exemple:

Descriptif: C'est gros! C'est beau! C'est haut!

Que dis-je, c'est haut? Ce rôle, c'est l'Éternité.

Monastique: Quoi?! Déjà septembre et je n'ai point eu le temps de profiter de l'été...

Pédant: Qui vous a permis, impertinent scribe, de faire ma critique?

Touristique: Ah bon! Vous venez pour la première fois au TNM, c'est beaucoup mieux qu'au cirque...

Paternaliste: Vous verrez, ça viendra; un jour, vous l'aurez, ce rôle à la mesure de votre talent...

Pratique: Son agent me dit qu'il aurait pu négocier beaucoup plus d'argent.

Lyrique: C'est un marathon! C'est un décathlon! C'est un téléthon! Ce rôle est tout, sauf un reposoir.

Orgueilleux: On me dit que vous êtes venu ce soir dans l'unique dessein de me voir.

Joual: Une gang de tu-seuls ensemble, c'est ça, ton Cyrano. Pis moé, un héros qui a jamais gagné quequ'chose, c't'un héros pathétique!

Tendre: Faites miroiter à tel comédien qu'il ferait un bon Cyrano; et sa vanité le rendra aussi comique que sympathique.

Enfin. Après avoir incarné ce personnage avec vos tripes, votre tête et votre coeur,

Permettez à l'humble critique de saluer votre performance avec honneur

Sans avoir l'impression de vous tendre un leurre

Et que cette nouvelle année vous apporte, cher comédien, beaucoup de bonheur!