Dans le cadre des événements entourant son 80e anniversaire, l'Orchestre symphonique de Montréal a présenté, hier soir à la Maison symphonique, un concert doublé d'un radiothéâtre diffusé simultanément sur les ondes d'Espace musique. Intitulé OSM: la biographie non autorisée (1934-2034), ce concert avait pour but de souligner à la fois l'héritage culturel de «notre» orchestre et l'évolution artistique de notre province.

On a donc reconstitué la vieille formule des radiothéâtres, avec une voix radiophonique (Michel Keable), quatre comédiens derrière un lutrin (Anne-Marie Cadieux, Sylvie Moreau, Alexis Martin et Pierre Verville) et un bruiteur en direct (Sébastien Heppell). Tout ce beau monde étant bien sûr accompagné des musiciens de l'OSM, sous la direction de Kent Nagano.

Nous ne nous attarderons pas ici à commenter la prestation musicale - ce n'est pas notre spécialité -, sinon pour dire que l'ensemble a été très efficace, si l'on considère qu'il devait surtout livrer des extraits d'une douzaine de pièces classiques, ce qui, sans doute, freine l'élan des musiciens d'un grand orchestre.

Au programme, Bach, Stravinski, Berlioz, Wagner, Prokofiev, Chostakovitch (une tonique et énergique interprétation du 3e mouvement de la Symphonie no 8 en do mineur), notamment.

Malheureusement, le texte humoristique (signé par le script-éditeur Daniel Langlois, ainsi que par Olivier Morin et Guillaume Tremblay, les auteurs de Clotaire Rapaille: l'opéra rock) n'était pas à la hauteur de l'événement.

Juste pour rire?

En abordant les 80 ans de l'OSM uniquement sous le mode de l'humour, en multipliant les raccourcis historiques, blagues faciles ou grivoises et autres clichés, cette Biographie non autorisée avait des airs de cabaret de variétés.

Loin de nous l'idée de vouloir tomber dans l'élitisme. Tout le monde est pour la démocratisation de la musique classique. Mais un hommage à une institution de l'envergure de l'OSM n'est pas un gala Juste pour rire. Il ne faut pas confondre les genres.

Tout au long de la performance, les comédiens jouent chronologiquement des personnalités québécoises fictives ou historiques. Mais toujours avec un fort accent du terroir, ou bien le «perlé» pointu de la bourgeoisie de jadis. Illustrer d'où l'on vient, d'accord. Mais de là à conserver ce ton caricatural tout au long du programme, même pour jouer des musiciens de l'OSM... Pas sûr. Pas sûr du tout.

Est-ce encore cela, en 2013, les deux pôles de la culture québécoise? Près de 50 ans après que les Tremblay, Aquin, Dubé et autre Réjean Ducharme nous ont sortis de notre infériorité culturelle?

Et 2034, là-dedans? Comme Morin et Tremblay sont membres du Théâtre du futur, ils ont anticipé l'avenir en prédisant que, pour son centenaire, l'OSM et son maestro allaient jouer pour Raël et ses Élohim revenus sur Terre! Belle perspective d'avenir...