Il s'est fait remarquer l'automne dernier dans Poésie, sandwichs et autres soirs qui penchent, puis de nouveau cet hiver dans Sorel-Tracy. Le jeune acteur Simon Lacroix remonte cette fois sur scène avec une création, Projet bocal, avant d'entamer une résidence de trois ans au Quat'Sous.

Il fallait voir Simon Lacroix interpréter Évasion Kaput de Jean-Sébastien Larouche dans le cabaret poétique de Loui Mauffette. Son premier show professionnel. Aux côtés d'acteurs chevronnés comme Jean-François Casabonne ou Patricia Nolin, le grand rouquin de 28 ans faisait le poids. Moins de deux ans après sa sortie du Conservatoire, l'auteur et comédien nous propose sa première création.

Projet bocal est d'ailleurs né dans les classes du Conservatoire. Avec ses acolytes Raphaëlle Lalande et Sonia Cordeau, Simon Lacroix s'est amusé à créer de petites formes théâtrales dans le cadre des Ateliers libres de l'école. Le trio a présenté une première mouture de son Projet bocal sous forme de laboratoire. Aujourd'hui, le spectacle que les interprètes ont eux-mêmes mis en scène compte quelque 20 saynètes accompagnées de chansons.

«Ce sont de petits objets théâtraux, précise Simon Lacroix. Même s'il n'y a rien qui les lie entre eux, ils ont tous été créés dans le même ton, estime-t-il. Avec un désir de fantaisie, d'étrangeté, d'humour. Il y a aussi une recherche dans la forme et dans l'esthétique, qui est très fifties. Comme les romanciers commencent par écrire des nouvelles et les cinéastes des courts métrages, nous avons voulu faire de courtes formes théâtrales.»

Cabinet de curiosités

Projet bocal est donc à la fois le nom du collectif et le titre de cette première création présentée à La Licorne. «Comme on est beaucoup dans l'étrange, on aimait bien l'image d'un bocal qui déforme un peu la réalité quand on regarde à travers, indique Simon Lacroix. On en a aussi de toutes les tailles. Ce spectacle est comme un cabinet de curiosités. On joue seul, à deux ou à trois, en interprétant des personnages différents.»

«La forme courte se prête bien à ces jeux de fantaisie», poursuit Simon Lacroix. Des exemples? «Raphaëlle interprète le rôle d'une jeune femme extrêmement introvertie qui anime une séance d'information dans un planétarium. Ça dure une minute environ. Dans une autre histoire, Jeanne est atteinte d'une maladie appelée la clémentite. Elle décide d'aller au Maroc pour se faire guérir...»

Simon Lacroix avoue avoir un faible pour l'humour de situations, notamment celles qui provoquent un malaise. Ses références? La série The Office ou encore le film For Your Consideration. «Dans Projet bocal, il y a beaucoup de dérision, dit-il. J'aime le théâtre ludique qui passe par l'humour. Je ne crois pas être encore prêt à écrire un drame.»

Et pourtant, Simon Lacroix a fait des études pas du tout ludiques en philosophie avant d'entrer au Conservatoire. «Je savais que je voulais faire du théâtre, mais j'avais besoin de me nourrir avant. Je suis très cérébral et la philosophie m'a permis d'analyser, de réfléchir, d'écrire aussi, mais, à la fin, je me sentais moins vivant. Maintenant, j'ai envie d'écrire et de créer.»

Une websérie

Pendant sa formation au Conservatoire, Simon Lacroix a aussi lancé avec son collègue Julien Hurteau une websérie baptisée Deep, en ligne sur Tou.tv. «C'est une série qu'on a tournée dans ma cuisine, où l'on suit trois personnages qui sont dans un monde métaphysiquement instable», indique-t-il.

Il travaille actuellement à l'écriture d'une autre websérie, Agent secret, qui mettra en vedette Patrick Hivon. Produite par LP8 Média (anciennement La Presse Télé), la série sera centrée sur un agent secret colérique qui broie du noir. «Ce sera assez décalé, indique Simon Lacroix. Il y aura beaucoup de clichés aussi: une femme fatale, un scientifique, des méchants, etc. L'agent a un acolyte qui meurt à la fin de chaque épisode; ça nous donnera l'occasion d'inviter plusieurs comédiens!»

Dans le cadre de sa résidence d'artiste, on le verra sur scène durant la prochaine saison du Quat'Sous, mais il écrira aussi un texte dès ce printemps, une autre courte forme qu'il aimerait présenter comme un «digestif théâtral» à la suite d'un spectacle au programme. Il a l'intention de poursuivre son travail avec Raphaëlle Lalande et Sonia Cordeau. «On a une complicité tellement agréable et précieuse, dit-il. Le plaisir que j'en retire est énorme.»

Projet bocal, du 11 au 22 mars à La Licorne.