Que faire devant les vertiges de la vie et les amours effilochées? Se questionner et puis choisir. Choisir l'espoir, suggèrent plusieurs artistes cet automne, du chanteur Louis-Jean Cormier au conteur Fred Pellerin. Choisir l'espoir... et la beauté, ajoute la comédienne Véronique Côté, dont la première pièce, Tout ce qui tombe, a pris l'affiche au Théâtre d'Aujourd'hui dans une mise en scène de Frédéric Dubois.

L'essentiel de la pièce se déroule à Berlin. Elle montre trois couples qui, à trois époques différentes, jouent avec les frontières de leur intimité: ils érigent des murs, tentent de les abattre ou de se faufiler dans les brèches, se cherchent, se fuient ou se trouvent. Il y a Rose (Julianna Herzberg) et Morritz (Benoît Mauffette) qui, à l'automne 1989, veulent passer à l'Ouest en se faufilant par la Hongrie... sans savoir que le «mur de la honte» est sur le point de s'effondrer.

Dix ans plus tard, il y a Christophe (Olivier Normand) et Charlotte (Marie-Hélène Gendreau), un couple mixte - il est Québécois, elle est Allemande - qui bat de l'aile et autour duquel tourne Marie (Catherine-Amélie Côté), une fille d'ici en voyage là-bas. Puis, en 2009, il y a Sophie (Édith Patenaude) et Marco (Steve Gagnon), deux Québécois exilés dans la capitale allemande rongés chacun par des inquiétudes qui menacent un amour qu'ils souhaitent fort, entier et durable.

Puisque les destins des uns et des autres sont liés ou, à tout le moins, croisés, les sept acteurs demeurent en scène durant toute la représentation, sur un plateau encombré d'objets divers. Surtout des chaises et des tables, qui évoquent tantôt un café, tantôt un avion. L'arrière-scène est un mur- écran qui rappelle celui qui isolait jadis les deux moitiés de la capitale allemande, sur lequel sont aussi projetés des surtitres puisque certains des personnages s'expriment dans la langue de Goethe.

Pendant deux heures (qui paraissent longues), on assiste au déballage progressif des états d'âme des uns et des autres, à des engueulades parfois teintées d'humour et on est témoin de déchirements amoureux où l'anecdote l'emporte souvent sur l'ambition d'atteindre l'universel. Véronique Côté sait attacher ses fils narratifs, mais sa langue, bien qu'élégante, suggère si peu et dit tellement qu'elle a du mal à transcender le quotidien qu'elle raconte. Son romantisme assumé confère toutefois à l'ensemble un côté fable qui, sans se révéler étonnant, caresse le coeur en invitant à croire que tout ce qui tombe... finit par se relever.

___________________________________________________________________________

Tout ce qui tombe, jusqu'au 17 novembre au Théâtre d'Aujourd'hui.