Le Théâtre Niveau Parking propose un texte percutant, mais aussi tortueux, de Daniel Brooks qui porte sur le désir impuissant de révolte de quatre personnages prisonniers de leur relation amoureuse, qui expriment, dans leurs songes, leurs pensées profondes et leurs fantasmes.

Le point de départ de ces nuits sans sommeil: l'épuisement de la relation amoureuse d'un couple (John et Gwen) avec un bébé naissant, aspiré par la routine d'un plat quotidien. Une routine accentuée par des problèmes financiers qui marque la fin de leur idylle.

Le metteur en scène Michel Nadeau propose de petites saynètes où l'on est témoin de la déconfiture de ce jeune couple en pleine dérive. Jusque-là, rien de vraiment extraordinaire. Nicola-Frank Vachon et Catherine Larochelle en beurrent un peu épais, mais le message passe: ces deux-là sont perdus.

Arrive le frère de John, interprété par Normand Bissonnette, qui le force à s'interroger sur la valeur de sa relation amoureuse avec Gwen, lui qui n'est pas plus heureux avec sa propre femme (interprétée par Sophie Martin). Est-il vraiment troublé par elle? Est-ce qu'elle le fait vibrer?

Mais sommes-nous bien ancrés dans la réalité ou ces échanges sont-ils le fruit de l'imagination de ce frère insomniaque? La suite s'avère ainsi plus intéressante et aussi plus tordue, puisqu'on plonge dans un monde fictif sans tabou, où par exemple chacun des frères fantasme sur la femme de l'autre. Ces exercices nocturnes culmineront par une discussion surréaliste de John avec le diable!

La proposition scénique n'est pas toujours claire et le jeu des comédiens est inégal, mais le résultat ne laisse pas indifférent. Le personnage de John résume bien sa pensée lorsqu'il pose ces questions: «Pourquoi les gens ne sont pas plus violents? Pourquoi ils ne se révoltent pas? Pourquoi ils sont aussi paresseux?»

Toute la révolte est là, dans la dénonciation de l'inaction, qui apparaît clairement dans l'esprit embrumé de cet insomniaque. Mais que de détours empruntés pour en arriver là! La fin de la pièce nous extirpe de ces errements de l'esprit en posant une question implicite: que va-t-il faire maintenant de sa vie? La question n'est pas banale.

Insomnie, jusqu'au 12 mars à la Cinquième salle de la PdA.