Joël da Silva rallume son fourneau le temps de nous préparer une douzaine de muffins sur la scène de la Maison Théâtre transformée temporairement en lieu de création culinaire.

Présentée aux festivals Trois jours de Casteliers et Petits bonheurs en 2010, Le temps des muffins est née d'une idée toute simple: faire un parallèle entre le temps théâtral et le temps de fabrication des muffins, deux actes de création, qui se terminent par le démoulage, sur scène, de 12 petits gâteaux qui ont cuit pendant le spectacle.

«Au fond, j'avais envie de poétiser la cuisine, nous dit Joël da Silva, qui a été assisté à la mise en scène par Serge Marois de L'arrière-scène. Pour communiquer tout le plaisir qu'on peut avoir à faire de la nourriture dans la cuisine, qui est l'un des premiers théâtres pour les enfants.»

Mais pourquoi le muffin? «C'est vrai que j'aurais pu cuisiner autre chose, mais lorsque j'ai écrit cette pièce, je me targuais auprès de mes amis de faire les meilleurs muffins du Plateau! confie l'auteur de Garde-robe. Idéalement, ils doivent être petits avec beaucoup de choses dedans. Bref, je crois que les muffins étaient très présents dans ma vie...»

Une fois l'idée lancée, il a quand même fallu travailler sur ce projet pour en faire autre chose qu'un cours de cuisine pour enfants. C'est ainsi que se sont construits le décor et la scénographie, et que ce sont ajoutées des marionnettes et des objets divers, manipulés par Jean Cummings. Résultat: il faut mettre huit heures pour construire l'univers ludique de cette cuisine-théâtre.

«Plein de petites surprises»

«Chaque ingrédient est le prétexte d'une petite histoire ou d'une musique, nous confie Joël da Silva. La boîte de son, dans laquelle se trouve un petit bonhomme; le sucre qui tombe du ciel; le sac de farine qui danse, etc. Il y a aussi le personnage de tante Léa, qui apparaît dans une des armoires, et qui avait un secret pour réussir les muffins... C'est plein de petites surprises comme ça.»

Joël da Silva, qui en est à son troisième spectacle solo (après Le magasin des mystères et La nuit blanche de Barbe-bleue), adore se mettre en scène. «Je trouve ça vraiment agréable de pouvoir transmettre moi-même mon univers, mon humour, ma poésie.»

Le comédien souligne l'importance de sa collaboration avec l'auteur et metteur en scène Serge Marois, qui l'a aidé à ne pas se perdre dans ses envolées poétiques, qui peuvent le faire glisser jusqu'à perdre les jeunes spectateurs. «Il m'a aidé à garder le cap, à me centrer sur mon histoire», dit-il.

On reconnaîtra ainsi l'humour parfois absurde de l'auteur, comme dans cette scène où apparaît le fantôme d'un muffin brûlé (car laissé trop longtemps dans le four), qui se fâche contre le chef et jette un sort sur le four pour ne pas qu'il chauffe. Ou alors de ces moules à muffins qui se croient différents les uns des autres.

Pour réussir sa performance, Joël da Silva tenait à ce qu'il y ait un rapport de proximité avec le jeune public, invité en petit nombre. Pour ce faire, la scène de la Maison Théâtre a été scindée en deux, de manière à ce que les enfants partagent l'espace du comédien.

Et les muffins, est-ce qu'on peut les manger, à la fin de tout ça? «J'aurais aimé ça, dit-il, mais à 125 muffins par soir, c'était un peu compliqué... Mais tout le monde sentira le parfum des muffins à la fin de la représentation!»

Le temps des muffins, à la Maison Théâtre du 2 au 27 février. Pour les enfants de 4 à 6 ans.