Après avoir joué Monsieur Malaussène au théâtre pendant plus de trois ans, le comédien Vincent Magnat s'attaque à un autre texte de Daniel Pennac: Kamo, l'idée du siècle, un monologue qui aborde avec humour le passage du primaire au secondaire.

Le personnage de Benjamin Malaussène, sublime bouc-émissaire du Bonheur des ogres, immortalisé par les illustrations de Jacques Tardi, a fait le tour du monde à la fin des années 80. Toute la saga Malaussène qui a suivi aussi.

Mais on connaît moins bien les romans pour enfants écrits par Daniel Pennac dans les années 90, dont au moins quatre mettent en vedette un sympathique petit garçon à la langue bien pendue, qui répond au nom de Kamo.

Vincent Magnat, lui, a tout lu. Formé en France, mais établi au Québec depuis 15 ans, il a commencé à jouer Pennac en 2006, avec la création de Monsieur Malaussène au théâtre, dans une mise en scène de Marc Béland. D'abord programmée au Prospero, la pièce a été jouée partout au Québec, jusqu'à l'an dernier.

«J'aime la langue de Daniel Pennac, son humour, son inventivité, détaille Vincent Magnat, rencontré la semaine dernière. Il a d'ailleurs assisté en 2008 à une représentation de Monsieur Malaussène. C'est à ce moment que je lui ai parlé de mon intention d'adapter son roman Kamo, l'idée du siècle, dont j'avais déjà fait une lecture publique.»

Encouragé par le créateur de Malaussène, ravi d'être joué au Québec, Vincent Magnat a donc replongé dans l'univers ludique de l'auteur, cette fois avec la metteure en scène Michoue Sylvain. Ensemble ils ont transformé en monologue ce petit roman destiné aux enfants de 10 ans.

«On s'appuie beaucoup sur le jeu physique de Vincent, nous dit Michoue Sylvain, qui a notamment travaillé à la mise en scène des spectacles Wintuk et Totem, du Cirque du Soleil. Le niveau de difficulté est élevé puisqu'il interprète au mois neuf personnages à lui tout seul! C'est très sportif.»

Schizophrène, dites-vous? Pas autant qu'un des personnages centraux de cette histoire, le professeur Margerelle, qui accepte la proposition de l'élève Kamo, dont l'idée du siècle consiste à ce que son «prof bien-aimé» joue le rôle de plusieurs professeurs (mathématique, français, anglais, etc.) pour préparer la classe à l'école secondaire!

La Presse a assisté la semaine dernière à un enchaînement complet de la pièce. Et c'est prometteur.

Vincent Magnat incarne tour à tour le rôle du narrateur (un ami de Kamo), Kamo, leurs camarades de classe, ainsi que le professeur Margerelle avec toutes ses déclinaisons.

Au fond de la scène, d'énormes panneaux d'ardoise sur lesquels on a dessiné à la craie les éléments du décor, nous transportent, tantôt dans la maison du jeune narrateur, tantôt dans la classe de M. Margerelle et dans la cour d'école. Un bureau et des chaises sont les seuls accessoires du comédien.

Mais c'est la musique composée par Charmaine Leblanc, présente sur scène, qui donne vraiment le ton à cette comédie légère, qui rappelle les aventures du Petit Nicolas. Cette Charmaine Leblanc, (qui a codirigé Voxtrot pendant 20 ans avec Michoue Sylvain et qui travaille présentement avec les 7 doigts de la main) prend un réel plaisir à ponctuer de sons divers le texte de Pennac.

En plus des bandes-son, elle multiplie les effets de bruitage grâce à un drum pad déposé dans un pupitre. D'autres instruments sont dissimulés dans le décor et participent à la présentation de ce sympathique récit livré avec beaucoup de talent par Vincent Magnat, qui a eu, un peu comme Kamo, l'idée du siècle, en adaptant ce roman.

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Demain à 10 h au théâtre Hector-Charland de L'Assomption, puis en tournée partout au Québec jusqu'en mars 2011. Pour consulter l'horaire: www.theatregalileo.com