Mardi matin, tous les médias réunis à Avignon avaient les yeux braqués sur une toute jeune artiste à l'accent québécois, venue leur entretenir de sa fascination pour l'acteur Steve McQueen. «Je parle du début de «notre» relation, jusqu'à sa mort, comme si je racontais ma vie avec lui…», a candidement expliqué Renée Gagnon, qui a été invitée à Avignon pour présenter le Projet McQueen, dans le cadre de la série La Vingt-cinquième heure.

Mêlant montage vidéo de tous les films de Steve McQueen, de la musique, des textes poétiques et de la performance, le Projet McQueen est évidemment la continuité du livre Steve McQueen (mon amoureux), que Gagnon a publié en 2007. Renée Gagnon dit que c'est le rêve américain et son effet, l'idolâtrie, qui l'a amené à s'imprégner de l'univers de Steve McQueen.

Ce projet hybride entre le théâtre et le cinéma s'inscrit d'ailleurs dans un volet cinématographique qui fait office de nouveauté, cette année, au festival d'Avignon. Non seulement pourra-t-on notamment voir des films des Libanais Ghassan Salhab, Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, mais le public de théâtre peut aussi découvrir le travail de mise en scène d'Amos Gitai et Christophe Honoré.

Ce qui explique évidemment la présence du cinéaste d'origine acadienne Rodrigue Jean à Avignon. Le réalisateur de Full Blast se fera connaître des festivaliers avec trois films: Long Song (2008), Yellownife (2002) et le documentaire Hommes à louer (qui sortira au Québec l'automne prochain).

«Quand Vincent Baudriller (le codirecteur artistique du Festival d'Avignon) m'a invité, j'étais un peu étonné que l'on mette côte à côte dans le festival le Liban et le vide de l'Amérique. D'un côté, il y a dans mon travail l'implosion de l'Amérique et de l'autre, des cinéastes qui parlent d'un Liban qui explose».

Si Rodrigue Jean se retrouve ses jours-ci au Festival d'Avignon, c'est bien sûr en raison de son amitié artistique avec Wajdi Mouawad, avec qui il a collaboré pour le film Lost Song (inspiré par le mythe de Médée).

En conférence de presse, Rodrigue Jean a précisé qu'il était Acadien: «je travaille toujours à partir du destin minoritaire, métissé et opprimé». L'idée du documentaire Hommes à louer, poursuit-il, a émergé lorsqu'il vivait à Londres et travaillait dans un centre de soutien aux jeunes de la rue. Rebuté par le contrôle des médias anglais, il a repris le projet à son retour au Québec. Après une annulation du projet par l'ONF et un ralliement des médias et du monde du cinéma pour que voit le jour son film, Hommes à louer sera enfin vu à Avignon.

Rodrigue Jean a affirmé que si le capitalisme global soumet tous les cinémas nationaux à des critères de rentabilité, le Québec demeure encore une exception. «La raison pour laquelle le cinéma tourne dans le monde, c'est qu'il y a encore des investissements destinés aux contenus».