«Quand je sais que je vais voir un spectacle de Krzysztof Warlikowski, je compte les jours. Avec Robert Lepage, il est l'un des rares metteurs en scène qui me fait devenir spectateur, grâce à la beauté, l'intelligence, la générosité de ses pièces et la force de ses comédiens», déclare Wajdi Mouawad, au bout du fil.

Lorsqu'il a accepté la direction artistique du Théâtre français du CNA, Wajdi Mouawad s'est questionné sur ce que lui, en tant qu'artiste dont la langue maternelle n'est pas le français, pouvait apporter à cette institution vieille de 40 ans.

 

Il a d'abord songé à créer un spectacle en arabe. Puis, il s'est ravisé: la transformation qu'il voulait insuffler au Théâtre français dépassait la notion de langue. Alors que le Québec était en pleine crise des accommodements raisonnables, Wajdi, lui, cherchait comment intégrer dans son théâtre une plus grande «ouverture à l'autre.»

Le choix de Krum de Krzysztof Warlikowski s'est imposé tout naturellement. «C'est un spectacle extrêmement onirique, très festif, qui raconte l'histoire d'un type qui rentre chez lui, parce que son rêve n'a pas marché. On voit comment les rapports sont devenus impossibles avec ses amis, son ancienne copine, ses parents. C'est un spectacle très drôle dans la désespérance, l'onirisme, la poésie, les corps, la lumière. Ces personnages exacerbés, au bord du désespoir mais toujours vivants et joyeux malgré tout, ont quelque chose de très proche d'Almodovar ou de Fellini.»

De son côté, Wajdi Mouawad présentera sa pièce Ni le soleil ni la mort ne peuvent se regarder en face, au CNA en mai prochain, avant d'être propulsé vers Avignon. Celui qui est «artiste associé» du festival y présentera un événement de 10 heures qui réunira Littoral, Incendies et Forêts, dans la cour d'honneur, pour quatre soirs consécutifs. La semaine suivante, il livrera Ciels, quatrième et dernier volet de sa tétralogie.

Krum, de Krzysztof Warlikowski, au Théâtre français du Centre national des arts, du 17 au 21 février.