Le duo d'humoristes crée ce mois-ci  un nouveau spectacle qui va encore plus loin dans le non-sens.

Le troisième spectacle des Denis Drolet, Comme du monde, était «du théâtre d'été psychédélique», lance Sébastien Dubé, le Denis barbu.

«Là, on est revenus à Ding et Dong, aux Lundis des Ha! Ha!», enchaîne Vincent Léonard, l'autre moitié du duo iconoclaste par excellence.

Six années ont passé et leur nouvelle création, En attendant le beau temps, est un retour aux sources de l'absurde et du délire, les deux mamelles auxquelles les Denis se sont toujours nourris depuis leurs débuts, mais en se gardant une petite gêne, semble-t-il.

«On n'aurait peut-être pas eu de carrière, affirme Vincent, qui exagère sans doute un peu. On a toujours fait de l'expérimentation, mais on l'encadrait, on donnait des pistes aux gens.»

Dans Comme du monde, qui leur a valu deux Olivier (pour leurs textes et la mise en scène signée Pierre-François Legendre, toujours en poste), ils abordaient par la bande leurs préoccupations de jeunes pères de famille avec le décalage qu'on leur connaît.

«Comme du monde avait une ligne directrice claire: les gars veulent se caser, rappelle Sébastien. On n'a pas fait de compromis, mais des calculs. On voulait ouvrir un peu...»

«Comme nos idoles Claude Meunier, Rock et Belles Oreilles et Plume, on veut être à gauche, on veut garder notre côté artiste, on veut déconstruire des affaires, mais c'est le fun que le monde embarque aussi», indique Vincent Léonard.

«Pour aller les chercher, on a fait un demi-détour pour arriver aujourd'hui à leur présenter du Denis Drolet à l'état pur, poursuit-il. On se plaît à dire que notre quatrième spectacle aurait dû être le premier, mais, à l'époque, on était tous d'accord qu'il fallait donner une chance au monde. Là, on arrive au moment où le monde la pogne.»

«Ils veulent ça», renchérit Sébastien.

Des chansons pour respirer

Vincent et Sébastien ont adopté leur nom de scène en jumelant un nom et un prénom trouvés par hasard en feuilletant deux romans.

«Si on s'appelle les Denis Drolet, c'est pas pour rien, explique Sébastien. C'est le nom d'un gars, on fonctionne...»

«... comme si on était un», complète Vincent.

Grands amis depuis l'enfance, ils ont abordé leur improbable métier en pondant des chansons «bizarres», un plaisir qu'ils avaient un peu boudé dans Comme du monde. Cette fois-ci, les chansons reviennent en force, mais, hormis la très crue La douche, elles ont une nouvelle fonction, explique Sébastien: «On s'en sert comme le faisait Deschamps: après des numéros bien chargés, trash, on arrive avec des chansons plus jolies, plus mélodieuses.»

C'est justement à une vieille chanson de leur cru, qu'ils n'avaient jamais jouée sur scène ni sur disque, mais qui a refait surface lors d'une séance de remue-méninges, qu'ils ont emprunté le titre de leur spectacle En attendant le beau temps.

«C'est une bombe, c'est chargé, et il y a des thèmes assez lourds aussi, dit Sébastien. On parle de la mort, mais à notre façon.»

«On parle de la maladie mentale et aussi beaucoup du vide, de tout ce qu'on fait qui n'a aucun bon sens en attendant qu'il arrive quelque chose qui a de l'allure, poursuit Vincent. Mais c'est débridé, c'est débile et on ne voit pas le temps passer.»

«C'est un manège unique qui ne ressemble à rien de ce qui se fait en humour au Québec et peut-être ailleurs. C'est notre force et on s'en sert», affirme Sébastien Dubé.

En attendant le beau temps se démarque aussi des spectacles précédents en ce que, pour la première fois, on n'y verra pas le danseur et mime Just-to-Buy-my-Love.

«Artistiquement, c'était dangereux de tuer le personnage en le ramenant dans ce show-là, explique Sébastien. On trouvait qu'il n'avait pas assez de viande, qu'on avait fait le tour, alors, aussi bien l'enlever, quitte à le ramener dans un autre projet.»

Objectif: dessin animé

Les Denis Drolet en ont pour au moins un an et demi à jouer ce nouveau spectacle dont ils aimeraient bien tirer un vinyle de chansons. Ils ont aussi bon espoir que le projet de dessin animé sur lequel ils planchent depuis une douzaine d'années se concrétise, même si leur association avec Télétoon ne tient plus depuis quelques semaines.

«Le producteur a viré fou», lance Sébastien.

«C'est le syndrome du producteur qui se mêle trop de la créativité, ça dénaturait tout notre projet, explique Vincent. On s'est donc retirés, mais on a déjà une bonne équipe à nous, dont le dessinateur Alex Couture, le créateur de L'agent Jean. Le dessin animé, c'est l'imaginaire, la liberté. Si on veut aller au Japon en deltaplane dans un dessin animé, on peut, et les personnages ne vieilliraient jamais. Ça va se faire moins vite qu'on pensait, mais on va le faire à notre manière.»

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Les Denis Drolet sont en tournée avec leur quatrième spectacle, qui sera présenté les 30 et 31 janvier au Monument-National.