Les Zapartistes soufflent 15 chandelles en s'offrant un très gros gâteau. Plutôt qu'une revue de l'année, ils s'envoient le siècle au complet, aussi jeune soit-il, mais riche en scandales, dérives et peurs de toutes sortes.

« C'est un show très tendance. Nous, on fait généralement des cabarets avec de longs sketchs. Mais là, c'est plus zapping : on parle avec les gens, on fait un peu de stand-up, on fait un numéro court, une chanson », explique le vétéran Christian Vanasse, dit « les gros yeux ».

« C'est comme un show rock d'humour », ajoute Vincent Bolduc, dit « le petit ».

« Je dirais même punk-rock. On a tous des Doc Martens sur scène. Il y a une esthétique avec des papiers collants qui dépassent. Pas prétentieux, mais avec une colère », résume Jean-François Nadeau, dit « le pouète ».

Mais c'est encore la mère Nature Nadine Vincent qui résume le mieux l'affaire : « Il n'y a pas beaucoup de numéros dans lesquels on s'installe. Ça roule beaucoup. C'est comme si tous nos 21 shows avaient été montés dans une émission d'une heure pour la télé. » 

SCANDALES

Comme il se doit, le spectacle commence avec un scandale libéral et se termine avec un... scandale libéral.

Sans que ce soit un show de best of, on retrouvera des personnages bien connus, interprétés à la sauce Zap. Les Jean Charest et Stephen Harper qui ne sont plus, dans l'actualité s'entend, mais qui ont marqué le siècle jusqu'ici. 

« On verra Charest martini à la main toujours en train de s'en sauver. Bouchard paternaliste et déçu des Québécois. La victime par excellence, Gérald Tremblay », indique Christian Vanasse, dit « l'indic ».

ALCOOL PUR

Mais encore : la dérive sécuritaire post-2001, la chute du mouvement indépendantiste, l'abandon du collectif pour l'individuel, la droite décomplexée, la gauche fragmentée... 

« Il y a tellement d'affaires dont on parle. Faut quand même dire une ligne sur [André] Boisclair. Non, une ligne, c'est pas bon... [rires] Tellement de personnes à nommer, d'humour à distiller pour arriver à un alcool pur », note Vincent Bolduc, dit « le paquet de nerfs ».

Sur scène, les trois mousquetaires seront au lutrin avec l'ombre de la fondatrice invisible et trois musiciens : Simon Estérez, Jean-Sébastien Nicol et Benoît Rocheleau.

« C'est un geste politique d'avoir des musiciens sur scène avec nous dans cette ère de streaming et de Spotify », insiste Jean-François Nadeau, alias Justin Trudeau. 

GRANDE BOUFFE POLITIQUE 

Les Zapartistes ne changent pas. La politique, ils en mangent encore et encore. Idéalistes d'un jour, militants pour toujours, farouchement engagés contre l'individualisme. 

« Les politiciens passent au bat, la politique aussi. On dit aux citoyens que nous avons le pouvoir de rire d'eux. C'est un grand appel à la mobilisation, ce show-là. C'est sûr qu'on tape plus fort sur certains ennemis. C'est militant, mais autodérisoire aussi », lance Vincent Bolduc, dit « le batteur ».

« On est bombardés, multitâches, déconcentrés, médicamentés... On est dans le prélart. On a besoin de faire le point parce qu'on est mal partis. Mais on veut rire. Notre but, c'est de donner du gaz aux troupes. Ça remonte le moral de sentir qu'on n'est pas tout seuls », poursuit Jean-François Nadeau, dit « le suiveux ».

« On rêvait de changer le monde il y a 15 ans avec le nouveau siècle ; là, on se demande ce qui n'a pas marché. Quand a-t-on raté le virage ? Voir tout ce qu'on a subi au cours des 15 dernières années, ça donne un choc, quand même », conclut Nadine Vincent, qui a toujours le dernier mot.

La revue du siècle des Zapartistes, Club Soda, 15 novembre

> Consultez le site des Zapartistes