La franchise était le thème imposé par Laurent Paquin au 17e Gala Les Olivier, qu'il a mené avec le professionnalisme qu'on lui connaît, pour une soirée qui a roulé au quart de tour, et où les humoristes ont joyeusement frappé les uns sur les autres, respectant ainsi l'esprit de ce gala qui se veut plus drôle que tous les autres. Aucune domination flagrante dans les prix, mais la consécration pour François Bellefeuille et l'Olivier de l'année à Martin Matte.

«Les galas qui commencent par un numéro musical, maudit que j'haïs ça» a lancé Laurent Paquin, au début du 17e Gala Les Olivier, brisant une animation rétro avec chorale d'enfants qui nous a fait craindre le pire pendant une petite minute.

Laurent Paquin, l'un des humoristes les plus expérimentés des Galas Juste pour rire qu'il anime comme un pro, avait promis d'égratigner les grands noms de l'humour dans son animation. Et il l'a fait, pas trop méchamment, dans un monologue d'ouverture plutôt court et modeste, à l'image de sa présence efficace mais humble. Mais il a donné le ton de la soirée, ouvrant la porte à ses collègues pour faire de même. Le Gala Les Olivier a été un festival de pointes lancées entre gens du milieu, au grand plaisir de tout le monde.

Autre bon flash, celui d'avoir comme «hôtesse» du gala Phil Roy, dont les cris stridents de détresse et la mauvaise humeur ont ponctué la soirée. Il avait la responsabilité d'assommer avec une guitare les gagnants trop longs ou mauvais dans leurs remerciements, et Alex Nevsky a servi d'exemple. «On est aux Olivier, vous êtes drôles, arrangez-vous pour que ça paraisse», a ordonné Laurent Paquin. L'animateur et son hôtesse ont fait un charmant numéro avec Louis-Jean Cormier, qui «fait chier» par sa popularité auprès des femmes.

Philippe Bond et Dominic Paquet ont présenté le premier prix, celui du spectacle le plus populaire de l'année, en offrant des imitations absurdes des humoristes en nominations. Le lauréat Louis-José Houde, dont le succès du spectacle Les heures verticales ne se dément pas, a reçu son prix en leur disant ceci: «Des gars qui ont déjà fait les premières parties de mes shows et je suis déçu des trois!»

François Bellefeuille a présenté l'Olivier de la meilleure comédie de l'année à la télévision, qui est allé, sans surprise, aux Beaux Malaises de Martin Matte.

Celui-ci en a profité pour baver Sugar Sammy, en se demandant s'il devait faire de la pub comme lui pour gagner l'Olivier de l'année. «Je ne sais pas, j'ai toujours gagné mes trophées avec mon talent...» Et c'est lui, finalement, qui est allé chercher le fameux trophée, déterminé par le vote populaire! Il avait d'ailleurs l'air très surpris de cet honneur. «Eh boy! Je suis ébranlé et habituellement toujours prêt.» Il prépare son discours en anglais pour le festival de Banff où Les Beaux malaises sont en nomination.

L'une des catégories les plus drôles était celle du «Comique malgré lui», avec des extraits qui ne montraient pas le meilleur de Jean Tremblay, Pierre Karl Péladeau, Gaétan Barette et David Heurtel. Plus amusant que la présentation de Jean-René Dufort et Pierre Brassard, mais les nominés étaient durs à battre et c'est le maire de Saguenay qui a reçu la statuette pour l'ensemble de son oeuvre.

Cathy Gauthier et Mariana Mazza y sont allées d'une séance de «bitchage» pour présenter le prix du numéro de l'année. «Si tu veux le flambeau de la charrue, je te le donne avec plaisir», a dit Gauthier à Mazza. Le lauréat André Sauvé, fidèle à lui-même, a livré un discours ésotérique mais très profond, faisait remarquer qu'il a «gagné un prix pour avoir présenté un prix». «Tout d'un coup que mes remerciements deviennent un prix? Où c'est que ça arrête ces affaires-là?»

Belle surprise dans la catégorie «auteurs de l'année»: c'est Cathy Gauthier et ses scripteurs (Pierre Fiola, Julien Tapp et Rémi Bellerive) qui ont remporté l'Olivier pour Pas trop catholique. «C'est mon premier Olivier et c'est mon troisième spectacle, a-t-elle souligné, visiblement émue. Je suis une fille super spirituelle, avant chaque spectacle je prie, et je prie surtout Olivier Guimond.»

Jonathan Roberge a reçu le prix dans la catégorie capsule humoristique dans un nouveau média, pour ses capsules Fiston qui ont, dit-il, généré des millions de clics. C'est François Morency pour La zone Morency qui a remporté les honneurs dans la catégorie «capsule humoristique à la radio». «On a à peu près tous la même mère, elles nous soutiennent, mais ne comprennent pas le showbiz», a dit Morency, qui a souligné ainsi la Fête des mères.

Superbe compétition dans la catégorie «Découverte», où tout le monde méritait de gagner, et c'est l'irrésistible Katherine Levac qui a décroché l'Olivier. «C'est vraiment au-delà de mes attentes, pas juste le trophée, mais ma vie en général, a-t-elle déclaré, en rappelant que c'est en regardant Passe-Partout qu'elle fait aujourd'hui des blagues en français. «C'est la première fois de l'histoire des Olivier que trois filles sont en nomination. Ça veut vraiment dire une chose: cette année, on a été vraiment chanceuses. »

Mike Ward et Sugar Sammy, ont livré quelques blagues raides et totalement gratuites, tout à fait dans leur style, «parce que tout le monde sait qu'au fond, on est gentils» pour la présentation du prix de la mise en scène, remis à Martin Petit et Marie-Christine Lachance pour le spectacle de François Bellefeuille. Sugar Sammy a comparé Mariana Mazza à un «hand job» irritant, ce qui lui a valu le doigt d'honneur de la jeune humoriste....

Dans une nouvelle catégorie, celle du public de l'année, c'est la ville de Québec qui a été choisie par les humoristes, mais c'est le maire Denis Coderre qui est allé chercher le prix au nom de son collègue Régis Labaume. «Il y en a qui se battent pour les Olivier, moi je me bats pour la coupe Stanley», a dit le maire vêtu du chandail du CH.

L'émission Infoman, une habituée des Olivier, a reçu les prix dans deux catégories, «série humoristique» et «spécial humoristique» à la télé, et cela même si Jean-René Dufort a avoué qu'«à Infoman, on est pourri dans les remerciements».

François Bellefeuille, le favori des nominations, a remporté le prix du Spectacle d'humour de l'année, en célébrant la grossesse de sa conjointe. «Merci à ceux qui tolèrent ceux qui m'imitent à la job!».

Le gala s'est terminé sur un hommage très bref (trop bref) à un grand disparu, Gilles Latulippe, que l'homme n'aurait pas détesté, et qui mélangeait émotion (avec la chanteuse Ima) et slapstick.

Les gagnants

Olivier de l'année: Martin Matte

Public de l'année: Québec

Spectacle d'humour: François Bellefeuille de François Bellefeuille

Numéro d'humour: La grille d'évaluation d'André Sauvé

Auteurs: Cathy Gauthier, Pierre Fiola, Julien Tapp et Rémi Bellerive pour Pas trop catholique de Cathy Gauthier

Comédie à la télévision: Les beaux malaises

Découverte: Katherine Levac

Mise en scène: Martin Petit assisté de Marie-Christine Lachance pour François Bellefeuille de François Bellefeuille

Spectacle le plus populaire: Les heures verticales de Louis-José Houde

Spécial humoristique à la télévision: Infoman 2014

Série humoristique à la télévision: Infoman

Capsule ou sketch à la radio: La zone Morency de François Morency

Capsule, sketch ou série humoristique dans un nouveau média: Fiston de Jonathan Roberge

.