Internet est-il un outil de développement pour les êtres humains ou un instrument de contrôle social? L'Université de Stanford ravive le débat en portant sur scène mercredi un opéra avec pour personnage central l'informaticien Doug Engelbart, pionnier d'internet.

The Demo, opéra expérimental, retrace en fait «la mère de toutes les démonstrations», un événement historique qui remonte à 1968. Doug Engelbart et son équipe avaient alors déroulé près de 65 kilomètres de câblages pour partager une présentation à une conférence à San Francisco par le biais d'un ordinateur.

Cette démonstration de 90 minutes, au cours de laquelle l'informaticien avait partagé à distance une liste de courses préparée par sa femme, a jeté les bases d'internet, du concept de vidéoconférence, du «copier-coller», et a marqué la création de la souris informatique.

À une époque où les ordinateurs n'étaient que des machines à compiler des 1 et des 0, Doug Engelbart, décédé en 2013, a ouvert la voie à d'autres informaticiens géniaux comme Steve Jobs ou Bill Gates.

«Nous avons vraiment essayé de reproduire l'humanité que nous voyons en Engelbart», explique Mikel Rouse, co-compositeur de The Demo, dont l'avant-première était jouée mercredi soir.

«Sans indiquer au public quoi penser, ce qui n'est jamais intéressant, le but est de se concentrer sur Facebook ou les problèmes de vie privée. Les gens peuvent essayer de réfléchir à ces sujets tout en voyant d'où tout cela provient», ajoute-t-il.

Dans cet opéra expérimental, Mikel Rouse joue lui-même le rôle de Doug Engelbart, il chante accompagné de musique électronique avec en fond des images projetées sur le décor.

L'autre compositeur, Ben Neill, interprète lui le rôle de l'assistant d'Engelbart, William English.

The Demo opère également quelques flashback et revient sur la Seconde Guerre mondiale, au cours de laquelle Doug Engelbart avait travaillé comme technicien de radar. À la fin du conflit il avait passé une année aux Philippines où son destin avait été changé par la lecture d'un article consacré aux projets américains de créer des ordinateurs.

La toute nouvelle salle de concert de Stanford, le Bing Concert Hall et ses plus de 800 sièges, favorise de telles oeuvres expérimentales de par la disposition du public autour de la scène. Ces installations permettent à la célèbre université située aux portes de la Silicon Valley de porter une attention toute particulière au domaine des arts de la scène.