Il en a rêvé, elle l'a fait. Le couple chéri des Québécois fera ses premiers pas devant le public montréalais avec son tout premier spectacle d'humour le 27 novembre au Théâtre Maisonneuve. Une aventure qui mènera Véronique Cloutier et Louis Morissette sur les routes du Québec jusqu'en 2017.

Qu'avez-vous appris l'un sur l'autre que vous ne saviez pas déjà en 13 ans de vie commune?

VÉRO - Professionnellement, j'avais découvert Louis en 1996 du temps des Mecs comiques. De revoir son efficacité sur scène et comment le public lui mange dans la main, c'est assez beau. J'ai été séduite à nouveau. Sur le plan humain, j'ai redécouvert sa grande insécurité. Il a l'air très confiant, mais il doute et redoute professionnellement. Ce n'est pas pour rien qu'on a fait 45 spectacles de rodage!

LOUIS - Faire ce spectacle m'a confirmé que Véro est une des filles les plus drôles que je connaisse, mais aussi une des plus polyvalentes. Il y a des choses en comédie qui ne s'enseignent pas. Véro a toujours eu le sens du timing et du delivery. Elle est capable de le faire à la télé, sur scène et j'aimerais bientôt qu'elle puisse aussi le faire au cinéma.

Êtes-vous en train d'annoncer que vous allez tourner ensemble prochainement?

Louis - J'aimerais trouver le bon scénario et le produire.

Véro - J'aime ça, car c'est toujours lui qui a des projets pour moi! Je n'ai plus à m'en soucier, Louis voit toujours la suite. Il est toujours trois pas en avant de moi.

Donc c'est Louis qui a eu l'idée du spectacle?

LOUIS - Ça fait très longtemps. On faisait des capsules télé ensemble pour le talk-show de Véro il y a quelques années. Puis il y a eu cette idée de le faire sur scène. Ça m'a pris beaucoup de temps à me convaincre. Je me questionnais: est-ce que ça va être quétaine? Est-ce ce que parler du couple est un humour dépassé? Est-ce une bonne idée avec des enfants? Finalement, on a décidé de foncer.

VÉRO - L'hiver dernier, les billets étaient déjà en vente et la machine était partie. Un soir après une répétition, on a eu une discussion très tard à la maison après une petite chicane. On s'est assis et on a un peu réalisé à ce moment qu'on s'embarquait pour trois ans avec ce projet et on se demandait si c'était une bonne idée pour notre couple. Louis m'avait dit: «Il n'est pas trop tard, on peut encore rembourser les gens». À partir de ce moment-là, on n'a plus jamais douté.

Être en couple et partager la scène comporte son lot de difficultés. Comment gérez-vous les conflits?

VÉRO - On se dit pas mal tout, tout de suite. On ne peut pas mettre les pieds sur scène en situation de conflit. Les gags ne passeront que si les gens sentent notre complicité. Alors interdiction de se chicaner avant de monter sur scène.

LOUIS - Les soirs où il n'y a pas de spectacle, ça revole! (rires)

Quel est le ton des Morissette?

LOUIS - On est allés directement dans l'autodérision. On ne se protège pas, on n'est pas là pour se dire qu'on s'aime et qu'elle est bien belle notre vie. Les gens doivent s'être reconnus en nous. Les enfants, la conciliation travail-famille, le couple après 13 ans de vie commune, etc. Ce besoin d'amour de Véro aussi, qui a parfois de la difficulté à s'exprimer pour ne pas déplaire, et d'un autre côté son chum qui dit tout ce qui lui passe par la tête en se mettant parfois dans l'embarras. C'est le festival du coup de coude.

Quel a été votre plus gros défi?

VÉRO - Perdre mes habitudes de 21 ans de télé et de radio. Le rythme du jeu est important, tout comme les silences et les regards. Il a fallu que j'apprenne ça, que je me déconstruise pour me refaire. Le défi de Louis était surtout de ne pas faire le script-éditeur et producteur quand il est sur scène: des fois il se demande pourquoi il y a deux sièges vides là alors que la salle est pleine!

On retrouve dans votre équipe quelques collaborateurs de longue date...

LOUIS - Il n'y a pas de surprises: je connaissais François Avard et Benoit Pelletier, avec qui j'ai une dynamique établie depuis des années. Ils savent bien me pousser, disons.

VÉRO - Louis est aussi allé chercher des jeunes comme Pascal Barriault et Kim Lizotte, pour avoir un autre son de cloche. Il ne voulait pas avoir l'air du mononcle de 41 ans qui fait des blagues de mononcle. Il leur a donc donné le mandat de le lui dire... et ils l'ont fait! (rires)