La justice égyptienne a ouvert lundi une enquête après une plainte contre l'humoriste Bassem Youssef, dont l'émission de satire politique a déclenché une levée de boucliers parmi les partisans des autorités installées par l'armée après la destitution du président islamiste Mohamed Morsi.

La plainte retenue par le procureur Hicham Barakat pour lancer cette enquête concerne un sketch en particulier durant lequel un comédien joue une femme - qui symbolise l'Égypte - se plaignant de son mariage malheureux, une allusion à l'année de présidence Morsi, avant d'être sauvée par son cousin, militaire, a précisé une source judiciaire.

Plusieurs plaintes ont été déposées depuis la diffusion vendredi soir de cette émission très suivie en Égypte. La source judiciaire a indiqué que la plainte retenue accusait M. Youssef d'incitation au chaos, de menace à la sécurité nationale, ainsi que d'insulte à l'armée.

Dans le système judiciaire égyptien, les plaintes sont présentées au procureur général, qui décide si les preuves sont suffisantes pour mener l'affaire jusqu'au procès. Les suspects peuvent être détenus pendant cette étape de l'enquête.

Connu pour ses critiques acerbes des Frères musulmans, et de M. Morsi qui en est issu, M. Youssef, un ancien chirurgien, a également tourné en dérision lors de son retour à la télévision après quatre mois d'absence les autorités qui l'ont remplacé.

Se moquant de la «Sissi-mania» qui a gagné certains Égyptiens, allant jusqu'à créer des chocolats à l'effigie du nouvel homme fort du pays, le général Abdel Fattah al-Sissi, chef de l'armée, il n'a pas non plus épargné le président par intérim Adly Mansour.

M. Youssef avait déjà fait l'objet d'une enquête pour «insulte» contre M. Morsi et «menace à l'ordre public» lorsque celui-ci était au pouvoir.