Mis en scène par Pierre Prince et Dominic Anctil, le spectacle de fin d'études des diplômés de l'École nationale de l'humour, présenté ce mercredi soir au Club Soda, a permis de constater que la relève en humour est pleinement assurée. Et que cette école est une pépinière de talents qui ne tarderont pas à éclore.

C'est Jérémy Du Temple-Quirion qui a cassé la glace avec un numéro sur son cours d'espagnol au secondaire, ses soirées étudiantes et son voyage en Équateur. Une belle présence.

Alice Payer a ensuite construit un personnage de femme obsessionnelle. Un univers très personnel et développé avec une maîtrise surprenante.

Puis, François Tousignant a parlé de son frère amoureux du Moyen-Âge et de ses colocs, avant que Mathieu Lorain-Dignard fasse état de sa crainte de se battre tout nu, de ses rêves fous et de son côté... mongol. On retrouvait les forces de l'acteur qu'il est avec un texte toutefois moins convaincant.

En fauteuil roulant, Marie-Lise Dominguez a réussi un numéro fascinant sur une femme handicapée qui veut vivre «normalement» et aller aux glissades d'eau avec son fauteuil.

Le cadet de la promotion 2013, Victor Billo, n'aime pas les râtons-laveurs. Il a expliqué comment on peut s'en débarrasser: en les catapultant! Bon texte et belle chute.

Mais c'est la Franco-Ontarienne Katherine Levac, élevée dans une ferme, qui a survolé la première partie du spectacle en évoquant son adaptation à Montréal et en contant des anecdotes de son enfance rurale. Elle a parlé de son identité : «Un Franco-Ontarien, c'est comme un Ontarien normal mais qui regarde L'Auberge du chien noir.» Son style: une phrase, une blague. Adorable et pince-sans-rire à souhait, on peut facilement prévoir qu'on n'a pas fini d'entendre parler de Katherine Levac. 

Après l'entracte, Kevin Montreuil a parlé... de son narcissisme. Moyen. Puis, Guillaume Tremblay, dans un stand-up classique, a parlé de sa vie. Un texte «base de base» mais drôle.

Claudy-Marc Moreau Duvivier a ensuite réussi son entrée en scène avec une séquence rap et une ligne: «mon père ce n'est pas Dieudonné et ma mère n'est pas Jean-Marc Parent !» Un style de conteur, une belle gestuelle et même une chanson à répondre avec le public sur l'histoire d'Olivier Lejeune. Du contenu et du talent. Un autre qui va faire son chemin.

En prof d'éducation physique hystérique, moralisateur et prétentieux, David Beaucage-Gauvreau a montré une belle aisance dans un style théâtral bien amené.

Puis, Jessy Sheehy avec son ukulele a chanté des chansons animalières et parlé de ses racines irlandaises. À l'aise et sympathique, il a beaucoup de potentiel. Extrait:  «Je suis tellement masochiste que quand je n'ai pas mal, je souffre!»

Samuel Breton a aussi pas mal de maturité déjà, dans un style très interactif, avec subtilité et un débit intarissable. Un de mes coups de coeur de la soirée.

Enfin, Mehdi Bousaidan, qu'on avait déjà vu au Zoofest l'an dernier, a présenté une imitation d'un Congolais, fils d'un soldat belge et d'une «femme jeune et naïve», et qui a écrit un livre sur la corruption à Laval, «Crime et Bâtiment»! Très applaudi, tout comme la troupe revenue sur scène pour saluer le public.

Une belle cuvée 2013 que ces 14 humoristes de l'ÉNH. On comprend pourquoi neuf des 13 trophées remis lors du dernier gala Les Olivier, dimanche dernier, l'ont été à des diplômés de cette école...

Tournée des finissants de l'École nationale de l'humour, cuvée 2013. Pour les dates de spectacle: www.enh.qc.ca.