Après 13 ans d'absence, «la Méchante» est de retour sur scène. Mais, à 48 ans, Marie-Lise Pilote a changé; elle n'est plus seulement la «pas fine» qui a fait sa renommée. L'ex-membre du Groupe sanguin prend désormais le parti des femmes.

Depuis 1999, année de son dernier spectacle, Marie-Lise Pilote a fait du chemin. Son animation de Ma maison Rona pendant sept ans lui a permis de bricoler, de tomber amoureuse (du producteur!) et de créer une gamme de vêtements, Pilote&filles, pour les femmes des métiers de la construction. Du coup, elle se passionne pour les droits des femmes.

«Quand j'ai rencontré des filles qui font des métiers traditionnellement masculins, je me suis vraiment sentie dans ma gang, confie-t-elle. Je n'avais jamais eu un tel sentiment d'appartenance. Ça m'a touchée, car je suis humoriste, donc je fais partie, moi aussi, d'un métier traditionnellement masculin.»

Dans son nouveau spectacle, intitulé Réconfortante... et pas reposante, Marie-Lise Pilote parle des femmes. «J'aime ça, faire rire, mais j'aime dire quelque chose, en plus, explique-t-elle. Par exemple, que l'équité salariale est loin d'être arrivée. C'est épouvantable comment les femmes sont sous-payées par rapport aux hommes. Les métiers majoritairement féminins sont moins bien payés. Pourtant, quand un gars va faire un métier féminin, eh bien bâtard, il est mieux payé que toutes les filles!»

Dominique Lévesque, qui signe la mise en scène du spectacle, ajoute: «Marie-Lise brasse pas mal les gars. Parfois c'est costaud quand elle leur dit qu'ils sont bornés. "Vous autres, avec votre esprit de garage, vous n'avez pas assez évolué." Tu sens que les gars sont un peu déstabilisés.»

Née de l'improvisation, Marie-Lise Pilote aime interagir avec les spectateurs. Elle a aussi un numéro sur l'amitié et un autre sur les dons de chaque être humain. «Dire ça à du monde, c'est important, car une petite fille va peut-être se dire "ben oui, j'ai un don" et ça va la faire allumer», dit-elle.

À l'écriture des textes, Marie-Lise Pilote a travaillé avec les auteurs Michel Brouillette, Paco Lebel, Laurent Paquin, Louis-Philippe Rivard, Christine Metz et les soeurs Manon et Muguette Berthelet. Elle a fait appel à Dominique Lévesque à la mise en scène «pour boucler la boucle».

«C'était sentimental, dit-elle. Je voulais aussi lui montrer qui j'étais devenue. Au début du Groupe sanguin, Dominique, c'était notre prof. Je pense que je l'ai surpris.»

Marie-Lise Pilote a été malade pendant des années avant d'entrer en scène. Aujourd'hui, elle a «zéro stress». «Je ne me suis jamais sentie aussi bien sur scène, avoue-t-elle. J'ai 513 gags, 513 endroits où les gens rient. Le seul travail qu'il me reste à faire, c'est d'avoir du fun à jouer et à peaufiner mes numéros.»

Sanguin un jour, sanguin toujours

Dominique Lévesque a travaillé pendant deux ans avec Marie-Lise Pilote pour mettre en scène son nouveau spectacle. Membre du Groupe sanguin avec Marie-Lise Pilote, Émile Gaudreault, Bernard Vandal et Dany Turcotte jusqu'à la fin des années 90, il avait poursuivi sa carrière d'humoriste avec Lévesque&Turcotte jusqu'en 2004, année où il a dû arrêter à cause du trac.

«Il fallait que je cale six bières, voire huit, pour que ça arrête, lance-t-il. C'était devenu malade!»

Dominique Lévesque s'est donc recyclé dans l'écriture pour la télé (L'union fait la force à Radio-Canada, GPS monde pour TV5) et dans la mise en scène de spectacles (Guy Nantel, Les Bizarroïdes, Roch Voisine, Isabelle Boulay, etc.). Mais il n'écarte pas un retour sur scène, un jour.

Il a beaucoup aimé son expérience avec Marie-Lise Pilote, même s'il a dû se réhabituer à travailler avec elle, à retisser une complicité. «On s'est quand même quittés parce qu'on était tannés de se voir! Plus de 750 shows ensemble, sans arrêt!»

L'ex-«gars fatigué» a apporté à Marie-Lise Pilote ses connaissances scéniques en multimédia. «Ma force, c'est de faire de la mise en scène plus technique avec de la vidéo, du son, du montage», dit-il. Il a convaincu l'humoriste de faire du video mapping, soit de la projection d'images en continu sur des cubes grâce au concepteur Robert Boulos.

«Ça met de la vie sur scène sans que ça devienne dérangeant, explique-t-il. C'est très intéressant, d'autant que Marie-Lise est très à l'aise sur scène. C'en est choquant!»

Dany Turcotte, le «fou du roi» de Tout le monde en parle, lève lui aussi son chapeau à Marie-Lise Pilote.

«Pour avoir vu son spectacle, elle m'impressionne, dit-il. J'aime sa maturité et son assurance sur scène. Elle a su développer son personnage de stand-up magnifiquement bien. Moi, je m'ennuie de la voir jouer des personnages. C'est une forme d'humour qui semble être moins à la mode. Pour Dominique Lévesque, qui a travaillé avec elle, c'est le retour aux sources. Bravo à mes deux amis pour leur magnifique travail! En voyant le spectacle, je me disais que j'étais fier d'avoir fait partie du Groupe sanguin! Quelle école!»

Marie-Lise Pilote en 10 objets réconfortants

La statuette africaine

J'ai toujours eu cette statuette en ébène dans ma vie. Elle me vient d'un de mes oncles qui était chez les frères. Il était allé en Afrique. Dans notre maison, c'était le seul objet qui venait d'ailleurs et ça me donnait envie de voyager. Chez nous, on ne voyageait pas.

La vaisselle d'enfant

J'ai tout le petit set de vaisselle de ma mère. C'est son grand-père qui le lui avait acheté pour 75 cents. J'ai joué avec durant toute mon enfance. Ma mère me disait: «Fais-y attention, car c'était à moi quand j'étais petite et ce sera à toi quand tu seras grande. Tu le donneras à tes enfants.»

Un tiroir de foulards

Je suis une maniaque de foulards. Je trouve que c'est ce qui complète bien un habillement. En plus, j'ai toujours froid. Donc, j'ai besoin d'un foulard.

Les valises de Parminou

J'ai beaucoup de valises. Celle-ci, c'est ma valise de maquillage pour la tournée. Quand j'étais jeune, j'étais allée voir le théâtre Parminou. À la fin du spectacle, quand ils avaient mis le stock dans un camion, je m'étais dit: «C'est ça que j'veux faire! Avoir plein de linge dans des valises et remplir un camion!»

La poupée de ma soeur

C'était la poupée de ma grande soeur. Je l'ai toujours adorée. Un jour, elle m'a donné cette petite poupée. Elle représente ma relation avec ma soeur. C'est réconfortant de la garder. Ça nous rappelle qui on est, d'où on vient. Et je vois l'amour de ma soeur dans cette poupée...

Une collection de roches

Je suis une ramasseuse de roches! Je n'en lance pas, mais j'en ramasse beaucoup! J'en rapporte toujours de mes voyages. Si je veux relaxer, je les regarde, je les touche et les sépare par couleurs! Des fois, je fais ça avec Florence, ma filleule. Je trouve ça hyper zen.

Le carnet de Florence

C'est ma filleule Florence qui me l'a acheté. Je vais y écrire mes états d'âme et je le lui donnerai quand elle sera plus grande. Quand je pars en voyage, j'écris toujours mon journal de bord pour elle. Je n'ai pas eu d'enfant. Elle est la fille de mon petit frère qui a toujours été mon bébé.

La perle du Saguenay-Lac-Saint-Jean

J'ai reçu cette chaîne avec une perle pour mes 10 ans de marraine du Salon des métiers d'art, au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Les artisans me l'ont offerte avec un beau mot qui disait que j'étais leur perle! Ce cadeau m'a fait énormément plaisir, car je me sens proche de ces créateurs.

Une passion pour les gants

J'ai une fascination pour les gants. J'en achète dans des ventes de garage. J'en ai des vieux tout brisés que je suis incapable de jeter. J'ai des gants de ma collection Pilote&filles que j'ai apportés quand j'ai fait de la péniche sur le canal du Midi, en France. C'était moi, le moussaillon!

La statuette d'Apsara

Au Cambodge, j'ai visité le temple d'Angkor Vat, il y a deux ans. Ça a été une des plus belles choses que j'ai visitées. J'ai rapporté une sculpture d'Apsara comme souvenir.