Pour la première de Zarkana à New York, le mythique Radio City Music Hall, situé au coeur de Manhattan, était bondé. Le spectacle du Cirque du Soleil plonge le majestueux théâtre de 6000 sièges dans une atmosphère étrange dès ses premières minutes.

Lever du rideau sur la plus vaste scène du monde. Un décor de vieux théâtre abandonné aux couleurs chaudes se dévoile. Un puissant coup de tonnerre retentit. Le chanteur Garou, quasi méconnaissable en magicien, entonne les premières notes de sa voix rauque.

Des clowns suspendus par les pieds descendent du haut des airs. Une habile jongleuse, cheveux rouges et costume vert, s'exécute. Une musique un brin tordue ajoute à l'ambiance déjà surréelle... Au cours des 2 heures et 20 minutes qui suivront, les spectateurs seront entraînés dans l'univers déjanté et déroutant de Zark, qui a perdu sa belle et ses pouvoirs magiques.

Chemin faisant, notre maître de piste rencontre de mystérieuses créatures séductrices: une femme serpent, une araignée mutante, une infirme difforme...

Zarkana, que son créateur, le metteur en scène François Girard, qualifie de freak show, est avant tout un spectacle acrobatique qui s'inscrit dans la plus pure tradition du Cirque du Soleil.

Clowns sympathiques, trapézistes volants et funambules sur fil de fer s'y succèdent au même rythme que les nombreux changements de décors - magnifiques, conçus par Stéphane Roy. Pour meubler l'immense scène du Radio City, Zarkana fait aussi le pari d'utiliser une vidéo délirante. Les effets spéciaux de dizaines d'yeux géants, conçus par Raymond St-Jean, sont saisissants. Une cascade de pétales de roses est tout simplement fabuleuse, de même que le foetus immergé dans un immense bol.

Le spectacle se termine par quelques numéros particulièrement appréciés de l'auditoire, dont celui de deux acrobates s'adonnant à des prouesses époustouflantes sur une roue de la mort en perpétuel mouvement.

Accueil chaleureux

Le public new-yorkais a réservé un accueil chaleureux à Zarkana, qui a eu droit à une ovation. Après le spectacle, François Girard a déclaré: «On vient de jouer notre meilleur show. On n'a jamais été aussi bons que ce soir.»

Pour cette première mondiale, la ministre québécoise de la Culture, Christine St-Pierre, a fait le voyage à New York, tout comme le parolier Luc Plamondon, la productrice Anne-Marie Losique et l'animatrice Virginie Coossa.

Plusieurs vedettes de la téléréalité américaine ont aussi défilé sur le tapis rouge du Radio City, ainsi que Gayle King, grande complice d'Oprah Winfrey.

Le fondateur du Cirque du Soleil, Guy Laliberté, a profité de l'effervescence de cette première pour sensibiliser la communauté new-yorkaise à sa fondation One Drop en faveur de l'accès à l'eau dans le monde.

La soirée s'est donc poursuivie dans une salle de bal de Broadway, où plusieurs personnalités triées sur le volet ont pu socialiser avec le receveur des Yankees de New York, le Québécois Russell Martin, qui est également porte-parole de One Drop.

Zarkana est à l'affiche à New York jusqu'au 8 octobre. L'ambitieuse production s'envolera à l'automne pour Moscou et Madrid. Elle sera de retour au Radio City Music Hall, où elle doit être présentée en période estivale jusqu'en 2015.

Après l'échec de son spectacle Banana Shpeel sur Broadway, l'an dernier, le Cirque du Soleil remportera-t-il enfin son pari de transporter sa belle et folle magie dans un théâtre de la Grosse Pomme? Reste à voir, maintenant, le sort que réservera la critique new-yorkaise à Zarkana.