Ce soir, pour sa grande rentrée parisienne, Stéphane Rousseau foulera les planches du Palace, salle mythique du faubourg Montmartre. L'humoriste y présentera au moins 52 fois dans les prochains mois Les confessions de Rousseau, spectacle très intime qu'il met en scène lui-même et qui confirme sa popularité grandissante en France.

Haut lieu du showbiz international et de la jet-set parisienne dans les années 80, le Palace a longtemps été la salle à la mode pour la culture underground. L'époque de Fabrice Emaer, star de la nuit parisienne. À l'époque, on y croisait Grace Jones, Prince ou Charlélie Couture. Aujourd'hui, c'est Stéphane Rousseau qui a son nom sur la marquise. Remplir 52 fois de suite le Palace, une salle de 1000 places, ce n'est pas rien.

«Environ 35 % des billets sont déjà vendus pour le spectacle, du 26 octobre au 8 janvier, et on va finir sûrement à 90 %», dit au téléphone Gérard Louvin, président de Juste pour rire France.

Depuis le printemps dernier, Stéphane Rousseau a rodé son cinquième one man show dans des salles d'environ 1500 places d'une quinzaine de villes européennes, dont Genève, Liège, Charleroi, Bruxelles, Lille, Lyon ou Bruxelles. «Les gens me connaissent bien en France maintenant», dit Stéphane Rousseau en entrevue avec La Presse.

Effectivement, Rousseau a déjà fait un tabac en 2007 et 2008 lors de sa tournée européenne précédente, suivie par 300 000 spectateurs. Au cours de l'été, il a touché le gros lot chez les jeunes français avec le film Fatal de Michael Yaoun, vu par 1,5 million de cinéphiles. Cette histoire d'une lutte entre deux stars de la musique française (dont une est jouée par Stéphane Rousseau) sortira en DVD le 3 novembre prochain à Paris.

Il a aussi sorti cette année un autre DVD, Permission accordée, sur le spectacle réalisé l'an dernier avec l'humoriste français Franck Dubosc. Les confessions de Rousseau est un spectacle différent où il fait rire, où il chante, danse, peint (eh oui!) et aussi émeut le public.

Il s'agit en effet d'un spectacle beaucoup plus intimiste. Sans se prendre pour le philosophe Jean-Jacques Rousseau - auteur de l'autobiographie Les confessions -, Stéphane Rousseau n'hésite pas à aborder des sujets beaucoup plus profonds, évoquant certaines de ses expériences de vie, dont plusieurs ont été douloureuses.

Stéphane Rousseau a perdu ses parents et sa soeur Louise (l'an dernier) des suites d'un cancer. «En fait, je me confesse vraiment, dit-il. Je parle notamment de la mort de mon père, mais on rigole beaucoup, par exemple avec les conneries qu'on peut dire autour du lit de mort. Les producteurs m'avaient dit: «Ce n'est pas possible, tu ne peux pas parler de ça en France!» Et pourtant, c'est un des numéros dont les gens me parlent le plus.»

«J'étais avec lui à Bruxelles il y a quelques jours, ajoute Gérard Louvin, et le sketch qui a le mieux marché auprès des 1400 spectateurs, c'était celui de l'hôpital. Les gens ne pensent pas une seconde qu'il parle de son père. Ceux qui savent, nous par exemple, on en est presque gênés, mais ce sont les choses vraies qui marchent le mieux.»

Gérard Louvin ajoute que l'humour brodé sur des anecdotes personnelles est un créneau de plus en plus populaire en France. «Franck Dubosc, notamment, le fait et les jeunes humoristes, très souvent, parlent de leurs expériences, dit-il. Mais Stéphane Rousseau, comme Rachid Badouri, a une réelle empathie. On a envie de les aimer. Rousseau pourrait lire l'annuaire téléphonique que les gens l'aimeraient!»

Metteure en scène, auteure, conseillère au contenu, Josée Fortier est une touche-à-tout bien précieuse pour les humoristes. Elle avait mis en scène le spectacle précédent de Stéphane Rousseau. Elle a suivi le rodage des Confessions à Saint-Sauveur, l'été dernier. «Du côté graphique, c'est très bon, dit-elle. La scénographie est très forte et sa ligne de base très personnelle fait que je suis persuadée qu'à Paris, les spectateurs vont adorer.»

Âgé de 44 ans, Stéphane Rousseau est heureux de sa percée en France. Il dit qu'il s'adapte bien à ce qui plaît en France, à la façon d'y faire de l'humour, d'y jouer plus avec les mots. Il n'a pas trop de problèmes, dit-il, avec le fait qu'il a dû réellement modifier sa façon de parler (son articulation) pour mieux se faire comprendre des Français. Être parfaitement compris en humour est primordial, dit-il.

Il constate que les humoristes français et québécois «se mélangent de plus en plus», ce qui permet d'élargir de part et d'autre de l'Atlantique la palette des genres. «Franck Dubosc, j'ai appris de lui et lui de moi, dit-il. Juste pour rire permet aussi ce mélange entre les styles d'humour français et québécois, un mélange bénéfique pour les deux.»

Après le Palace, Les confessions de Rousseau vont tourner partout en Europe francophone. «C'est super trippant», dit Stéphane Rousseau. «Stéphane fera notamment une tournée des grandes salles Zénith de plus de 3000 places après le Palace, et ce, jusqu'en avril, dit Gérard Louvin. En mai, il sera de retour au Québec et présentera Les confessions de Rousseau à la Place des Arts en juillet», dans le cadre du Festival Juste pour rire, à la salle Wilfrid-Pelletier.