Un des comédiens les plus engagés du Québec, Luc Picard, a finalement décidé de se lancer en politique. Sera-t-il chef de l'opposition ou premier ministre? On ne le saura que le 26 octobre, alors que... Les Parlementeries 2010 prendront l'affiche au Théâtre St-Denis, à Montréal, pour six jours de débats caustiques et humoristiques mais, cette année plus que jamais, constructifs.

On connaît la passion de Gilbert Rozon pour la politique. Inutile d'en rajouter. Mais Juste pour rire a pris le parti de rire de la chose politique en essayant de faire en sorte que diminue le cynisme dont elle fait l'objet. C'est donc la mission que se donnent les auteurs de cette 6e présentation des Parlementeries, soit Marie-Lise Chouinard (à qui l'on doit les Incroyables aventures de Thierry Ricourt), Daniel Langlois, Réjean Paré, Christian Viau, Yvon Landry, Paco Lebel et Pierre Sévigny.

Le spectacle dirigé par Pierre Bernard et mis en scène par Dominic Anctil aura toute une distribution, en majorité des acteurs de théâtre. Mis à part le «président de l'Assemblée nationale» qui sera révélé plus tard, 13 «députés» ont été présentés hier, soit les comédiens Luc Picard, Marie-Lise Chouinard, Pauline Martin, Diane Lavallée, Danièle Lorain, Martin Drainville, Luc Guérin, André Robitaille et Marcel Leboeuf qui se joindront aux humoristes Billy Tellier, Laurent Paquin et Les Denis Drolet (Vincent Léonard et Sébastien Dubé).

Du dramatique au comique

«J'ai travaillé pendant des années avec Pierre Bernard au Quat'Sous et, comme l'approche était respectueuse, j'ai accepté de participer, dit Luc Picard, qui sera chef de parti. J'étais surpris qu'on me le propose, mais on va avoir plus de contenu, aborder des sujets et provoquer de l'émotion.»

Luc Picard a déjà fait de la comédie, mais les rôles qu'il a eus au cours des dernières années étaient surtout dans le registre dramatique. «Je cherche toujours des choses drôles à faire, dit-il. J'en ai une, là. Mais ce ne sera pas que de l'humour. On veut avoir une autre approche pour provoquer des réflexions. L'émotion, la gravité peuvent très bien cohabiter avec l'humour. On l'a vu avec l'Américain George Carlin. Quand on voit ce genre de show, on en sort grandi, avec l'envie de changer les choses.»

Diane Lavallée est ravie de cette première participation aux Parlementeries. «Je ne suis pas humoriste, dit-elle. C'est très différent du théâtre, mais je ne suis pas inquiète. C'est un beau défi.» Luc Guérin est aussi très heureux de cette première pour lui. «C'est une belle tribune pour s'amuser tout en passant quelques messages de nature sociale, et l'idée est très constructive de joindre aux humoristes des comédiens. Ça crée une nouvelle dynamique.»

Marcel Leboeuf, qui a passé l'été à jouer le rôle d'un attaché politique dans la pièce Scandale jouée à Bromont, restera dans le même registre avec Les Parlementeries. «Je vais essayer de surfer sur la même vague, dit-il. Je vais jouer un personnage très nerveux, très malhabile et pas très bon menteur!»

Pauline Martin sera, quant à elle, une députée indépendante: Rose-Aimée Dupuis (la fan de Pierre Marcotte). «Elle va se mêler de tout et aura une opinion sur tout», dit-elle.

Un retour pour Drainville

Martin Drainville a déjà participé aux Parlementeries et se réjouit de ce retour. «La politique est intéressante ces temps-ci, avec tout ce qu'elle provoque, dit-il. C'est difficile de l'éviter totalement. Sera-t-on plus odieux que ce que l'on voit? On ne sait plus qui est au service de qui...»

Danièle Lorain s'intéresse aussi beaucoup à la politique et la suit de près. «Le cynisme est à son sommet, il faut s'y intéresser car le seul droit qui nous reste, c'est de se prononcer», dit-elle.

Auteure et comédienne, Marie-Lise Chouinard sera ministre de l'Éducation et de la Langue. Un portefeuille qui lui convient mais elle aurait tout pris, tellement elle est contente qu'on ait pensé à elle. «Avec les monstres du théâtre qu'on a cette année, c'est gentil de m'avoir laissé une petite place, dit-elle. Je n'étais pas politisée du tout. Mais depuis, je lis toutes sortes de choses et ça me fascine. Il y a lieu que l'art s'associe plus à la politique, car c'est riche pour les comédiens et ils sont les mieux placés pour jouer les politiciens puisque ce sont des comédiens eux-mêmes.»

Vincent Léonard, des Denis Drolet, partage ce sentiment, lui qui jouera le rôle d'un chef de parti indépendant souhaitant libéraliser... le port d'armes à feu. «L'absurde peut bien servir le sujet, dit-il. Mais la politique, c'est parfois plus absurde que ce que produisent Les Denis Drolet!»

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Les Parlementeries 2010, au Théâtre St-Denis 1, du 26 au 31 octobre.