Accommodements raisonnables, clivage entre Montréal et les régions, syndrome du nid vide. Le quatrième spectacle solo de François Léveillée scrute le Québec contemporain.

Pour son nouveau spectacle solo après une pause de quatre ans, l'humoriste François Léveillée s'est fait plaisir en concoctant un spectacle à caractère social qui fait une large place à la musique.

 

À ses habituelles chansons humoristiques, sketches, personnages et monologues, il a ajouté des intermèdes musicaux aux accents jazz manouche, inspirés de Félix Leclerc ou de standards du jazz. Au programme, une contrebasse (Jean-François Valade) et deux guitares (lui-même et Nicolas Guimont).

L'homme-orchestre, qui est à la fois humoriste, script-éditeur, auteur et metteur en scène, a démarré sa carrière comme auteur-compositeur-interprète dans les années 70. Quelques années plus tard, l'humour avait pris plus de place. En faisant le chemin inverse, aujourd'hui, il «réalise un rêve», dit-il.

Mais c'est avant tout un spectacle d'humour qu'il présentera au Gesù la semaine prochaine. «J'ai toujours été un humoriste à caractère social, souligne-t-il. J'ai besoin de raconter une histoire, mais je fais aussi du stand-up comique pur. J'ai à la fois une influence européenne et américaine.»

«Les accommodements raisonnables, on en a beaucoup parlé, mais je trouve qu'on a à peine effleuré le sujet. Si on ne fait pas de gros efforts dans les prochaines années, on va avoir de gros problèmes de ce côté-là», dit-il, en citant les problèmes d'intégration vécus en France.

François Léveillée s'est mis dans la peau d'un nouvel arrivant. «Comment peut-il s'intégrer quand on a nous-mêmes du mal à s'expliquer notre propre culture?»

Aimé D'amour, son personnage d'animateur de pastorale, tente ainsi «d'accommoder» ses ouailles en leur proposant de pécher, pour ensuite se sentir coupable et gagner des dividendes spirituelles. Son directeur d'école internationale essaie de composer un menu de cafétéria ou un code vestimentaire. Quant au célèbre homme d'affaires Bob Cashflow, il se frotte au système de santé.

Autres thèmes chers à l'humoriste, le phénomène des Tanguy, ces jeunes adultes qui collent au foyer paternel et, à l'inverse, le «syndrome du nid vide» qui surprend les parents.

François Léveillée s'interroge sur une certaine uniformisation du Québec et s'étonne qu'on découvre maintenant ses différentes régions par les produits du terroir plutôt que par les artistes. «Il y a 30 ans, il était possible de faire jouer son disque à la radio en Gaspésie quand on était en tournée là-bas. Plus maintenant.»

Après avoir rodé son spectacle d'humour musical une soixantaine de fois dans de petites salles, il se dit maintenant prêt pour la rentrée montréalaise. Cette-fois, d'ailleurs, il a choisi de se produire lui-même. «J'ai la liberté de faire ce que je veux, à mon rythme.»

L'aventure est en train de devenir aussi une affaire de famille puisque sa fille cadette, Sarah Toussaint-Léveillée, interprète quelques chansons en première partie du spectacle. Elle a remporté le premier prix de Cégeps en spectacle en 2008. Et son aînée, Emma, agit à titre d'assistante metteur en scène.

Depuis sa dernière tournée, où il s'attardait sur les baby-boomers devenus quinquagénaires, François Léveillée a travaillé comme script-éditeur pour le spectacle de Sylvain Larocque, fait plusieurs mises en scène (JiCi Lauzon, Mike Ward) et animé des galas. Avec ce nouveau spectacle, «on est reparti pour trois ou quatre ans!» dit-il.

François Léveillée, en spectacle au Gesù du 28 au 31 octobre. Il sera en tournée jusqu'en décembre un peu partout au Québec.