Christopher Williams boit un café devant nous. Ce n'était pas nécessaire, mais ce n'est pas grave. Survolté comme d'habitude, il nous entraîne dans Némésis, sa nouvelle expérience.

Q : C'est quoi, le concept de «l'expérience»?

R : Je prends une histoire, souvent avec un côté d'épouvante. Je l'explique d'abord, puis on la recrée en groupe. C'est vraiment interactif. J'attribue des rôles aux gens dans la foule. Il y a une montée dramatique et une grande libération à la fin. Ça finit en gros party, toujours.

Q : Est-ce de l'humour?

R : J'intègre toujours de l'humour à ma sauce. Tu peux aller voir un stand-up qui te donne ses observations sur le quotidien, du genre: «Avez-vous remarqué que...» Moi, je crée quelque chose de différent. Je crée un divertissement qui invite les gens à faire des choses qu'ils ne se permettraient pas autrement, comme aborder un inconnu ou danser dans la rue. C'est triste, les gars ont besoin de trois ou quatre grosses bières pour se dégêner et danser. Sauf à mon spectacle.

Q : Donc Christopher Williams = substitut à l'alcool?

R : Quelque chose comme ça. (Rires) Mon mandat, c'est de permettre aux gens de s'abandonner, de vivre un trip interactif. Et là, ils vont le faire en s'attachant à Carole.

Q : Carole?

R : C'est l'héroïne de l'expérience. Je revisite le classique Carrie, un film basé sur la première oeuvre de Stephen King. Ça parle d'une fillette avec des pouvoirs de télékinésie. Sa mère l'opprime et veut l'empêcher d'aller au bal des diplômés. Elle y va finalement. Mais des bums lui font un mauvais coup. Ils versent un seau de sang de cochon sur sa tête. Alors, elle se venge avec ses pouvoirs. (...) On va recréer ça dans la rue. Il y aura même des cheerleaders et des fendants haïssables pour donner l'ambiance all-american des bals de diplômés. Sauf que contrairement au film, on va essayer de calmer Carole. Car quand elle se choque, ça fait peur...

Q : Quel genre de fille cherches-tu pour l'incarner?

R : Pas la blonde plantureuse. Plutôt la fille charmante, mais un peu gênée. Je ne veux pas une show off, mais je veux une fille qui peut s'abandonner dans son rôle. Il faut que les gens la voient et se disent: ç'aurait pu être moi.

Q : C'est risqué, ton concept interactif?

R : J'ai tellement fait de spectacles dans les bars et dans la rue que je suis prêt pour n'importe quel genre de public. Que ce soient des rockeurs ou des messieurs de tournois de pétanque, ils finissent tous par embarquer. Mais la rue reste un environnement hostile, c'est certain. Le bruit d'un avion ou d'un camion peut t'enterrer. Une fille en bikini peut te déconcentrer. Aussi, les gens n'ont pas payé, ils sont debout, agités et parfois ivres. Ce n'est pas le contexte pour jouer à Jean-Marc Chaput avec ses tranches de vie émouvantes. Il faut du punch. Il faut du punch en fluorescent. Je me vois vraiment comme un Rambo.

Q : Quel a été ton spectacle le plus difficile?

R : Mon expérience la plus vietnameuse s'est déroulée l'année dernière sur les plaines d'Abraham à la Saint-Jean. Je montais sur scène après minuit, entre la fin du spectacle télé et le début du concert des Trois Accords. Il devait y avoir 200 000 personnes. Les plus tranquilles commençaient à partir. Les ivrognes avec une seule dent, eux, poussaient pour se rendre en avant. On me lançait des bouteilles. J'ai vu cinq policiers taper sur un de ces gars-là. Je me sentais comme dans Resident Evil 8. C'était le chaos. Les gens ne réussissaient pas à m'entendre. Si j'avais entonné Heureux d'un printemps avec un balai, ça aurait mieux fonctionné.

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L'Expérience Némésis de Christopher Williams, les 17, 18 et 23 juillet à 21 h, et les 24 et 25 juillet à 22 h à la Place Labatt Bleue.