Il est considéré comme le seul DJ humoristique du Québec, probablement parce qu'il est le seul DJ capable de remplir une piste de danse avec une chanson de Nathalie Simard ou de Martine Chevrier. Parce que ses soirées kitsch font fureur, il délassera les jambes des festivaliers pour trois soirs sur le site extérieur du Festival. Mais ce n'est pas tout: MC Gilles présentera aussi son premier one-man gilles au Cabaret Juste pour rire!

Q : En quoi consiste ta présence à Juste pour rire cette année?

R : Je vais être DJ pour le volet extérieur. Oui, il y aura des tounes un peu comiques ou ridicules, mais je vais ajouter de la musique plus dansante aussi. Des trucs contemporains, comme Justice, sur lequel j'ajoute des extraits de Julie Couillard... Je réinvente un peu la musique. J'aime ça quand les gens me font des demandes spéciales, et que je les surprends en mettant les Beatles au gazou, Dancing Queen en opéra... Mais la grosse affaire pour moi, c'est au Zoofest, mon premier one-man show, que j'appelle one-man gilles. Ça ressemble à ce que je fais à Infoman, mais sur scène. Je présente mes plus belles pochettes de disques, j'ai une section d'actualités. J'ai une partie aussi sur les livres-catastrophes qui nous annoncent la fin du monde. J'en ai un de 1983 intitulé Ils ont vu l'an 2000, où on apprend que l'île de Montréal a coulé et que le Yukon a déclaré la guerre à l'Alberta...

Q : Tu as réussi à faire ta place avec des vieilles chansons quétaines, dans le milieu ultrabranché des DJ. Est-ce que c'est parce que le quétaine est le summum de la «branchitude» aujourd'hui?

R : Il est arrivé quelque chose de particulier, de fascinant. Ce qu'on appelle le Plateau Mont-Royal a rejoint ce qui est quétaine. Par exemple, si je fais jouer C'est mon idole Michael Jackson de Nathalie Simard, ça va pogner autant au Divan Orange que dans un mariage à Blainville. C'est évidemment une question de degrés, mais il y a quelque chose d'universel dans Coeur de loup de Philippe Lafontaine...

Q : Où trouves-tu toutes ces chansons?

R : J'ai commencé au début en ramassant un disque que je trouvais drôle, que je payais 10 cents dans un marché aux puces. Et quand j'ai commencé à travailler à CISM, comme je fais jouer du francophone, je leur ai dit: donnez-moi le pire quota que vous pouvez. Et ça a pogné! Je me suis aperçu que tout le monde avait des plaisirs coupables, et c'est là que la boîte de Pandore a été ouverte. Les gens m'apportent des caisses de disques, je reçois des centaines de courriels dans lesquels les gens me font des propositions.

Q : Tu dois forcément avoir une affection pour ce type de musique?

R : Oui! Quand quelqu'un me dit: tu fais une émission de musique poche, je dis non. Un bon exemple, c'est une chanson de Mogwai, qui est considérée comme très bonne, mais c'est rare que tu te lèves le matin avec ça dans la tête. Tandis que Fidélité de Fidel Lachance, oui. Tu l'entends une fois, tu peux la chanter 100 fois. Pour moi, c'est un don, et beaucoup d'artistes aimeraient avoir ce talent. Mais c'est quelque chose qui n'est pas reconnu.

Q : Comment expliques-tu l'immense fascination de notre génération pour ce que tu nommes la «musique de sous-sol»?

R : Je suis content qu'on utilise ce terme plutôt que «musique trash». Parce que c'est de la musique qui a souvent été faite dans un sous-sol et qui est écoutée en cachette dans les sous-sols... Je dirais que c'est avant tout rassembleur. La génération de nos parents avait les Beatles ou Elvis, que tout le monde a aimés en même temps, ce qui n'existe plus aujourd'hui. Dans mes soirées, je rassemble autant le gars qui trippe sur AC/DC que la fille qui trippe sur les chanteurs français. J'ai un public de 7 à 77 ans.

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Le one-man show de MC Gilles au Cabaret Juste pour rire, 21 h, jusqu'au 18 juillet (15 $); La soirée mousse avec MC Gilles, le 19 juillet à 21 h; La soirée Brume, le 23 juillet à 21 h; La soirée Spéciale La Totale, le 24 juillet à 21 h.