Il était une fois un p'tit gars de Saint-Hubert qui se faisait courtiser par Hollywood. Jonathan Lajoie, le petit comique en question, était de passage au festival Just for Laughs de Chicago, hier, où La Presse l'a rencontré. Discussion autour d'une ascension fulgurante pour celui que l'on a vu pendant quelques saisons dans L'auberge du chien noir.

Tout va pour le mieux pour Jonathan Lajoie. Mais il n'a pas la grosse tête pour autant, bien au contraire. L'ancien acteur de L'auberge du chien noir de Radio-Canada a beau vivre à Los Angeles, il tient à rester lui-même. «Je ne suis pas con, fait-il, je sais que tout ce qui monte redescend. Je fais plusieurs choses en même temps. Comme ça, s'il y a un problème, j'aurai une branche à laquelle m'accrocher.»  

C'est une histoire totalement de notre temps, un succès made in Québec, celui d'un patenteux créatif qui fonce dans le tas, un peu a l'image de Juste pour rire d'ailleurs.

Celui que les anglos appellent Jon Lajoie a d'ailleurs l'âge de Juste pour rire, 27 ans. Il a connu en deux ans une ascension fulgurante, passant de YouTube, où ses clips ont été téléchargés 30 millions de fois, à des projets hollywoodiens, en passant par des dizaines de spectacles au Canada et aux États-Unis. «Il ne faut jamais que j'y pense, avouait-il quelques heures avant de monter sur scène à Chicago hier. Ça s'est fait naturellement. Si j'y pense je prends peur, je capote. Alors je me concentre et je travaille.»

 

Bientôt à la télé?

Il y a de quoi. Jonathan Lajoie tournera bientôt le pilote d'une télésérie des producteurs de Curb Your Enthousiasm et Seinfeld, pour laquelle il n'a même pas eu à passer une audition. Et il a commencé l'écriture d'une comédie musicale à laquelle s'intéressent déjà des grands studios.

 

«C'est l'histoire d'un type un peu innocent, à la Forrest Gump, raconte-t-il. Il y a une chanson sur le divorce et une autre sur la découverte de la sexualité», raconte celui dont l'un des succès planétaires, jusqu'en Allemagne, messieurs dames, est Show Me Your Genitals.

 

Pourtant, l'humoriste se dit toujours en apprentissage, le stand-up étant une «bête» particulièrement difficile à monter.

 

«Quand j'entre en scène, dit-il, je me rassure en me disant que mon spectacle est bon et que ce n'est pas grave si le public ne rit pas.»

 

Il avoue néanmoins que certains spectacles sont plus difficiles que d'autres. À Las Vegas, par exemple, il a vécu quelques frissons. «Les gens venaient tout juste de voir un autre numéro de stand-up et voilà que j'arrive avec mon humour absurde et cru. Les gens sortaient de la salle, mais je m'y attendais.»

 

Ailleurs, comme à San Francisco, les gens rient exactement au bon moment, mais rien ne bat Montréal et l'ouverture d'esprit de son public. «Aux États-Unis, il y a certaines villes où c'est la Bible qui règne. Alors mes fans se réjouissent juste du simple fait de m'entendre dire fuck.»

 

Ils rient déjà d'Austin à Minneapolis et de la Floride à Chicago. Une tournée européenne est même en préparation.

 

Lits superposés

Mais il ne faut pas y penser répète-t-il. Une nouvelle recrue dans son équipe de tournée l'aide d'ailleurs à garder les pieds sur terre, son frère aîné. «J'aime autant avoir à mes côtés celui qui dormait en haut dans notre lit superposé à Saint-Hubert qu'un parfait étranger», note-t-il.

 

Jonathan Lajoie, fils d'un père francophone et d'une mère anglophone, vient d'une famille de huit frères et soeurs. «Quand je retourne à la maison, je reviens sur Terre, confie-t-il. Ils me demandent comment vont les choses à Los Angeles et on passe à autre chose. On fait le tour de la table.»

 

Le Québec, il l'a dans les oreilles aussi quand il fait son jogging à L.A.: Malajube, Karkwa, Wolf Parade et Arcade Fire. Il reviendra à Montréal en septembre présenter son mélange de stand-up, clips et chansons, mais aussi pour laver un peu de linge sale en famille, angle Gaétan-Boucher et Maricourt, à Saint-Hubert.

 

Sur le web Le site officiel de Jonathan Lajoie: www.jonlajoie.com