Le très actif Émile Bilodeau est de retour avec Au bar des espoirs, cinquième album intime, mais tourné vers les autres, qui célèbre l’amour et les relations humaines. Nous en avons fait le tour avec l’auteur-compositeur-interprète de 27 ans qui croit que pour changer le monde, il faut profiter de la vie.

L’espoir

Il y a quelque chose de quasi impudique dans ce nouvel album d’Émile Bilodeau, qui parle crûment de choses très intimes, en particulier de peines d’amour dont on ne doute pas une seconde qu’il les a vécues. « On a tous des failles, explique-t-il. Quand j’écris une chanson, j’ose croire que les gens peuvent se reconnaître dedans. Les artistes qui mettent en mots les peines qu’on vit, quand on entend leur musique, on se sent moins tout seul. » S’il a intitulé son album Au bar des espoirs, c’est qu’il a voulu traverser la mince ligne entre le désespoir et « des espoirs ». Garder espoir même si la planète va mal, « malgré qu’on en voit pas le boutte ». Mais aussi « l’espoir dans les relations, les amitiés, les amours, la famille ». « C’est ça que je dis dans L’amour au temps de la fin des temps : ce qui va rester, c’est toujours l’amour. Et il y en a beaucoup sur cet album. »

Extrait de L’amour au temps de la fin des temps

0:00
 
0:00
 

L’ambiance

À la réalisation, Émile Bilodeau a travaillé avec l’auteur-compositeur-interprète touche-à-tout de Québec Simon Kearney. Il aime comment il a su créer des ambiances et faire ressortir les bonnes émotions pour chaque chanson. « Par exemple dans Malentendu, à la fin quand je dis que je ne pourrai plus chanter, tout à coup il y a une trompette très mélancolique… » Simon Kearney lui a emmené profondeur et couleur, en particulier en lui faisant faire des back vocals et en intégrant une chorale. « C’est ça qui me souffle le plus, l’aspect vocal que je n’avais jamais vraiment exploré. »

Extrait de Malentendu

0:00
 
0:00
 

L’engagement

On le sait, Émile Bilodeau est un citoyen et artiste engagé qui s’implique activement dans la société et prend position sur de nombreux enjeux. Cela se reflète dans ses chansons, mais moins dans ce nouvel album, comme s’il avait un peu baissé le ton. « Les gens avaient besoin de retrouver un gars qui n’est pas juste un robot militant. » On y trouve ainsi un certain optimisme et de la légèreté – dans Les Daisy, il se demande même avec ses amis qui a été éliminé à Occupation double. « Pour protéger la vie, il faut prendre le temps de la vivre, de bien setter ses relations. On peut s’engager en ayant du fun pareil. » Mais si on regarde bien chanson par chanson, ajoute-t-il, son engagement se profile partout. « Je parle des gens qui ont de la misère à arriver, de la guerre, de la société de performance ou des chroniqueurs qui écrivent pour semer la controverse. »

Extrait de Les Daisy

0:00
 
0:00
 

La tempête

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Émile Bilodeau

L’artiste n’a jamais eu peur que son militantisme prenne le dessus sur la musique. « Pantoute. Pour moi ça va tellement de pair. Mais là, je suis rendu plus loin, plus nuancé. Mes propos sont ciblés, alors ça heurte. Ça fait que des gens disent : “Lui, je l’aime pas parce qu’il joue pas dans mon équipe.” » C’est ce qu’il a vécu cette année, lorsque le Parti québécois a remis en question son rôle d’animateur lors du spectacle de la fête nationale à Québec. La tempête a été puissante, mais il en ressort « plus fort » et n’a aucun regret. « Quelle fierté de montrer aux jeunes qui s’intéressent à la politique qu’il y a un contrepoids. » Émile Bilodeau sait qu’il est devenu un symbole que les gens aiment (ou non !) écouter et « brasser la patente ». Mais quand il regarde les militants qui s’investissent à temps plein pour une cause, il voit surtout que son engagement est « minime » par rapport au leur. « J’écoute beaucoup. Je n’ai jamais dit que je connaissais tout. Je sais par contre qu’on a un problème… pis qu’on pourrait s’en parler longtemps ! »

Les rencontres

Entre une manif à Rouyn-Noranda avec les Mères au front, une fructueuse tournée en France – « On a fait 50 heures de route en deux semaines et demie ! » – et son séjour annuel à Maliotenam sur la Côte-Nord, quel est le fil ? « Le désir de vivre et de voir des choses. J’ai fait d’innombrables rencontres depuis deux ans, que ce soit à cause de mon militantisme, ou dans les communautés autochtones, ou dans un bar après un show. » Émile Bilodeau aime le monde et il a beau avoir fait un album plus introspectif, il continue de nous raconter des histoires, que ce soit celles de Jacynthe et Réjean dans Au bar des espoirs, celles d’un groupe d’amis dans Les Daisy ou celles d’un couple de classes sociales différentes dans Pas si différents.

Extrait d’Au bar des espoirs

0:00
 
0:00
 

La créativité

Émile Bilodeau a fait ses premières apparitions publiques au Festival de la chanson de Saint-Ambroise, il y a 10 ans. « Sur la vidéo YouTube de l’audition, la calotte par en arrière, tu vois vraiment que c’est encore à l’étape du projet ! »

Voyez l’audition d’Émile Bilodeau

Trois ans plus tard, il sortait le premier album qui l’a propulsé, Rites de passage, et il en est aujourd’hui à son cinquième. Une productivité impressionnante… mais pas pour lui, qui estime que c’est un rythme bien normal. Surtout qu’il ne se sent jamais aussi bien que lorsqu’il façonne des chansons. La pulsion de l’idée de départ, la direction à donner, un couplet à bouger, un refrain à changer : tout l’aspect « administratif » de la composition le stimule. « C’est quelque chose que je trouve apaisant, qui me permet de faire un avec ma créativité. C’est vraiment quand j’écris des chansons que je me sens complet. Je suis content d’être un fabriqueux de tounes ! »

La suite

Extrait de Fleuve

0:00
 
0:00
 

Dans la chanson Fleuve, Émile Bilodeau parle de son amour du territoire, mais aussi de ses envies de voyager loin et longtemps. On le sent déchiré quand on aborde le sujet, entre son aspiration d’avoir « une bonne connaissance de l’humanité » et ses liens avec sa famille et ses amis qui le retiennent. « Et le hockey aussi. Faut que je joue, sinon je vais virer fou ! » De toute façon, avec la tournée qui commence, il lui serait difficile de partir. « J’ai hâte de retourner sur la route. Ça fait sept ans que je tourne avec les mêmes musiciens, on a du fun. J’ai envie que ça continue et j’ai pas fini de faire des albums. J’espère que je ne me ferai pas canceller avec celui-là ! » Il rit fort. « Ben non, c’est une joke, tout va bien. »

Lisez notre critique de l’album Au bar des espoirs
Au bar des espoirs

Folk-pop

Au bar des espoirs

Émile Bilodeau

Bravo Musique