Aliocha Schneider, l’acteur, a été bien occupé ces dernières années par des tournages de films et de séries télé. Mais l’acteur est aussi musicien et celui-ci a eu besoin de créer durant cette période. Ainsi arrive ce vendredi l’album d’Aliocha Schneider qui porte son nom, son premier écrit principalement en français. Rencontre avec l’artiste, en dix questions.

Raconte-moi la genèse de cet album que tu as écrit pour la première fois en français, à l’exception d’une chanson.

C’est arrivé en plusieurs étapes. J’ai sorti mon deuxième album en plein confinement, ma tournée a été annulée et pour faire vivre un peu ce disque quand même, j’ai décidé de traduire une de mes chansons, Forget My Blues, qui est devenue C’est tout, c’est rien. Ça a été ma première chanson en français. Je voulais le faire depuis longtemps, mais je ne pensais pas que j’en étais capable. Ça a aussi été le début de ma collaboration avec [le réalisateur] Marc-André Gilbert. J’ai ensuite eu envie de faire un disque en français avec lui.

Tes deux albums précédents étaient en anglais. Est-ce que tu as senti une grande différence dans la façon de créer, dans ton approche de l’écriture ?

C’est de plus en plus facile, parce que je me connais de mieux en mieux là-dedans, mais ça reste toujours beaucoup plus difficile qu’en anglais pour moi de bien faire sonner les mots. J’ai appris que ce qui me convenait le mieux, c’était les mots simples. […] Souvent, mes premières idées, je fais du yaourt, je dis n’importe quoi et ce sont souvent des mots en anglais. Ensuite, je vais utiliser les sonorités qui m’ont plu en anglais et trouver des mots qui sonnent un peu pareil en français.

Dans quel contexte t’es-tu mis à l’écriture de ces chansons ?

Je suis parti en tournage en Grèce pour deux projets différents. J’ai tourné le film Music, de la réalisatrice Angela Schanelec. Ça a été mon premier voyage, pendant deux mois, durant lequel plusieurs chansons sont nées là-bas. Je suis rentré à Montréal et on a travaillé sur ces ébauches. Un thème s’est dessiné parce que je savais déjà que je repartais pour six mois en Grèce [pour le tournage de la série Salade grecque, de Cédric Klapisch], que j’allais être loin de ma blonde et des gens que j’aime. J’avais senti l’énergie de la Grèce, j’avais hâte d’y retourner, mais je redoutais un peu ce que ça représentait pour ma relation, de partir si longtemps. J’étais très habité par ça et ça s’est ressenti dans les compositions.

Est-ce que l’écriture a été un canalisateur de toutes ces émotions, pendant ces mois en Grèce, loin de ta vie ?

Ça m’a beaucoup aidé à calmer mes angoisses et mes questionnements. Je ne prétends pas avoir trouvé de réponses, mais mes chansons ont été un moyen d’extérioriser tout ça. Ça a fait du bien. C’est le thème principal, les chansons phares sont là-dessus.

Comment conjugues-tu ce quotidien d’acteur à celui de musicien ? Est-ce que l’une et l’autre partie de toi cohabitent bien et se nourrissent même parfois ?

Oui, tout à fait. Ça me fait du bien d’avoir les deux, parce que j’ai l’impression, dans l’un comme dans l’autre, de perdre le côté passion, quand ça devient la seule chose que tu fais et que ça devient juste un travail. Quand je suis en Grèce en tournage et que j’ai une heure libre en rentrant chez moi, je prends ma guitare et je fais de la musique. À ce moment-là, elle reprend la place qu’elle avait quand j’étais ado. Ça me permet de retourner en moi-même.

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Sur le plan des sonorités de cet album, quelle direction as-tu voulu prendre ?

On s’est arrêtés sur la guitare, qu’on a voulu très sèche. Je me suis fait le cadeau d’une vieille Martin de 1949 qu’on a utilisée sur l’album sans mettre [d’effet]. Avec ma voix, on voulait que ce soit très chaleureux. On voulait sentir la Grèce, sentir le fait que cet album est une photo de cette période de ma vie. On a fait un énorme travail avec les harmonies. On voulait utiliser les voix presque comme des violons, que ça soit comme un chœur. Tout ça a vraiment formé l’identité de l’album.

Quel a été l’apport de Marc-André Gilbert dans ton processus créatif ?

Il m’a énormément poussé. Si je suis paresseux, que j’ai l’impression qu’on a fait ce qu’il fallait sur une chanson, mais qu’il sent qu’il manque un truc, il va me pousser dans mes retranchements et ça a vraiment amené le projet plus loin. J’avais aussi peur de la coécriture, je la refusais en me disant que j’avais fait 100 % de l’écriture pour les deux premiers albums. Mais en fait, ça m’a vraiment fait aller plus loin, parce qu’il me poussait à aller plus loin en moi-même.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Aliocha Schneider

Ton amoureuse, Charlotte [Cardin], a un crédit de coécriture sur la chanson L’océan des amoureux. On l’entend aussi sur plusieurs morceaux, où elle fait des harmonies. Parle-moi de cette collaboration.

Elle a réussi à trouver la bonne formulation pour une phrase sur L’océan des amoureux. Sa présence sur l’album n’est pas une collaboration officielle. Mais on vit ensemble et elle était en studio parfois pour chanter. Je ne voulais pas que Charlotte Cardin chante sur mon disque, je voulais que ma blonde chante sur mon disque. On entend aussi des amis à moi de Grèce. Je voulais que ces gens qui font partie de ma vie chantent sur l’album.

Une chanson, Mexico, la dernière du disque, est en anglais. Pourquoi avoir décidé de l’inclure sur ce disque ?

Cette chanson est arrivée de façon spéciale. Je l’avais écrite avant même le deuxième album, elle est beaucoup plus vieille, c’est pour ça qu’elle est en anglais. Marc-André m’a montré un air un peu bossa nova sur lequel il travaillait et ça m’a fait penser à cette chanson. Elle avait ce même côté un peu insulaire que les autres morceaux.

Comment te sens-tu, quelques jours avant de présenter ce troisième album ?

J’ai hâte et je suis curieux de voir comment ce sera reçu. Ce n’est plus entre mes mains, je ne peux que croiser les doigts, j’espère que ça rejoindra les gens. Mais avec la sortie des singles, j’ai déjà l’impression que, peut-être à cause du français, la réception est déjà meilleure que l’expérience que j’ai eue avec les premiers albums.

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