Avant de renouer avec le répertoire de Renée Martel et de promener un spectacle de Noël, Paul Daraîche s’arrête au Casino de Montréal pour rendre hommage à la reine québécoise du western : sa sœur Julie.

Il vient à peine de s’asseoir dans le café de Terrebonne où on a rendez-vous que Paul Daraîche prend un appel. Il règle l’affaire en quelques mots – « J’en reçois tout le temps, des demandes comme ça », dit-il – avant d’expliquer qu’il est en entrevue et de raccrocher. « Je ne suis pas un chanteur de mariage, lance-t-il ensuite en échappant un rire, je suis un chanteur de funérailles ! »

Le vieux cowboy n’est pas insulté pour une miette qu’on l’appelle si souvent pour souligner le départ d’un être cher. Il sait que certaines de ses chansons comme À ma mère et Jusqu’à l’autre bout du monde passent bien dans ces circonstances et il mesure très bien l’importance du moment. Et il accepte quand ça lui est possible. Le plus souvent en envoyant une vidéo où il interprète la chanson demandée.

Extrait de Je pars à l’autre bout du monde, de Paul Daraîche

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Le deuil, Paul Daraîche connaît ça : ces dernières années, il a perdu deux frères (l’un des deux est même mort le lendemain des funérailles de l’autre…), sa grande amie Renée Martel et sa sœur Julie Daraîche.

Il rend d’ailleurs hommage à ces deux femmes dans des spectacles qu’il promène encore cet automne : Paul et invités, contre vents et marées et Julie Daraîche – Dynastie Country.

Rendre hommage à sa sœur était « très important », dit-il. « Ma sœur était la queen du western », dit-il, en faisant une distinction entre cette racine de la musique country et ses déclinaisons plus folk, plus rock ou plus pop. « Et Julie a été la plus grande vendeuse de disques au Québec. Le public country la connaît, mais pas le grand public. Je voulais lui redonner ses lettres de noblesse. »

Une affaire de famille

La musique est de toute manière une affaire de famille chez les Daraîche : trois des quatre enfants de Paul – Dany, Katia et Émilie – sont aussi chanteurs et musiciens. « C’est le fun, parce qu’on est toujours ensemble, dit-il. Sinon, on serait toujours séparés parce que je ne suis jamais là. »

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Paul Daraîche et sa fille Émilie, qui fait aussi de la musique

« Je l’ai vécu avec mon premier mariage », poursuit l’artiste, qui a contribué à des dizaines d’albums country depuis plus de 50 ans, de Marcel Martel à sa fille Renée en passant par Paul Brunelle et Lévis Boulianne.

Je l’ai vécu avec mon premier mariage et ça a crashé à cause de ça, parce que je ne suis jamais à la maison. Quand je me suis remarié, je me suis dit que j’allais emmener mes enfants avec moi. Ils me suivent depuis leur naissance.

Paul Daraîche

Pendant des décennies, Paul Daraîche a écumé les festivals country de la province. Jusqu’à ce que Mario Pelchat lui fasse enregistrer un album de duos intitulés Mes amours, mes amis (2012), qui a connu un grand succès. « À mon grand bonheur, je suis passé dans le circuit des salles, dit-il. Maintenant, je chante devant du monde sobre qui m’écoute. Ce n’est pas pareil pantoute ! »

Et il en profite : cet automne, en plus des spectacles en hommage à sa sœur Julie et à Renée Martel qu’il aimait comme une sœur, il présentera aussi à compter du 24 novembre Noël, une tradition en chanson, spectacle auquel participent entre autres Marie Carmen et Marie Denise Pelletier. Trois spectacles, avec trois groupes d’interprètes différents, ce n’est pas une mince affaire. « C’est l’enfer, confirme Paul Daraîche, mais j’aime ça ! »

Julie Daraîche-Dynastie Country, jeudi, 20 h, au Cabaret du Casino de Montréal et le 14 octobre au Théâtre Capitole de Québec

Consultez le site de Paul Daraîche Consultez le site du spectacle Noël, une tradition en chanson

Un deuxième disque pour Émilie Daraîche

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Émilie Daraîche.

Comme ses frères et sa sœur, Émilie Daraîche a suivi son père sur la route pendant toute son enfance. Sans rêver de monter sur scène. « Je ne voulais pas chanter, dit-elle, j’étais trop gênée. » Elle a fini par briser la glace vers 16 ans, en chantant en duo avec son père pour une émission de télévision. Elle chante depuis ce temps-là. Avec son père, mais aussi en solo puisqu’elle a deux albums à son nom, dont le plus récent, Ailleurs, est paru à la fin de l’été. « Je ne suis pas country comme la famille, précise la jeune femme qui rêvait d’être policière. Je voulais aller vers ce que j’aime écouter, j’ai choisi les instruments pour avoir ma couleur à moi. » Ses chansons à elle sont plus folk, parfois teintées de blues, de pop, et presque toujours dans la délicatesse. « C’est très ballade », convient la chanteuse, dont la voix est capable d’être fraîche et gracile ou très ronde. La chanteuse admet faire écouter ses chansons à son père, quand elle fait un disque. On comprend toutefois que ce n’est pas nécessairement pour avoir son avis. En tout cas, pas pour le suivre. « Je veux savoir ce qu’il en pense, c’est sûr, mais mon idée était vraiment claire pour ce disque-là. »