Veux-tu rentrer dans ma bubble, de Lisa LeBlanc
Plus qu’une « disco queen », Lisa LeBlanc est la reine de l’année musicale. Non seulement elle a inventé un style qu’on croyait improbable, le « chiac disco » – le titre de l’album –, mais aussi elle nous a entraînés dans sa « bubble » dans la bonne humeur et le plaisir, sans rien sacrifier à la finesse de l’enrobage. Le sens du jeu de Lisa LeBlanc n’a d’égal que son groove, et son mélange de paillettes et de gossip de Tim Hortons nous aura réjouis toute l’année.
Nina, de Jean-Michel Blais
Avec aubades, lancé au début de l’année, le pianiste et compositeur québécois a franchement réussi son passage du solo à l’orchestration. À travers la richesse des textures et la douceur des mélodies, Jean-Michel Blais a surtout su insuffler à son troisième album un remuant mélange d’exaltation et d’émotion brute – l’enlevante nina en est un bon exemple – dont l’effet bénéfique et enveloppant se renouvelle d’écoute en écoute.
Joie, de Daniel Bélanger
Chaque instant de Mercure en mai, 10e album de Daniel Bélanger, est le reflet d’un esprit libre. Dans ce qui ressemble déjà à un nouveau classique, on marche dans la ville avec l’auteur-compositeur-interprète en se laissant porter par ses lignes de basses, son groove et ses mélodies. Et une Joie soudaine nous traverse à chaque détour, que ce soit dans une inflexion de voix, la poésie lumineuse d’une phrase ou une finale aérienne. Du grand art.
Quelque chose de beau, de Catherine Durand
Discrète orfèvre de la chanson depuis 25 ans, Catherine Durand a songé à tout abandonner il y a quelques années. Ce qui aurait été vraiment dommage vu la profondeur de La maison orpheline, album aux arrangements orchestraux somptueux qui viennent envelopper sa voix à fleur de peau. Un album de renaissance qui n’a pas peur de regarder la douleur en face, mais dont il émane quelque chose de beau et qui fait du bien.
Neige, de Gab Bouchard
Fougue rock, poésie directe, sensibilité à tous vents : même si sa voix est un brin plus contenue que sur son premier album, l’intensité de Gab Bouchard n’a pas baissé d’un cran sur ce deuxième album qui fait autant de bruit qu’il fait pleurer. Grafignes est tellement poignant par moments qu’il nous tord un peu l’estomac – difficile de résister à la douce douleur de Neige, par exemple – et est porté par un auteur-compositeur-interprète qu’on n’a (heureusement) pas fini de voir et d’entendre.
Nos belles chansons, de Matiu
En innu, Tipatshimushtunan signifie « Racontez-nous ». Un titre d’album qui sied très bien à Matiu, formidable raconteur qui nous ouvre une fenêtre sur les hauts et les bas de la vie dans la réserve de Maliotenam, près de Sept-Îles. En français et en innu, les neuf chansons de cet irrésistible deuxième album avancent à un rythme trépidant, et nomment le beau autant que le tragique avec une rare vérité. Une voix essentielle qui mérite d’être entendue à très grande échelle.
Miss Blumenfeld, de Claudia Bouvette
Sorte de petite cousine québécoise d’Olivia Rodrigo, Claudia Bouvette a lancé cette année un premier album qui a du chien, The Paradise Club, qu’elle a entièrement coréalisé avec le brillant Connor Seidel (Matt Holubowski, Charlotte Cardin). À travers ses chansons écrites majoritairement en anglais s’en glissent quelques-unes en français, et le vague à l’âme de cette Miss Blumenfeld montre à quel point la douée autrice-compositrice-interprète sait saisir l’air du temps tout en le mettant à sa main.
Nelly, de Pomme
Le bien nommé troisième album de la Française Claire Pommet, Consolation, est traversé par la douceur et la beauté. Chaque chanson arrive comme un baume tout en donnant envie de pleurer, ce qui est une des grandes forces de Pomme. Son hommage à la regrettée Nelly Arcan, transcendant de puissance et de sensibilité, en est le meilleur exemple. Avec cette voix au timbre si pur et ses mélodies qui bercent, Pomme nous a littéralement pris dans ses bras cette année, et elle nous a fait un bien fou.