C'est LE roman phénomène de la rentrée en France, et ce, même si c'est une Belge qui l'a écrit. La vraie vie aurait pu être un conte cruel pour enfants, car dans cette histoire de famille dysfonctionnelle, la figure du père ressemble à l'ogre du Petit Poucet: il terrorise sa maisonnée. Et comme dans le conte de Perrault, une enfant, la narratrice, tente de déjouer l'horrible personnage pour sauver les siens.

Âgée de 10 ans au début du roman qui se déroule sur une période de cinq ans, la petite fille vit avec sa mère - amorphe, impuissante et victime de son mari - ainsi qu'avec son petit frère, qui subit négativement l'influence du paternel et qui a été traumatisé par un accident dont il a été témoin. Seule consolation pour la jeune fille: son chien Dovka, qui ne lâche pas ses semelles un instant.

Dans la maison familiale où les moments de bonheur sont inexistants, une pièce est réservée aux cadavres empaillés des animaux tués par le père. Ce dernier règne sur sa famille comme un dictateur et invente des jeux pervers et cruels pour les tenir dans la peur. Brillante et déterminée, la narratrice tente de s'échapper de ce vase clos physiquement, mais aussi intellectuellement, par l'entremise des connaissances et de l'éducation auprès d'un professeur de physique bienveillant. Elle paiera toutefois cher son désir de liberté.

On lit La vraie vie le corps crispé et avec une boule dans le ventre, redoutant les coups et la fin qui se dessine, terrible.

Il s'agit d'un premier roman pour l'auteure de 36 ans, qui en a vendu 100 000 exemplaires en l'espace de deux mois. Elle a remporté le prix de la Fnac et est finaliste pour le Renaudot et le Goncourt.

Il faut dire qu'Adeline Dieudonné maîtrise très bien l'art du récit tendance thriller - étouffant et angoissant à souhait - et qu'elle a une imagination foisonnante, peuplée d'animaux magiques mystérieux, d'atmosphères glauques et de personnages menaçants. Un roman très réussi.

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La vraie vie. Adeline Dieudonné. L'iconoclaste.