Lisbeth Salander est en prison, conséquence de ses méthodes peu orthodoxes, bien que chevaleresques à sa manière, pour défendre la veuve et l'orphelin, comme on a pu le constater dans l'épisode précédent de la série créée par Stieg Larsson, mais reprise avec talent par David Lagercrantz.

En taule, Benito, une chef de gang, fait régner la terreur. Elle s'en prend en particulier à Faria Kazi, jeune Bengalie reconnue coupable de fratricide. Salander en veut au directeur de la prison, qui laisse aller les choses, et se promet bien de réparer cette injustice.

Elle reçoit aussi la visite surprise de Holger Palmgren, son ancien tuteur, aujourd'hui cloué dans un fauteuil roulant à la suite d'un AVC. Tous deux se sont toujours respectés. Il a eu vent d'éléments inquiétants relatifs au passé de son ancienne protégée, victime de violence familiale et institutionnelle.

Lisbeth parvient à trouver quelques pièces du puzzle et demande au journaliste de Millénium Mikael Blomkvist de l'aider. Ce dernier tombe vite sur une vieille organisation secrète qui faisait des expériences sur la gémellité dans le but de créer la vraie race suédoise.

Lisbeth est la jumelle de Camilla, sa grande ennemie de Millénium 4. Juste avant sa libération, Lisbeth règle son compte à Benito, puis part à la recherche de la vérité derrière le meurtre commis par Faria Kazi, tandis que Blomkvist rend visite à Palmgren, qui meurt dans ses bras d'une surdose assassine.

La suite des choses ira en s'accélérant et en se compliquant, bien entendu.

Pour ce cinquième épisode de la série, Lagercrantz mène en parallèle deux intrigues assez peu liées, si ce n'est qu'elles sont avant tout concurrentes. L'action court sur deux semaines à peine, même si de nombreux renvois à des événements qui se sont déroulés 18 mois plus tôt éclairent le lecteur au fur et à mesure que se déploient les deux intrigues. Le rythme est enlevant et les scènes sont assez courtes, comme dans les épisodes précédents. Cette fois-ci, toutefois, la violence est un peu moins explicite, bien que très présente.

Lagercrantz sait très bien incorporer des éléments scientifiques et historiques polémiques, comme la place de l'acquis et de l'inné dans la formation d'une personnalité, à des éléments d'actualité comme les Panama Papers ou les changements climatiques. Il fait très chaud en cette fin de juin 2016.

Son découpage habile permet de camoufler quelques grosses ficelles comme on en rencontre en général dans ce genre de romans. En revanche, Lagercrantz s'éparpille moins que Larsson, le créateur de la série, dont les épisodes, en particulier les deuxième et troisième, auraient gagné à être émondés.

L'effet de nouveauté a évidemment disparu avec ce cinquième épisode. Toutefois, Lagercrantz, qui s'est engagé à livrer un sixième Millénium, a su préserver l'ingrédient original intrinsèque de la série: la complémentarité des méthodes d'enquête des policiers, des journalistes et des pirates qui, isolément, ne suffisent pas.

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Millénium 5  La fille qui rendait coup pour coup. David Lagercrantz. Actes Sud. 399 pages.