Après le très délicat recueil de nouvelles Je n'ai jamais parlé de toi, ici, Morgan Le Thiec montre avec Les questions orphelines qu'elle a un vrai talent pour saisir l'intime.

En racontant l'histoire de Billy, revenu à Montréal auprès de son père mourant et confronté à ses souvenirs d'enfance - la disparition de sa mère alors qu'il avait 10 ans, la fuite en avant de son père -, elle prouve qu'elle sait saisir avec perspicacité la complexité des sentiments humains, les silences et les non-dits.

Faisant passer habilement Billy d'un présent mou à un passé flou, elle montre aussi que la mémoire est sélective et joue parfois bien des tours.

Un roman mélancolique et légèrement dépressif écrit avec une poésie certaine et beaucoup de doigté, mais on peut lui reprocher un ton un peu psychologisant - surtout vers la fin - et un côté lancinant.

Même si Billy s'apitoie un peu trop sur son sort, sa quête nous touche pourtant, parce que sincère et sans artifices, et parce que, comme lui, on a envie d'en savoir plus sur cette mère disparue. Et surtout, parce qu'on sait tous que les blessures d'enfance sont souvent les plus longues à guérir.

* * *

Les questions orphelines. Morgan Le Thiec. Pleine lune. 196 pages.